« Comme je l’ai répété,c’est au président de la République de prendre la bonne décision»

« Actuellement, l’analyse de nos données porte sur 838 patients et non sur 559 comme la fois passée. Et parmi ces 838 patients, nous avons 727 patients âgés de plus de 12 ans. Les résultats que nous avons obtenus à propos de l’utilisation de l’hydroxychloroquine et l’azithromycine se sont davantage confirmés avec cette série plus importante. La durée médiane qui était de 10,5 jours est en ce moment à 10 jours versus 12 jours si le patient n’avait pas pris le traitement indiqué. Mais avec une différence statiquement très significative. C’est aussi un traitement bien toléré parce que la prévalence des effets secondaires est entre 2 et 3%. Plus important encore, tous les patients qui ont pris ce traitement en stade précoce de la maladie n’ont pas eu de complication et aucun n’est décédé.

 Ces résultats sont importants. C’est vrai, il faut empêcher la survenue de complication, de décès, car la réduction de la durée d’hospitalisation en impacte sur le psychisme du patient. Quand on dure dans un centre de traitement en isolement, à la longue, ça peut entrainer un stress qui peut être préjudiciable. Donc réduire cette durée d’hospitalisation ne serait-ce que de deux jours est un élément important. Il faut s’adapter au contexte. Libérer des malades nous permet de prendre en charge des malades qui ont des facteurs de gravité ou la survenue de complications.

Sur le plan économique, chaque malade coûte très cher à l’Etat. Avec cette réduction de deux jours, c’est plusieurs milliards qui seront économisés par l’Etat du Sénégal. Je parlais tout à l’heure à un de nos spécialistes en économie de la Santé pour lui dire de faire une étude là-dessus. Nous allons continuer ce traitement en sachant qu’il faut continuer en faisant un essai clinique. Si on s’était basé sur l’essai clinique, on n’aurait pas commencé le traitement jusqu’à ce jour; pour preuve, il y a aucun traitement mondial validé au moment où je vous parle. Même l’OMS n’a pas encore terminé son étude. Tout ceci pour expliquer pourquoi agir en tant que médecin peut parfois être diffèrent d’agir en tant que chercheur… »

 Les signes cliniques qui doivent alerter

 « En dehors des traitements, je voudrai parler des signes cliniques. Au début, on se focalisait beaucoup sur la fièvre, l’éternuement, la toux et les difficultés respiratoires. Mais chaque jour qui passe nous montre que plusieurs types de signes divers et variés peuvent être observés ayant trait à l’atteinte d’un appareil ou de plusieurs appareils de l’organisme. Deux signes ont attiré mon attention : l’anosmie et l’agueusie. L’anosmie, c’est la perte de l’odorat. L’agueusie, la perte du goût. Plus précisément, un trouble de perception du goût, du salé, du sacré, de l’amer, de l’acide et même du goût du glutamate de sodium. Ces signes sont évocateurs de Covid-19 durant cette période. Je ne dis pas spécifiques parce qu’on peut les voir dans la grippe et dans d’autres pathologies. Mais dans plus de 50% des cas, les patients qui présentent ces signes, quand ils sont testés au Covid-19, ils s’avèrent être infectés par le virus du Sras Cov-2. Je vais donc inciter à ceux qui présentent ces signes de s’auto-isoler pour éviter de contaminer leur entourage mais aussi de saisir la cellule d’alerte pour une meilleure prise en charge dans les meilleurs délais… »

Les séquelles et le suivi médical

« L’autre élément, sur le plan clinique qui me paraît essentiel de souligner, c’est la possibilité de survenues de séquelles. Je le souligne parce que j’aimerais que les patients qui ont eu un rendez-vous respectent ces rendez-vous. Je peux donner l’exemple des séquelles respiratoires, la fibrose pulmonaire qui peut survenir chez des patients qui ont eu des lésions pulmonaires étendues durant la maladie. Un rendez-vous leur est donné en général trois mois après la sortie pour faire le bilan de la situation. Ceux qui n’ont pas eu de rendez-vous doivent également consulter s’ils sentent un signe qui leur parait anormal même plusieurs mois après la guérison. »

Covid-Organics

 « Pour le Covid-organics, il n’y a pas de lenteur. La recherche scientifique a ses normes. Même la recherche concernant des médicaments connus prend du temps. Il n’y a aucun traitement validé internationalement… alors que dire d’une étude qui porte sur un produit dont on ne connaissait pas encore tous les constituants ? Il y a eu des études précliniques qui ont été menées sous la houlette du Directeur de la Pharmacie et du Médicament et probablement dans les jours ou semaines à venir, nous recevrons le rapport à partir duquel nous allons voir comment asseoir un essai clinique parce qu’il faut évidemment tester le Covid-organics mais aussi l’artémisia du Sénégal. Donc, le processus suit son cours ».

 Avis sur la levée de l’état d’urgence

 « Comme je l’ai répété, le technique a pour rôle de conseiller et d’accompagner un processus. Il n’appartient pas au technique de dire est ce qu’il est d’accord ou pas d’accord par rapport à une décision de l’État. Pour la simple et bonne raison que le scientifique est borné, et c’est au président de la République qui a une vue sur les aspects économiques, sociaux, sécuritaires, géostratégique et diplomatique, de prendre la bonne décision. Donc, quelqu’un qui a une vue globale est plus à même de connaitre la décision qui est la meilleure pour le pays. J’aimerais que ce soit bien compris d’autant plus qu’en cas d’épidémie, au début le scientifique peut commander les décisions mais quand l’épidémie dure du fait de ses différentes implications, ce sont les réalités du terrain qui commandent les décisions à prendre. Même sur le plan scientifique, on sait que la prise en charge à domicile n’est pas préférable dans notre mode de vie. Mais on arrive à une situation où il faut le faire parce qu’il y a des malades qui refusent de venir se faire traiter à l’hôpital, du fait parfois de la stigmatisation ou d’autres facteurs. Et on ne doit pas les abandonner.  On ne peut pas aussi mettre l’accent sur ces patients quand nous avons une tension au niveau des lits et qu’on risque de ne pas hospitaliser des gens qui ont des facteurs de risque. Donc, il faut être souple mais expliquer clairement, sereinement et honnêtement les décisions qui sont prises ainsi que les changements… »

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