Dans un entretien avec l’AFP, Didier Drogba évoque son avenir en dehors des terrains. Si la star du football ivoirien entend s’engager davantage dans l’humanitaire, il exclut, pour l’heure, de suivre le même chemin politique que son ami George Weah.
Alors qu’il achève tranquillement sa carrière aux États-Unis sous les couleurs de Phoenix (2e division), Didier Drogba parle enfin de son avenir. Et, contrairement à son ami et illustre collègue George Weah, élu président du Liberia, la star ivoirienne de 39 ans n’est pas disposé à se lancer en politique. « Ce n’est pas dans mes ambitions à la base. George avait cette ambition depuis des années. Aujourd’hui ce n’est pas mon cas », a assuré le footballeur dans un entretien à l’AFP.
Pour autant, Didier Drogba ne délaisse pas son pays. La fondation qui porte son nom, fortement impliquée dans l’éducation, inaugure cette semaine une école dans la région de Guibéroua (sud-ouest) pour aider à promouvoir l’éducation dans les communautés cacaoyères en Côte d’Ivoire.
Cette école de six salles de classe, dotée d’une cantine scolaire, de latrines, d’un terrain de football et de trois maisons d’enseignants contribuera « aux performances physiques, sociales et académiques des enfants du village de Pokou-Kouamekro », selon le géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé et l’Initiative internationale pour le cacao (ICI), qui appuient ce projet.
« Éducation » = « stabilité »
« Le meilleur moyen d’avoir un impact sur l’avenir d’un peuple, c’est de l’éduquer. Grâce à l’éducation, on évite pas mal de problèmes socio-ethniques. On apprend la tolérance et cela évite des guerres » estime l’ancien capitaine de la Côte d’Ivoire, pays qui a été troublé par 10 années de crises politico-militaires. « L’éducation permet une stabilité politique, économique », ajoute-t-il.
La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. Vital pour le pays, ce secteur représente 15 % du PIB, plus de 50 % des recettes d’exportation et surtout les deux tiers des emplois et des revenus de la population, selon la Banque mondiale.
Mais ces chiffres sont assombris par une réalité peu glorieuse : entre 300 000 et un million d’enfants travaillent dans la filière du cacao ivoirien, selon un rapport de l’ICI, une organisation créée par Nestlé. Le partenariat (Fondation Didier Drogba, Nestlé et ICI) va permettre de scolariser 350 enfants dans leur région, réduisant ainsi le risque qu’ils travaillent dans les exploitations cacaoyères.
« Je dis aux jeunes qui veulent devenir Didier Drogba, Samuel Eto’o, Yaya Touré : l’éducation, c’est très important, c’est ce qui va vous permettre d’avoir une belle carrière. C’est la raison pour laquelle je me suis lancé dans ce défi de construire des écoles, dont celle de Pokou-Kouamekro », assure Drogba.
« Malaise » dans le foot ivoirien
Le joueur garde toutefois un œil sur le football de son pays. Alors que certains demandent la démission du président de la fédération de foot après la non-qualification de la Côte d’Ivoire au Mondial-2018, Didier Drogba évoque, lui, une crise plus large. « C’est une crise déplorable qui ne serait pas arrivée si on n’avait pas eu cet échec et surtout si le championnat ivoirien se portait bien. Il y a un mécontentement, il y a un vrai malaise, il faut en parler. Il faut le régler, il faut que tout soit fait dans le respect et que le football ivoirien ressorte grandi de cette crise », estime-t-il, alors que les stades qui étaient remplis dans les années 1990 sont désormais déserts.
« Cette crise que traverse le football ivoirien n’est pas une mauvaise chose, dans la mesure où elle permet de poser des questions sur l’avenir du football ivoirien », estime-t-il. « Je suis loin mais je regarde ce qui se passe en Côte d’ivoire et ce qui se passe aujourd’hui me touche », ajoute-t-il, soulignant ne pas avoir « d’ambition » alors que son nom est sur toutes les lèvres quand on parle de la fédération…
« Aujourd’hui je me consacre à mon club, j’ai encore une saison avec pour objectif de l’envoyer en MLS (élite) » assure la star qui devrait à terme intégrer l’encadrement du club.
Avec AFP