La présidence d’une institution comme le Cnra exige de la neutralité, de l’impartialité et de l’indépendance. Mais, les partisans de Khalifa Sall ne croit pas un seul instant à l’indépendance du nouveau gendarme des médias.
Le conseiller politique de l’ex maire de Dakar, Khalifa Sall, ne croit pas à l’impartialité du nouveau directeur du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra).
«Loin de moi l’idée de jeter l’opprobre ou le discrédit sur votre personne mais je dois à la vérité de dire que votre nomination ne participe pas à rassurer les acteurs politiques surtout ceux de l’opposition au regard de vos états de service et de vos antécédents sous les régimes précédents», écrit Moussa Taye dans une lettre adressée au nouveau président du Cnra. «Il s’y ajoute que votre proximité avec l’actuel président de la République, qui vous a fait bénéficier d’importants décrets de nomination en si peu de temps, laisse penser que vous lui êtes redevable», poursuit-il.
Moussa Taye, qui rappelle à Babacar Diagne que la présidence d’une institution comme le Cnra exige de la neutralité, de l’impartialité et de l’indépendance, se dit préoccupé d’abord par le fait que la Rts, la télévision publique, s’est mise exclusivement au service d’un homme (Macky Sall), de son parti (l’Apr), et de la coalition politique qu’il dirige (Bby).
«La Rts a complètement rayé l’opposition du service public en censurant ses activités et en supprimant tous les espaces d’expression de positions contraires à la propagande officielle.
Cette situation contraire aux règles démocratiques et au pluralisme politique interpelle le Cnra à moins que vous trouviez normal que la Rts n’ait pas consacré, ne serait-ce qu’une seule seconde, à la présentation du livre de Monsieur Ousmane Sonko, leader de Pastef/les Patriotes, parti politique légalement constitué.
Cette situation vous interpelle sauf si vous trouvez normal que des activités importantes de partis politiques de l’opposition ne soient pas couvertes par la télévision nationale», déplore le conseiller politique du candidat déclaré Khalifa Sall.
Moussa Taye souligne que toutes les émissions politiques où l’opposition et le pouvoir débattaient ont été supprimées sans aucune explication et invite Babacar Diagne à prendre «sans délai les dispositions nécessaires» pour la couverture des activités de l’opposition par la Rts.
Car selon lui, le Cnra est dans l’obligation de faire respecter les règles d’égalité, d’équilibre et d’équité dans l’espace audiovisuel. Or, sur ce terrain, déplore-t-il, les carences de votre institution sont manifestes et laissent libre champ à la Rts pour diffuser des émissions qui sont des prétextes à propagande pour le candidat Macky Sall et sa coalition.
Outre la Rts, Moussa Taye constate de plus en plus des publi-reportages politiques sur les chaines de télévision Tfm, 2Stv. Car, d’après lui, ces reportages ne participent pas à l’équilibre des organes de presse et créent une rupture d’égalité entre les citoyens avec un système censitaire d’accès aux médias. Généralement, ce sont les partisans du président de la République qui s’adonnent à cette pratique, dit-il. «Paradoxalement, vous mettez en garde la Sentv alors que la Rts fait pire en matière de propagande politique», conclut Moussa Taye.
Charles Gaiky DIENE