Politiques, juriste, sportif… Ils portent le nom de Serigne Touba. Pour Seneweb, ils disent ce qui a motivé leur père et leur relations personnelles avec le mouridisme.
Mamadou Bamba Ndiaye : «Mon papa était un tidjane»
(Ancien ministre chargé de la Communication, ancien porte-parole de la présidence de la République, chargé des Affaires religieuses sous Wade)
«Mon papa était un tidjane. Mais, il était très attaché à Serigne Touba et aussi à tous les grands hommes religieux de son époque. Il connaissait aussi très bien l’histoire d’El Hadji Malick Sy dont il me parlait très souvent et également celle de Serigne Touba. Dès fois, vous pensez que c’est un mouride parce qu’il reprend les xassaïdes de Serigne Touba. Il vous parle de son histoire comme si c’était vraiment un grand Cheikh mouride. Et dès fois aussi, il peut faire la même chose avec El Hadj Malick Sy. C’est quelqu’un que, personnellement, j’appelle un ‘musulman modèle’ parce qu’il était vraiment très ouvert et très tolérant. Il ne voyait pas de frontière entre les différentes confréries. Et l’amour qu’il portait à Serigne Touba le prouvait assez largement.
«De tous les enfants de mon papa, je suis le seul qui porte le nom de Serigne Touba. Les autres portent ceux de ses frères, cousins ou amis. Je ne suis ni l’aîné ni le cadet de ma famille. Le plus jeune de mes frères porte le nom du prophète Mohamed. La famille de Serigne Touba et moi entretenons une relation très solide. Mais moi, je suis de ceux qui pensent que les confréries ne doivent pas être des signes extérieurs ou distinctifs qu’un Sénégalais doit porter pour se distinguer des autres. Je pense d’abord à l’unité de l’islam, que les musulmans sont un seul et unique bloc indivisible. Pour cela, personne ne m’entend parler de confrérie de manière ouverte.»
Khadim Diop : «Talibé et petit-fils de Serigne Touba»
(Ancien ministre de l’Intégration africaine, du Nepad et de la Promotion de la bonne gouvernance)
«En fait, mon père était un grand Cheikh. Il s’appelait Serigne Mouhamadou Nar Diop. Il est même un contemporain de Serigne Touba. Quant à moi, je suis son dernier fils. Mon père est décédé en 1976. Il était âgé de 86 ans. Il a souvent accompagné son oncle Serigne Samba Astou Diop chez Serigne Touba. Donc, ce sont des relations assez proches entre lui et le guide Serigne Ahmadou Bamba. C’était des relations de soumission, de respect. C’est ce qui fait que mon père a donné à ses deux premiers fils les noms de Mouhamadou Moustapha et Khadim. Ce dernier n’a pas vécu longtemps. Il a eu un autre fils qu’il a prénommé Cheikh Kabir, c’est-à-dire le grand Cheikh. Et c’est lui-même qui m’a enseigné le Coran pour vous dire la différence d’âge qu’il y avait entre nous. Il est décédé, il y a quelques années. Donc, moi je suis son troisième fils à qui il a donné le nom de Khadimou Rassoul.
«Je suis talibé (disciple) d’abord. Et de par ma mère, je suis petit-fils de Serigne Touba. Elle-même, fille de Serigne Bassirou, fils de Khadimou Rassoul. Donc, comme on dit, je suis un ‘descendant direct’. C’est donc des relations de sang, ensuite de talibé. Moi, je suis de Touba. Toute ma vie, je l’ai passé quasiment dans cette cité religieuse. Des raisons professionnelles et les études m’ont un peu éloigné de la capitale du mouridisme. Mais, c’est une relation de parenté qui me lie au mouridisme. Les prénoms de mes enfants sont tous liés à ceux de la famille de Serigne Touba.»
Me Bamba Cissé : «Ce que j’ai hérité de Serigne Touba»
(Avocat à la Cour)
«Je suis affilié à la communauté mouride. Mon fils porte le nom de Serigne Abdou Khadre Mbacké, qui est aussi mon marabout. Je ne suis pas dans l’excès de zèle. On est toujours dans le cadre des enseignements de Serigne Touba. Sur les 9 caractères qu’une personne peut hériter de son homonyme, je peux citer ma courte taille (sic) comme en étant un. Quand on vous donne le nom d’un marabout vous avez un objectif. Le mien, c’est d’essayer d’être comme lui, je tends vers l’excellence. J’incarne des valeurs que je tiens de mon homonyme.
