La pression est une petite fourbe. Elle a parfois l’apparence d’une boule dans la gorge, d’unefatigue intense ou d’un nœud à l’estomac (voire les trois en même temps) et, si elle s’installe, elle peut se muer en troubles du sommeil ou de la concentration, excès en tous genres (alcool, tabac, chocolat), sautes d’humeur, morosité, voire dépression ou burn-out.
Il en existe deux types. Celle qu’on nous met –un boss ultra exigeant, une mère qui demande chaque dimanche si on viendra encore seule –, et celle qu’on se met toute seule comme une grande.
La faute à nos parents, qui nous ont enfoncé dans le crâne qu’on devait être très sage et très bonne à l’école.
Puis à la société qui a pris le relais, nous invitant à manger un smoothie bowl le matin, à faire du sport, à cartonner au boulot, à être une amoureuse gaie et légère, à avoir un salon ultra design… et à être heureuse, parce qu’avec tout ça, il ne manquerait plus qu’on fasse la gueule.
Exercice pour identifier les cas où on se met la pression.
On imagine une librairie, où le rayon Développement personnel est rempli de titres complètement décalés aux injonctions caricaturales et autoritaires.
Pour le couple : « Comment être à la hauteur de mon mec, cet être supérieur que je me dois derendre heureux ? » ; famille : « Être une mère parfaite : il suffit juste de se bouger un peu le f*** » ; travail : « Debout, feignasse, t’as déjà du pot d’avoir un job ».
On poursuit pour les catégories beauté, sexualité, alimentation, loisirs, culture… Puis on se demande en toute objectivité lequel de ces livres on serait tentée d’ouvrir pour y trouver des réponses.
Place au bien-être.
La bonne nouvelle, c’est qu’on peut agir. À condition de se retrousser les manches. C’est plus facile de se positionner en victime d’une boîte pourrie, d’une famille dysfonctionnelle ou d’un mec manipulateur.
Il va falloir virer notre costume de superpoisseuse pour en endosser un autre, plus efficace : celui de la fille qui décide d’aller bien, quitte à ne pas plaire à tout le monde.
Exercice pour chasser le Calimero qui s’agite en nous
Pendant toute une journée, on trace une croix sur son poignet chaque fois qu’on se plaint, à l’oral, mais aussi mentalement.
On réalise ensuite que chaque croix correspond à ce message envoyé au cerveau : « Ça ne me convient pas, mais c’est comme ça, je ne peux rien y changer. »
Demain, on enverra à son cerveau : « Je choisis d’accepter les choses qui respectent mes besoins. Et de mettre fin aux situations où mes besoins ne sont pas respectés. »
Comment arrêter de culpabiliser ?
« Responsable, oui ! coupable, non ! », c’est le titre de l’ouvrage d’Yves-Alexandre Thalmann (éd. Jouvence), et c’est aussi ce qui devrait devenir votre nouveau credo.
On confond souvent les notions de responsabilité et de culpabilité, alors qu’elles sont très différentes.
Être responsable, c’est assumer toutes ses responsabilités, et rien qu’elles. Se sentir coupable, c’est croire que l’on a commis une faute.
Il y a une culpabilité saine – celle que je ressens quand je n’ai pas tenu la porte à cette vieille dame –, et une culpabilité dite morbide – celle qui nous met une pression de dingue, parce qu’elle nous fait croire que, malgré notre vie à cent à l’heure, on n’est pas assez disponible pour nos amis, pas à la hauteur au boulot, pas assez présente pour notre grand-mère… Bref, qu’on échoue partout, y compris à être heureuse.
Exercice pour limiter notre culpabilité.
On rédige une lettre de licenciement : « Ma chère culpabilité… » (la courtoisie, c’est important). Cette lettre doit partir d’un élément dont on se sent coupable, et on explique pourquoi.
Puis on devient son propre avocat et on se défend : on assume ses responsabilités (OK, je ne suis pas dispo à 100?% pour mes amis), mais uniquement ses responsabilités (en même temps, me le reprochent-ils ? Et eux, le sont-ils ?).
Calmement mais fermement, on met la culpabilité à la porte. Puis on accroche cette lettre de licenciement à un endroit visible (seulement de soi, pour éviter l’internement à la demande d’un tiers).
Comment arrêter d’avoir peur ?
Si on ressent une forte pression, c’est qu’on cherche à atteindre un objectif et qu’on ne se sent pas à la hauteur. OK, on aime les défis, mais de là à se mettre dans des états pareils, il y a un problème !
Qu’y a-t-il d’assez puissant en nous pour qu’on accepte de se mettre la rate au court-bouillon, de mal dormir, de s’épuiser au boulot, d’avoir trop le blues ?
Ce n’est pas seulement la volonté de réussir, mais surtout la peur. Celle de ne pas être aimée. Ce qu’on nous demande tient en un mot : perfection.
Et on se persuade que si on n’y arrive pas, on ne nous aimera pas, ou plus (ce qui est encore pire, après tous nos efforts). Pour se blinder contre cette peur, il faut d’abord se blinder contre la peur d’être jugée.
Exercice pour cajoler son enfant intérieur.
Il ne s’agit pas de se mettre en position fœtale et de se faire un biberon de mojito, hélas.
Mais d’utiliser un outil souvent employé en thérapie, qui consiste à établir un dialogue avec l’enfant qu’on a été et qui est encore en nous (un bon livre sur ce sujet : « Guérir son enfant intérieur », de Moussa Nabati, éd. Fayard).
