Le tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné, hier, le nommé Modou Seck à 2 ans dont 1 an ferme. Reconnu coupable d’escroquerie, le prévenu a voulu monnayer la libération de son ami en encaissant la somme de 50 000 F CFA sur le dos d’un substitut du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Dakar.
Modou Seck prétendait pouvoir faire libérer un de ses amis placé sous mandat de dépôt pour recel. Mais il a fini par le rejoindre en prison. Pire, alors que son ami doit purger 1 mois ferme, lui se retrouve avec une peine de 2 ans dont 1 an ferme pour escroquerie. Le prévenu a en effet encaissé la somme de 50 000 F CFA sur le dos d’un substitut du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Dakar. Lorsque son ami a été arrêté, sa femme Awa Ngom est venue le voir. Le sieur Seck s’est alors proposé de l’aider à faire libérer le prisonnier par l’entremise de son supposé ami procureur. Seulement, cette aide n’était pas gratuite, car le fameux magistrat réclamait de l’argent. ‘’Il m’a dit que son ami procureur réclamait 100 000 F CFA pour faire libérer le prévenu en lui octroyant le sursis’’, a raconté la dame hier, à l’audience des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar.
Seulement, Awa n’a pu réunir le montant réclamé. ‘’Arrivés au marché Nguélaw où il nous avait donné rendez-vous, je lui ai dit que nous n’avions que 50 000 F CFA. Après un entretien téléphonique avec le Procureur, il nous a fait croire que celui-ci acceptait le montant’’, a conclu la dame entendue comme témoin. La suite, la représentante du parquet l’a expliqué au cours de son réquisitoire. D’après le maître des poursuites, alors que l’époux du témoin écroué le 24 octobre dernier devait être jugé le 31 octobre, le procès a été renvoyé. Déboussolée par ce renvoi qui maintenait son époux en prison, la dame s’est renseignée auprès d’un avocat et celui-ci lui a fait comprendre qu’ils ont été arnaqués. Ainsi, Mame Cheikh Kâ, qui avait remis l’argent, a porté plainte pour escroquerie au niveau du poste de police de Pikine Wakhinane.
Arrêté, Modou Seck a clamé son innocence en niant avoir réclamé le plus petit centime. Hier, il a maintenu ses dénégations et déclaré qu’Awa Ngom lui a offert gracieusement les 50 000 F CFA quand il lui a proposé son assistance. ‘’Arrêtez de dire mon ami magistrat. Ce n’est pas votre ami car je suis sûre qu’il ne vous connaît même pas. C’est à cause de vos comportements que les citoyens n’ont plus confiance en la justice’’, lui a asséné la parquetière. ‘’Je ne connais qu’un seul magistrat et c’est mon ami’’, a rétorqué le prévenu. A la suite du maître des poursuites, l’un des assesseurs a également sermonné les parties à la barre. ‘’Savez-vous que vous tous devriez comparaître pour corruption ? Et-ce que cela vous plairait qu’une personne qui vous cause un tort obtienne justice par le biais de la corruption ?’’ a asséné le juge Allah Kane.
Pour le parquet, le délit d’escroquerie est établi et il s’agit de ‘’faits très graves, car ce genre de comportement tend à discréditer l’institution judiciaire’’. Ces acabits, a-t-elle poursuivi, ‘’profitent du désarroi des personnes et ternissent l’image de magistrats qui sont dans leur bureau à faire leur travail correctement’’. Au regard de ces arguments, le maître des poursuites considère qu’il y a lieu de réprimer ‘’le plus sévèrement’’ le prévenu, avec notamment une peine de 2 ans dont 1 an ferme. Pour Me Guèye, conseil du prévenu, son client ne mérite pas une telle sanction, ‘’puisqu’il a voulu profiter de l’occasion pour faire payer ses démarches en tant qu’intermédiaire’’. ‘’Il s’agit de simples mensonges et non de manœuvres frauduleuses’’, a plaidé l’avocat, avant de solliciter une ‘’extrême indulgence’’ de la loi, si l’escroquerie était retenue. Mais le tribunal a plutôt suivi le parquet.
Enquéte