Communication publique : ces bourdes de politiciens et de marabouts
Le pauvre Mbaye Ndiaye est sujet de débats. Il a encore commis une grosse bourde. Mais c’est le singulariser que de se taire sur ces autres favorisés du hasard qui se spécifient par une tornade d’énormités. Et dans ce pays d’oralité, combien de politiciens et de marabouts commettent sans cesse des bévues. Quand ils s’adressent à un auditoire ou parlent devant un micro, ils abreuvent souvent leur public de dérapages sans se rendre compte des effets catastrophiques de leurs énormités. C’est grave car au Sénégal, la parole est l’interprète de l’âme.
« Une jeunesse malsaine », « salopards et des imbéciles », « des coudes sur des dossiers », et quoi d’autres encore ! Les bourdes font vite le tour du monde car le Sénégal connait une révolution de l’information. En un temps record, une bourde est vite relayée par les moyens de communication. Quand une personnalité publique s’adresse à un organe de presse ou à un public, elle éprouve un immense plaisir à se faire entendre. C’est ainsi qu’elle croit attiser sa célébrité, se construire une renommée et enraciner son nom dans l’esprit public pour s’imposer en citoyen incontournable. Par la parole, la personne publique sénégalaise se sent titulaire d’un diadème de grandeur. Des ministres, des députés, des responsables politiques et même des marabouts, s’illustrent souvent par des gaffes qui indisposent. S’ils sont politiques, les observateurs et les adversaires en font des choux gras. Mais s’ils sont des marabouts, la discipline et le respect imposent un silence devant une gaffe gênante.
APR : bourdes, gaffes et égarements.
Dans une situation de crise et de tensions, le silence vaut de l’or. Celui qui a des mots plus forts et plus concluants que le silence, a l’obligation de parler. Mais celui qui ne parle que pour bafouiller des gaffes, devrait avoir la présence d’esprit de se taire. Il y a dans le Macky une communauté de gaffeurs qui enfoncent la majorité présidentielle par des propos bruts, lourdauds, arrogants et grossiers, sur fond de bourdes qui picotent sans cesse l’image du gouvernement dans lequel ils siègent. C’est sur ces gaffes que l’opposition tient l’APR et la majorité présidentielle. Certes, sur l’affaire Khalifa, la gaffe de Mbaye Ndiaye discrédite la neutralité du Président de la République sur la traque des prédateurs. Mais les apologies des apéristes déjà épinglés sont des dérapages graves qui se sont retournés contre Macky Sall lui-même. Les gaffeurs de l’APR sont connus de tous. Et c’est grave pour l’image des Institutions que le nom d’un Ministre provoque une hilarité générale en raison de l’apparence du néant et du faciès de comédien qu’il donne.
A quoi bon être Ministre si on ne peut se libérer de la bassesse en pensée et de l’arrogance en parole ? A quoi bon être au cœur d’une Institution de la République et se proclamer républicain si on n’est pas quitté par la misère de la dérive et du dérapage ? Et à quoi bon aussi se draper du manteau de marabout traceur de destin si on indispose ses disciples par des gaffes ?
Gaffes incommodantes de marabouts
La parole du marabout est loin de celle du Guide religieux. Ils sont différents. Le marabout est mondain et le Guide religieux est un mystique, ne possédant rien et n’étant possédé par rien si ce n’est sa Foi. Quand dans une situation de lutte d’intérêts, le Guide religieux ne dit rien alors que tout le monde parle, on n’entend que lui et son mythe se consolide. Mais quand c’est un marabout qui, même s’il a une masse de disciples relevant de lui , intervient dans un débat public mondain, dans des questions politiques de bas étage et des querelles de dividendes, il commet une bourde en se positionnant maladroitement en faveur d’un acteur et c’est toujours celui qui est au pouvoir.
A la veille d’élections de grands enjeux, il arrive qu’un marabout jure qu’un tel candidat serait élu. Et il se terre si ce candidat perd ou est défait. Mais il ne faut jamais en parler au risque de subir des représailles, même si la bourde d’un marabout laisse toujours une empreinte dans la conscience publique.
La gaffe n’est donc pas l’apanage des politiciens comme ces Mackysards et ces égarés de l’opposition. Des marabouts insoupçonnés en commettent. Certes, la parole publique est un privilège, mais le silence est parfois plus éloquent que la parole. Exprimer ses idées est important, mais devant certaines situations les garder est capital. Etre bavard, c’est prendre le risque de ne pas etre compris et de faire pleuvoir une averse de bourdes et de gaffes. Et on en voit partout au Sénégal. Mbaye Ndiaye n’est donc pas le seul !
Le Piroguier