On ferme les yeux, on se concentre sur sa respiration et on laisse venir à soi l’image de l’enfant qu’on était. On lui fait un grand sourire et on lui demande comment il se sent. Intimidé ? Inquiet ? Mal à l’aise ? Peureux ?
Puis on lui adresse ces messages : « Tu es unique et irremplaçable », « Je t’aime comme tu es », « Tu as le droit de te tromper »…
On le prend dans les bras pour un « free hug », et on lui promet qu’on sera toujours là pour lui. On le quitte avec un grand sourire et on est bien obligée de le constater : il est aussi soulagé que nous…
Comment lâcher du lest ?
Une fois qu’on a compris qu’on ne nous aime pas pour nos performances, le plus gros du boulot est fait.
Ce qui va permettre d’enchaîner sur cet élément indispensable pour faire baisser la pression : le lâcher-prise.
Côté people, Victoria Beckham ou Beyoncé sont des « control freak » assumées. Elles cherchent la perfection (et y arrivent pas mal, les bougresses), mais elles en payent le prix fort : incapacité à déléguer, besoin de tout « micromanager », vie réglée comme du papier à musique.
À part pour coucher avec David Beckham ou être la deuxième artiste la plus récompensée au monde, est-ce que ça nous fait vraiment rêver ? (Non est la bonne réponse) Alors on se détend, en se libérant de la fausse croyance selon laquelle si on lâche, on va dans le mur.
Exercice pour apprendre à déléguer.
On joue au scénario catastrophe afin de réaliser que notre peur n’est pas fondée. On commence par écrire une affirmation qu’on n’a pas osé formuler. Exemple : « Je refuse de m’occuper seule du cadeau commun d’anniversaire de Jasmine. »
On envisage les réactions successives de chacun : au pire, que se passe-t-il ?
– « Les amis de Jasmine m’en veulent beaucoup, ils préféreraient vraiment ne rien avoir à faire. »
– « Ils ne me laissent pas entrer à la fête. »
– « Je demande à parler à Jasmine, parce que j’estime que c’est trop injuste. »
– « Elle me dit comprendre ses amis, et qu’elle préfère ne plus me voir. »
Puis on relit en s’interrogeant sur la probabilité que ces hypothèses se réalisent. Et du coup, on envoie un mail aux potes de Jasmine pour un coup de main.
Être plus aimable.
Aimable, pas dans le sens de gentil, mais plutôt celui de capable de susciter l’amour, en mesure d’être aimé. Imaginons qu’on soit persuadée d’être « quelqu’un de bien ».
On dépenserait moins d’énergie à le prouver, et on ressentirait moins de pression. La bonne nouvelle, c’est qu’on l’est. Si on a le sentiment contraire, c’est juste qu’on s’est perdue en chemin.
Pour (re)devenir ce « quelqu’un de bien » qu’on est tous, il suffit parfois de se reconnecter à ses valeurs et de les incarner dans la vie.
Objectif : avoir le sentiment d’être soi-même, et que cette existence a de la valeur, pour ne pas chercher à acheter l’amour en excellant partout.
Exercice pour se reconnecter à ses valeurs.
On commence par choisir une personne inspirante : politique, sportif, chanteur, intellectuel, famille, ami, acteur…
Puis on résume ses qualités : courage, sincérité, persévérance…
Rapidement, un ou deux mots se détachent du lot ; ce sont les valeurs qui comptent le plus à nos yeux, et celles que nous devons incarner au quotidien pour avoir une image positive de nous-même.
Apprendre à s’affirmer.
Imaginons qu’on soit une cocotte-minute. À l’intérieur, on entasse des frustrations chaque fois qu’on n’exprime pas nos limites ou nos opinions.
Puis on ferme le couvercle, on bouche la soupape, et on attend.
L’explosion est imminente. Pour faire redescendre la pression, savoir qui on est, c’est une chose. Oser le dire, c’en est une autre… S’affirmer, ce n’est pas être « grande gueule », c’est être capable de formuler ses besoins et ses limites. Exprimer qui on est.
Cet hiver, l’animateur Frédéric Lopez faisait un coming out émouvant, révélant son homosexualité.
Faire son coming out, c’est se montrer tel qu’on est, grâce à un message positif, engagé, inspirant, convaincant, honnête pour soi-même comme pour les autres (retenez l’acronyme PEICH, constitué des premières lettres de chaque adjectif).
Concrètement, lors d’un repas de famille avec l’oncle et la tante qui lancent des piques sur les homos, plutôt que de répondre « Vous n’êtes rien que des frustrés intolérants et vous me faites honte, bisous », on essaie « Je suis à 100?% pour le mariage pour tous, vos propos me mettent extrêmement mal à l’aise. Soit vous arrêtez, soit je pars. »
Exercice pour préparer son coming out.
On liste les situations où :
– On n’a pas exprimé ses vrais sentiments.
– On a fait des compromis à contrecœur.
– Notre corps nous a lancé un message de mise en garde contre une situation qui n’était pas bonne pour nous.
Ensuite, on imagine les mêmes situations si on avait réussi à s’affirmer. Ça nous facilitera la tâche pour la dernière étape : noter pour chaque cas le message PEICH qu’on aurait pu lancer. Et qu’on lancera la prochaine fois !