“Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, un fervent Mouride face aux ruses des élites temporelles”

baye-lahat

Dans les années soixante, des révolutions tout azimut avaient éclatés presque partout dans le monde. Mais au Sénégal, nous avons assisté seulement à une révolution politique. Une transition s’est opérée sur le plan politique. Nous nous sommes passé d’un gouvernement de colons à un gouvernement de soit disant nationalistes qui refusaient toute rupture socioculturelle. Ce qui compromettait l’élargissement des enneigements de Serigne Touba basés sur l’islam dans le pays. C’est dans ces circonstances amères que Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, troisième khalif général des Mourides a hérité de son frère aîné et très ami Cheikh Mouhamadou fadel mbacke, le khilafat de son honorable et très vénéré père, en 1968. Ce bâtisseur incontournable du Mouridisme et de l’islam, communément appelé en wolof “Niakki thiakhane” dégageait un leadership apprécié par le commun des mortels qui à l’époque était très rare. Il pratiquait un culte de la personnalité très charismatique, un sens de responsabilité très profond digne de son père.

Ceux dont les Mourides ainsi que le monde musulman avaient besoin pour s’échapper aux ruses de ceux qui fussent le produit de l’école française de l’époque. Le gouvernement de l’époque dont Senghor était à la tête, refusait toute rupture culturelle avec l’Occident. Par contre Cheikh Abdoul Ahad Mbacké le véridique pourvu d’un franc parler exceptionnellement inqualifiable qui ne craignait que le divin, l’omniprésent, s’était assigné la tâche d’établir cette révolution culturelle que le pouvoir temporel refusait d’opèrer.Ainsi Il a prit les devants en revêtant les Mourides d’une culture nouvelle ancrée sur les enseignements de Serigne Touba en leur montrant que tant que Serigne Touba est avec nous peu importe que quelqu’un soit contre nous. Aussi il nous a apporté un nouveau mode d’habillement sorti de l’ordinaire, le fameux bobou “Bay Lahad” unique dans son genre à l’image de son nom et un nouveau mode de vie basé sur le “tarbiyyah”.

C’est dans ce sillage qu’une réflexion d’un nouveau “nous” et un nouveau rapport avec l’autre fussent conceptualisés par le biais de la notion de “Mouride Saadikh”, qui est devenu l’idéal de tous les Mourides. Cet idéal fut incarné et matérialisé par Cheikh Abdoul Ahad Mbacké en personne en se revêtant des qualités et vertus de son vénéré père pertes de vue depuis très longtemps. Par ailleurs ce nouveau rapport d’un “nous” Mouride avec un “autre «d’un pouvoir temporel élaboré par Cheikh Abdoul Ahad Mbacké va influencer beaucoup de jeunes intellectuels et universitaire du pays. L’exemple la plus parfaite est le mouvement hizbu-tarqiyah, qui est né au sein de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, symbole du milieu intellectuel du pays. Ceci a eu lieu dans un environnement de révolution et de contre révolution. Par conséquent ce groupe travailleur désirant conjuguer les enseignements de Serigne Touba avec la modernité vont recevoir l’aval et le soutien total de Cheikh Abdoul Ahad Mbacké qui leur a inculqué les qualités qui constituent l’idéal du “Mouride Saadikh”.

Dans ce moment précis de l’histoire, le Mouridisme était victime des ruses du pouvoir de l’époque qui refusait de les insérer dans la fonction publique et dans les milieux intellectuels. Mais heureusement celui qui fut la fierté de l’islam et de tous les Mourides avait un esprit tellement éclairé qu’il savait trés bien retourné la situation en notre faveur sans aménager des efforts colossaux. Il a fait en sorte que nous ne manquions de rien et nous avait montré qu’on n’avait pas besoin du temporel, Serigne Touba nous suffisait largement. Au contraire, c’est le pouvoir temporel qui avait besoin de nous grâce à notre impact économique considérable et notre électorat raisonnablement émotionnel.

Ainsi il a placé les besoins du Mouridisme et de la ville sainte de Touba au déçu de tout lien avec le temporel. On se rappelle toujours de ces phrases véridiques lors de l’un de ces célèbres sermons à Touba:” je ne remercie jamais celui qui n’a rien fait pour nous… Quiconque apprécie ce que Dieu a fait de Serigne Touba peu importe l’endroit où vous êtes, nous t’accordons une place en nous, toutefois celui qui n’apprécie guère ce que le divin a fait de Serigne Touba nous ne vous associons à rien et vous ne valez rien pour nous”. Ceci fut un message trés clair adressé à tous ceux qui veulent traiter avec Touba. Soit vous manifestez un égard de respect envers Serigne Touba et sa famille, soit Touba coupe tout lien avec vous.

C’était à prendre ou à laisser. Ainsi on se rappelle aussi des propos véridiques que Cheikh Abdoul Ahad Mbacké avait tenu à l’égard de la radio nationale de l’époque qui est devenu l’actuel RTS1 après avoir écouté et entendu à maintes reprises les doléances des talibés “disciples”, qui dénonçaient les manques de respect de la radio envers la communauté Mouride. Concernant ceci il dit: “Nous sommes des Mourides aspirants à être des Saadikh, mais je veux que vous sachez clairement que nous ne sommes pas des bêtes, nous sommes des gens doués de raison, après cela nous sommes des sénégalais, donc si la radio n’appartient pas au Senegal, mais au directeur qui détermine ce qui y passe, qu’on nous le dise et qu’on la considère comme la radio guinéenne ou malienne. Ainsi s’il appartient au Sénégal et que nous Mouride on ne nous considère pas comme des sénégalais, nous n’y remettons plus jamais les pieds…”.

Ces propos véridiques et directes suscitassent chez les mourides un sentiment de fierté indescriptible. Ainsi le fonctionnement arbitraire de la radio nationale changea radicalement. Tout ceci montre qu’il fut intransigeant avec les autorités politiques du pays et ceux de l’étranger. De ce fait le président Senghor puis l’homme d’état Abdou Diouf avaient tous les deux un respect absolu envers Cheikh Abdoul Ahad Mbacké. Ils le consultaient et l’écoutaient toujours concernant la gestion du pays. Cette figure légendaire de l’islam plaçait le Mouridisme au centre de tout. Il fut un nationaliste mouride incarné, un mouride Saadikh jusqu’au plus profond de son âme.Celui ci constitue un repère exceptionnel pour la jeunesse Mouride.
Que Dieu lui accorde davantage de ses bienfaisances et de ses grâces au paradis.

Le Titre est de la rédaction

Son titre qui nous est parvenu est : Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, un fervent Mouride Saadikh, jusqu’au plus profond de son âme qui a fait face aux ruses des élites temporelles du Sénégal et de l’Occident.

Khadim Mbacke ibn Serigne Modou Mbacke Abdoul Ahad

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