«Mon père est mouride. C’est la raison pour laquelle il m’a donné directement le nom de Serigne Touba. Mon père me disait de faire en sorte d’être toujours à l’image de mon homonyme qui ne cessait de travailler comme s’il ne devait jamais mourir et qui adorait Dieu comme s’il devait mourir le lendemain. Le mouridisme prône le travail sans fin et l’adoration d’Allah telle que l’a enseigné Cheikh Ahmadou Bamba.»
Khadim Gadiaga : «Mon nom, la chose qui me plait le plus dans ma vie»
(Président de l’Association des lutteurs en activité)
«Mon grand-père était très proche de Serigne Touba. Il s’appelait Mor Gadiaga. Il a fréquenté le fondateur du mouridisme. Mon papa Abdoulaye Gadiaga était lui aussi un ami de Serigne Fallou. Il est décédé en 1982. Et c’est Serigne Abdou Khadr lui-même qui a dirigé la prière mortuaire de mon papa. Et le fait qu’il m’ait donné le nom de Serigne Touba est la chose qui me plait le plus dans ma vie.
«Je suis le 7e et avant-dernier fils de mon papa. Tous mes frères sont des homonymes des fils de Cheikh Ahmadou Bamba. Comme Serigne Abdou Khadr, Serigne Bassirou… Je suis le seul à porter le nom du saint homme. Je ne suis pas encore père, mais mon vœu le plus cher est de donner les noms de mes enfants au prophète Mohamed (Psl) et aux proches de Serigne Touba.»
Cheikh Bamba Dièye : «Serigne Touba est mon tout, je suis un Cheikh»
(Secrétaire général du FSD-BJ)
«Mon vrai nom est Cheikh Mouhamed Habiballah, en arabe, ou Cheikh Mamadou Abiboulaye en wolof. Je porte le nom de Serigne Touba, le nom avec lequel il s’est toujours présenté et avec lequel, il a signé tous ses ouvrages. Mon histoire avec le mouridisme date de bien avant ma naissance. Elle trouve ses origines dans la relation exceptionnelle que mon arrière-grand-père, Birama Dièye, thaumaturge et Moqadem d’El Hadji Oumar Foutiyou avec qui, il a fait le siège de Dégimbéré, avait avec le fondateur de la Mouridiyya (…).
«Lorsque ce dernier mourut en 1908, Serigne Touba alors exilé à Thieyène dans le cercle de Louga envoya son disciple Serigne Massamba Diop Sam à Saint-Louis pour présenter ses condoléances à la famille du saint homme. Ce ne fut que lorsqu’il entra dans la ville, que le décès de Birama Dièye fut annoncé alors que Thieyène était au moins à deux jours de cheval de Saint-Louis. C’est dire la profondeur du lien spirituel qui unissait les deux hommes.
«Le message de Cheikh Ahmadou Bamba à la famille, après ses condoléances, fut de demander qu’on lui remet deux parmi les garçons du grand-père. Ce qui fut fait, puisqu’El Hadji Dame Diye et le vieux Yatma Dièye complétèrent leur Coran auprès de Borom Touba alors qu’il était en résidence surveillée à Thieyène. Mes grands-pères Serigne Yatma comme Serigne Tahirou Dièye ont été des représentants des Khalifes et aussi d’éminentes personnalités du mouridisme à Saint-Louis.
«Le second lien que j’ai avec Khadimou Rassoul vient de Cheikh Abdoulaye Dièye (son père, Ndlr) qui a reçu de son guide spirituel Cheikh Sidy Ahmed, un maure de la tribu des Oulad Deymane, disciple de Serigne Touba, la mission de guider les disciples de la daara Khidmatoul Khadim (…). Par la volonté de Cheikh Abdoulaye Dièye, je dirige cette communauté spirituelle.
«Serigne Touba est mon tout. Tout mon univers gravite autour de l’enseignement de Khadimou Rassoul et de la mission qui est la mienne celle de vivre et de faire vivre la pensée de Khadimou Rassoul. J’ai connu tous les stades d’évolution du talibé Mouride. Je suis Cheikh. J’ai en charge l’éducation spirituelle de disciples et j’ai été pendant de nombreuses années rédacteur et directeur de publication du journal Ndigël (…). En hommage à cette grâce divine, Cheikh Abdoulaye Dièye a donné le nom de Borom Touba à tous les premiers garçons de ses épouses. J’ai deux frères qui portent le même nom que moi. En souvenir de ce lien spirituel, mon ainé porte le nom de Cheikh Mouhamed Habiballah, celui que son grand-père m’a donné.»
Auteur: Youssoupha MINE – Seneweb.com