Claude Le Roy et l’équipe du Togo ont installé leur quartier général à l’Institut Diambars sur la station balnéaire de Saly (70 kmS de Dakar). Ce sera pour les besoins de la préparation de la Can 17. Dans l’entretien qu’il a accordé à Sud Quotidien, l’entraineur des Eperviers partage son expérience africaine faite de neuf Can, ses performances et sur son passage avec la sélection du Sénégal. L’ancien sélectionneur des Lions (1988-1992) n’a pas manqué de donner son avis sur l’équipe du Sénégal à la Can Gabon 2017 mais aussi de ses ambitions avec le Togo qu’il place parmi les tout-petits de son groupe.
Le Sénégal est l’un des grands favoris. Et ce n’est pas du tout pour leur mettre la pression. Une équipe très solide. Sadio Mané qui est la figure de proue de cette équipe, et qui peut faire la différence à tout moment, un joueur éblouissant et particulier à Liverpool. Le Sénégal est une très grosse équipe, mais il y a d’autres potentiels favoris. Ça va être une Coupe d’Afrique très serrée. Il y a six ou sept équipes qui peuvent être championnes d’Afrique, mais je crois que l’heure du Sénégal a peut-être bientôt sonné. Si on est annoncé favori c’est parce qu’on produit un football de qualité, qu’on a des joueurs de qualité. Ce n’est pas facile d’être champion, le plus important c’est de continuer à travailler. Il ne faut pas s’arrêter à une soi-disant contre-performance. Le Sénégal a tout changé pour arriver à ces résultats.Qu’est-ce-que-on peut attendre de vous avec le Togo ?
Quand j’arrivais au Togo, on ne pensait même pas à une Can. On a pu quand même se qualifier en 2017. On va essayer de jouer à fond dans un groupe où les trois autres peuvent être champions d’Afrique. La RD Congo c’est l’une des meilleures équipes avec le Sénégal, l’Algérie, la Cote d’Ivoire, le Maroc. La Côte d’Ivoire, c’est le champion d’Afrique. Le Maroc a réussi à mettre en place deux équipes de haut niveau. Le Togo est donc les touts petit de ce groupe, on va essayer d’être les empêcheurs de tourner en rond.
Il n’y a pas d’équipe à craindre dans ce groupe. Nous disputons notre premier match le 16 janvier contre la Côte d’Ivoire. Mais le premier match n’est pas toujours déterminant. On a vu des champions d’Afrique ayant perdu leur premier match. On est en train de dire que si on rate le premier match, c’est la fin de tout. Mais ce n’est pas vrai. Se mettre le vent dans le dos, bien réussir le premier match, c’est plus intéressant. C’est bon pour le mental de l’équipe.
Quel est l’objectif qui vous est assigné ?
Il n’y a aucun objectif. L’objectif c’est de montrer la qualité comme j’ai toujours fait lors des phases finales de Can. Certaines ont été victorieuses, d’autres presque victorieuses, d’autres décevantes en résultat, mais pas en qualité. C’est le cas de Dakar 92, on a fait deux super matchs qu’on a perdus contre Nigéria et le Cameroun qui étaient des géants à l’époque. Deux matches qu’on aurait pu gagner. Le Sénégal aurait même pu gagner la CAN 90 en Algérie. Le football n’est pas une science exacte, mais le plus important c’est toujours essayer de développer un football de qualité. C’est ce qu’on va chercher à faire. Quand on donne l’exemple soit même on a la chance à la fin d’arriver à une 9e CAN. C’est une chose à laquelle je n’aurai jamais pensé quand j’ai commencé la première il y a 31 ans, mais ça se terminera en 2019. Ce sera, je l’espère la dixième et dernière. Ce sera un compte rond. Ce sera au Cameroun, là où tout a démarré. Formidable. Le Cameroun, c’est dans deux ans. Cela parait très court mais dans la carrière d’un entraineur c’est une éternité. La chance que j’ai c’est d’être toujours là présent sur un terrain, en forme, heureux de diriger des joueurs, d’être avec un staff qui a de la qualité.
Vous êtes un entraîneur très présent en Afrique…
J’aime le football à la folie, je suis passionné par le football. Je suis aussi passionné par l’Afrique. J’aime ce continent. C’est beaucoup de travail, d’exigence et il faut sans arrêt se remettre en question. Les choses ne sont plus les mêmes il y a trente ans, les joueurs ont besoin sentir un entraineur, se remettre en question, se réactualiser tout le temps. Etre à l’écoute de ce qui se fait de mieux. Les joueurs ne sont plus les mêmes, le niveau n’est plus le même, le background n’est plus le même. Dans le métier d’entraineur, si on pense qu’on est arrivé, on est mort. Il faut toujours considérer que le match le plus important, c’est le prochain.
Quelle Can vous a marqué ?
Ce n’est pas parce qu’on a gagné que c’est celle la qui m’a le plus marqué. J’ai toujours gardé comme grande tristesse cette élimination avec le Sénégal en quart de finale. Je sais qu’on avait une équipe magnifique et très structurée.
Sur une balle de contre en fin de match, on prend un but. On fait un match d’ouverture contre le Nigeria, qui est sans doute l’un des plus beaux matchs que j’ai vu en Coupe d’Afrique. Le Nigeria n’est pas en finale. Ce qui est une surprise parce que c’était probablement les deux meilleures équipes cette année-là. C’est la vie d’une Can. Il faut se rappeler qu’en ce moment-là, il y avait douze qualifiés. Avant, il y en avait que huit. Pour arriver en Algérie à huit qualifiés seulement, il fallait au dernier tour sortir la Tunisie qui était un des grands favoris. La Tunisie est le premier adversaire du Sénégal. On avait fait deux énormes matchs contre la Tunisie pour nous qualifier pour Algérie 90. Avec le Ghana, on a fini troisième en battant le Maroc, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, la Guinée. On peut penser qu’on a battu toutes ces équipes, on est champion d’Afrique. Mais cela n’a pas fait de nous des champions d’Afrique. On a fini troisième. On a fait un parcours d’une qualité technique incroyable mais cela ne suffit pas. il faut un coup de chance qui permettent de négocier un match bien compliqué et ça n’a pas été le cas avec le Ghana. »