Les déclarations polémiques de Cheikh Oumar Diagne, directeur des Moyens généraux à la présidence sénégalaise, continuent de susciter de vives réactions. Lors d’une récente interview, celui-ci a qualifié les tirailleurs sénégalais de « traîtres », affirmant que ces soldats ne recherchaient que de l’argent et n’avaient pas à être honorés. Une prise de position tranchée qui intervient à peine trois semaines après les cérémonies marquant le 80ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye.
Cheikh Bara Ndiaye, député du groupe PASTEF, a vivement réagi à ces propos. Selon lui, Cheikh Oumar Diagne fait preuve d’« une mauvaise lecture du contexte et des hommes ». Pour étayer son point de vue, le parlementaire rappelle que le corps des tirailleurs sénégalais, créé au début du 19ᵉ siècle, a évolué au fil des générations. « Ce ne sont pas les mêmes hommes », souligne-t-il. Ainsi, les tirailleurs ayant combattu les résistants africains lors de la colonisation ne doivent pas être confondus avec ceux qui, des décennies plus tard, ont subi les injustices de Thiaroye. « Les martyrs de Thiaroye incarnent une autre histoire, celle d’une lutte pour des droits légitimes », ajoute le député.
Ces échanges interviennent dans un contexte où le Sénégal, pour la première fois, a organisé une commémoration nationale du massacre de Thiaroye, un événement tragique survenu en 1944. À l’époque, des soldats africains, fraîchement démobilisés de l’armée française, avaient été réprimés pour avoir réclamé leur solde après avoir servi la France durant la Seconde Guerre mondiale.
Les propos de Cheikh Oumar Diagne, qui qualifie ces martyrs de « héros pour la France, mais pas pour nous », risquent de relancer le débat sur l’héritage des tirailleurs sénégalais. Pour Cheikh Bara Ndiaye, il est essentiel de distinguer les différentes périodes historiques et de ne pas réduire ces soldats à une vision simpliste ou erronée.