Abdoulaye Wade a épuisé toutes ses cartouches pour éviter à son fils la condamnation. Selon nos confrères du Quotidien Walfadjri, vu que que la condamnation de Karim Wade est définitivement entérinée par la Cour suprême, l’ancien chef de l’Etat n’a plus que la négociation comme recours, à moins que…
L’ancien président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, s’est emmuré dans un silence total depuis l’arrêt de la Cour suprême, confirmant le verdict de la Cour de répression et de l’enrichissement illicite (Crei), qui a condamné son fils à six ans de prison ferme. Le pape du Sopi ne communique qu’avec ses proches lieutenants au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds). Cette attitude contraste avec sa verve d’avant verdict de la Crei. Après avoir actionné tous ses leviers et épuisé tous ses « recours », il ne lui reste plus que la négociation pouvant déboucher sur une grâce présidentielle. Car, après l’arrêt de la Cour suprême, la liberté de son fils dépend maintenant du bon vouloir de son ancien Premier ministre, Macky Sall. On se souvient qu’Abdoulaye Wade avait martelé qu’il n’acceptera jamais une condamnation de son fils. Ensuite, il s’était engagé à commenter l’arrêt de la Crei au tribunal, ensuite à son domicile, puis donner des mots d’ordre à ses partisans. Finalement, il n’en a rien été. S’il a perdu la voix, c’est certainement qu’il a épuisé toutes ses cartouches pour éviter la prison à Karim Wade. Aucun de ses stratagèmes n’a produit l’effet escompté.
Abdoulaye Wade a d’abord menacé et chauffé la rue avec des marches et meetings. Mais les manifestations à la Place de l’Obélisque et à l’intérieur du pays n’ont pas réussi à faire libérer son fils. Auparavant, Wade a joué la carte maraboutique, en vain. Il a, en effet, rencontré tous les Khalifes généraux pour obtenir la libération de son fils. Mais partout où il est passé, il lui a été conseillé de travailler à la stabilité de ce Sénégal qu’il a contribué à construire. A Touba, Tivaouane, Yoff, etc., le refrain a été le même : le Sénégal est un pays de paix. Une manière pour ces chefs religieux de lui dire de se calmer et de laisser la justice faire son travail. Après les guides religieux, l’ancien président de la République s’est tourné vers les chefs d’Etat africains, les pairs de Macky Sall, pour tirer son fils d’affaire. De la France, Abdoulaye Wade s’est rendu à Abidjan pour rencontrer le Président Alassane Ouattara. Il a ensuite reçu à Dakar un émissaire du Président congolais Denis Sassou Nguesso. Mais ces deux « médiatures africaines » ont été vains. Macky Sall, qui a juré de faire juger l’ancien ministre d’Etat, est resté intraitable.
Puis, l’ancien chef de l’Etat de faire dans le déballage. Me Wade a, en effet, exhumé des affaires qu’il pensait mortelles pour son successeur. Il s’agit de Petro-Tim et Arcelor Mittal. En désespoir de cause, l’ancien président de la République s’est attaqué à l’ascendance de Macky Sall qu’il a accusé de pratiques anthropophages. Un discours qui a été condamné jusque dans son propre entourage.
Après la rue, les marabouts, le syndicat des chefs d’Etat africains, les attaques personnelles, le pape du Sopi a essayé la carte politique en désignant Karim Wade candidat du Pds à la prochaine élection présidentielle, à deux jours du verdict de la Crei. Ce subterfuge ne sera pas non plus couronné de succès. Ainsi, après tous ces échecs, il ne reste à Wade que le « recours » à la négociation. Acceptera-t-il de s’en servir ? Question d’autant plus pertinente que, durant toute la procédure contre son fils, Abdoulaye Wade a toujours clamé que Karim Wade ne quémandera aucune grâce présidentielle. Et si jamais Wade accepte de négocier, sur quoi va-t-il le faire ? Son fils acceptera-t-il une négociation, lui qui met sa carrière politique en jeu ?
Et, à moins qu’il ne change de position à cause des rigueurs carcérales qui auront fait leur effet sur ses capacités de résistance, Karim Wade a déjà fait savoir qu’il ne demandera pas la grâce de Macky Sall.