Dans cet entretien que cet expert aéronautique, sous le couvert de l’anonymat, il ressort des révélations terribles qui interpellent et le Sénégal et les Sénégalais. Notre aéroport serait en passe d’être pris en otage par Air France qui, à travers manipulations et subterfuges, est parvenue à sceller une joint-venture avec SHS.
Objectif premier : mettre la main sur l’essentiel des retombées économiques que génèrent nos transports aériens. Et c’est la mort dans l’âme qu’il accepte de se confier, dit-il, « pour dénoncer cette injustice doublée d’illégalité perpétrée depuis plusieurs mois par une société étrangère dans nos aéroports ».
Si l’essentiel des pays d’Afrique ont su mettre à leur profit l’économie liée à ce transport aérien, l’on s’étonne de remarquer que celle du Sénégal risque d’être sous le contrôle presque exclusif de la France. « Les Sénégalais ne le savent peut-être pas. Là et maintenant Air France a fini de sceller une union avec SHS afin d’avoir la mainmise sur ce pan de l’économie du pays oh combien essentiel.
Au-delà de ce gain qui passera, si échéant, par dessus la main des sociétés Sénégalaises, il y a, regrette-t-il, la question de notre sécurité nationale qui est en jeu. En Europe ou en Amérique, tenez-vous bien, il est impensable que de tels scenarii se posent. Le contrôle de l’aéroport doit appartenir exclusivement au pays concerné et le Sénégal court vers sa perte dans ce domaine précis».
Entre illégalité, injustice, insécurité…Nous peinons à désigner le mal qui tuera le « mieux » nos aéroports. Mais en fait, ne s’agit-il pas de déterminer la nature de la supercherie, elle-même.
Ce qui est en train de se passer
Malgré les multiples alertes, Air France et SHS continuent leur petit bonhomme de chemin. Les deux sociétés appuient sur l’accélérateur s’enfonçant, volontairement, dans l’illégalité. Acceptant de répondre à nos questions, l’expert en question confie qu’Air France et SHS, obnubilées par les gains liés à la maintenance en ligne inventent toutes les formes d’union possibles pour exister.
C’est le cas de cet accord qu’elles ont paraphé et par lequel le groupe franco-néerlandais acquerrait 49% des parts de SHS Technics. Or, explique l’expert, « l’accord annule tout agrément précédemment acquis du fait qu’il reste bien établi que les licences d’exploitation dont dispose SHS (pour l’assistance en escale) et Air France (pour l’auto-assistance), ne sont ni cessibles, ni transférables…SHS ne disposant pas des agréments requis pour faire de la maintenance en ligne. Egalement, ajoute-t-il, les textes réglementaires européens régissant l’activité de maintenance en ligne sont formels en ce sens que l’agrément européen EASA PART 145 dont dispose Air France n’est pas cessible, ni transférable ».
Par conséquent, la situation s’est davantage compliquée pour Air France qui, ne disposant point d’autorisation d’auto-assistance au niveau de l’AIBD, fait perdre à SHS son temps et son énergie du fait que cette dernière ne disposait, elle-même, que de la possibilité de faire des prestations d’assistance des compagnies aériennes en escale. Néanmoins, soucieuse de trouver une planque à ces employés au niveau du nouvel aéroport de Dakar, la société hexagonale ne manque pas d’astuces. Ironie du sort, selon notre consultant, « c’est sous l’impulsion d’AHS, seule société Sénégalaise à détenir tous les autorisations et les agréments requis pour faire de la maintenance en ligne (RAS 05, EASA PART 145), que les Autorités de tutelle ont décidé de faire appliquer ces textes réglementaires ». Si les textes sont clairs, la réalité du terrain reste tout autre.
Pourquoi la joint-venture est illégale…dans le détail
Les choses sont claires ; la joint-venture signée qui lie Air France et SHS souffre d’une anomalie grave. D’ailleurs, c’est partenariat qui ne devrait, sous aucun prétexte, être autorisé. Ainsi, explique-t-il, « l’intérêt d’un tel partenariat réside dans la mise à disposition par Air France, de techniciens et de son agrément européen EASA Part 145. Mais également, la mise à disposition par SHS, de sa licence d’exploitation qui l’autorise à faire de l’assistance en escale aux compagnies aériennes ».
Partant de ce constat, notre interlocuteur confie qu’ « autoriser un tel partenariat revient à accepter que les textes réglementaires établis soient contournés, non respectés par les sociétés en question, lesquelles savent pourtant pertinemment que l’exercice de l’activité (Entretien en ligne) requiert des agréments de maintenance spécifiques (ex : EASA Part 145, agrément du pays d’immatriculation des aéronefs, RAS 05 pour le Sénégal). Ces agréments garantissent, selon lui, la conformité de l’organisation sur le plan Organisation, Procédures, Moyens humains, Matériels, Equipements, Infrastructures pour une sécurité des vols optimale ».
Dans la même veine, il dira qu’ « au vu des textes réglementaires en vigueur et applicables aux Sénégalais et aux Européens), le fait de disposer de techniciens issus d’un organisme de maintenance agréé EASA Part 145, même dans le cadre d’un tel partenariat, ne donne pas accès à cet agrément EASA Part 145. De même, fulmine-t-il, signer un partenariat avec une société d’assistance en escale, notamment dans le cadre d’un tel partenariat, ne donne pas accès au droit d’exploiter cette licence ». Autrement dit , la voie de contournement est tracée, mais mal tracée.
Voie de contournement annihilée mais…
Avec cet accord de joint-venture, Air France compte faire prospérer cette maligne idée de contourner les règlements aéronautiques qui sont, pourtant, clairs à lui interdire toute ingérence dans la maintenance en ligne au niveau de la plateforme aéroportuaire. En d’autres termes, elle ne peut valablement, par aucun moyen, arriver à agir en l’espèce. En effet, Air France n’a pas d’agrément. Les textes enseignent que « nul ne peut fournir des services d’assistance sur un aérodrome au Sénégal , sans être détenteur d’un certificat d’opérateur en escale délivré par l’Autorité » avant d’ajouter qu’un « opérateur d’assistance en escale ou prestataire de services ne peut fournir que les catégories de services pour lesquelles il est autorisé par l’Autorité ».
Les ambitions d’Air France qui étaient de caser ses employés, de tirer profit des retombées de la maintenance en ligne et de contrôler la plateforme aéroportuaire périclitent. Seulement, faudrait-il que l’organe chargée de faire respecter la loi ne ménage pas ses efforts…
Actusen