Le meurtre de Me Babacar Sèye, le vice-président du Conseil constitutionnel assassiné en avril 1993 continue de déchainer les passions au Sénégal. Un sujet que semble bien maîtriser l’une des personnes alors arrêtées et mis en prison pendant une dizaine d’années, Clédor Sène qui apporte des éclairages sur le plateau de Sen Tv.
« Peu de gens savent ce qui s’est passé. Et ceux qui en savent quelque chose ne parleront pas, ou en diront très peu. Tanor Dieng (alors secrétaire général de la présidence qui centralise es renseignements), Djibo Ka qui était ministre de l’Intérieur (qui est très renseigné), Madieng Khary Dieng, ex-ministre, etc. Djibo a été le dernier à en parler lors de la venue de Abdou Diouf à l’occasion de la francophonie à Dakar. Pourquoi a-t-il menacé le président Diouf?? » s’interroge l’ancien détenu, invité de l’émission Sen Jotay.
« Le procès de Me Seye, dit-il, a laissé beaucoup de personnes sur leur faim. Jusqu’à aujourd’hui, tout le monde se renvoie la balle, le PS accuse le Pds et vice-versa, et des accusations mutuelles au sein de ces deux formations politiques. Et l’Apr s’en mêle aussi », explique Clédor Sène.
Toutefois, « En 1996, Abdou Diouf a failli nous amnistier en même temps que les rebelles de Casamance. Mais l’abbé Diamacoune a tout fait foirer avec sa déclaration, quand il a parlé d’indépendance à la télévision. C’est ainsi que Abdou Diouf s’est lavé les mains de cette affaire », se rappelle l’homme, qui bénéficiera plus tard de la grâce présidentielle, sous Abdoulaye Wade.
« Après notre condamnation, l’État nous avait suppliés de ne pas faire de pourvoi en cassation. C’était pour éviter qu’une autre cour puisse nous juger. Une entente a été scellée au plus haut niveau de l’État », révèle encore Clédor Sène.
Aux auteurs des différentes publications sur l’affaire Me Seye, « aucun d’eux n’est venu vers moi alors que je détiens beaucoup plus de matière qu’eux, sur le sujet », a-t-il regretté.
Clédor Sène, enfin, de joindre sa voix à ceux qui demandent une abrogation de la loi Ezzan qui amnistie les auteurs présumés du meurtre de Babacar Sèye. « Je demande à la majorité parlementaire d’abroger la loi Ezzan, et aux magistrats qui ont perdu un de leurs supérieurs dans cette affaire, de tout faire pour que le dossier soit rouvert avant que je ne quitte ce monde, pour que les choses soient tirées au clair ».