Les modifications du corps d’une femme enceinte vont très loin. Le cerveau subirait des modifications significatives pendant la grossesse, selon une étude publiée lundi, dans la revue Nature neuroscience.
L’empathie de la mère augmentée
Des scans cérébraux réalisés sur 25 femmes ont montré une diminution de la matière grise dans certaines régions du cerveau. Les images ont été réalisées avant et après la grossesse. Elles ont également été comparées à celles de 20 femmes qui n’ont pas été enceintes au moment de l’examen et 36 hommes, dont la moitié de jeunes pères de famille. Aucune modification n’a été constatée sur le cerveau de ces derniers.
Ces changements augmenteraient l’empathie de la mère, selon cette étude menée par des chercheurs de plusieurs universités néerlandaise et espagnoles. « Les images montrent la diminution des connexions neuronales dans la zone du cerveau associées à la cognition sociale », précise El Pais: la capacité de se mettre à la place des autres, à anticiper ou à deviner ses intentions.
« Ces découvertes fournissent les premières preuves que ces [changements cérébraux] peuvent aider une mère à prendre soin de son bébé », observe Elseline Hoekzema.
Pas de conséquence sur les capacités cognitives
La transformation durerait pendant au moins deux ans, selon l’étude. « Les changements étaient si prononcés, explique Elseline Hoekzema, co-auteure de l’étude interrogée par le Guardian, qu’un algorithme a automatiquement identifié les femmes de notre échantillon qui avaient été enceintes récemment et celle qui ne l’avaient pas été. »
Cette réduction de la matière grise n’aurait pas de conséquence sur les capacités cognitives de la mère, assurent les chercheurs. Les femmes enceintes auraient obtenu des résultats équivalents au groupe de contrôle sur une série de tests. La réduction de matière grise se traduit par une optimisation des connexions neuronales, précise pour El Pais Susanna Carmona, chercheure à l’université Carlos III de Madrid.