ÉTATS-UNIS – Ce n’est pas seulement un nouvel élément dans les soupçons de collusion entre Donald Trump et Moscou, c’est « la preuve la plus évidente que le président a directement tenté d’influencer le ministère de la Justice et le FBI dans ses enquêtes sur la Russie », juge le New York Times.
Le quotidien publie ce mardi 16 mai des extraits de notes prises par James Comey, le directeur du FBI renvoyé par Trump le 9 mai, dans lesquelles le patron de l’agence de renseignement s’inquiète du fait que le président américain lui a demandé d’abandonner l’enquête qui visait Michael Flynn, l’un de ses conseillers au cœur du dossier russe.
« J’espère que vous pourrez trouver un moyen de passer à autre chose, de laisser Flynn tranquille. C’est quelqu’un de bien. J’espère que vous pouvez laisser tomber ça », a demandé Donald Trump à James Comey le 14 février dans le Bureau ovale après une réunion avec son ministre de la Justice et son vice-président à qui il venait de demander de le laisser seul avec le directeur du FBI.
L’option d’une destitution est maintenant sur la table
Une telle requête venant du président représenterait une interférence directe dans une enquête en cours et pourrait être considérée comme une obstruction à la justice. Un délit qui peut servir de motif pour déclencher une procédure de destitution, comme l’a assuré l’élu démocrate Ted Deutch sur Twitter.
John McCain, sénateur républicain et candidat malheureux à la présidentielle de 2008 face à Obama, en est même arrivé à déclarer en public dans la soirée que les scandales qui touchent Trump atteignent maintenant les niveaux de Watergate.
Le New York Times, contacté par un ancien collègue de James Comey qui a dévoilé plusieurs passages de ces notes internes, explique que Donald Trump a ensuite insisté que Michael Flynn n’avait rien fait de mal. Le patron du FBI n’a pas répondu à la demande de Trump mais a concédé que le conseiller en question était « quelqu’un de bien ».
Interrogée par le quotidien, la Maison Blanche a démenti immédiatement. »Le président n’a jamais demandé à M. Comey ou qui que ce soit de mettre un terme à aucune enquête, y compris celle qui visait le général Flynn. Le président a le plus grand respect pour les agences de sécurité et ses investigations, ce n’est pas une représentation honnête de la conversation qui a eu lieu entre le président et M. Comey ».
Deux sources ont expliqué que Comey avait pris des notes, dont certaines sont classées confidentielles, après chaque conversation ou rencontre avec Trump car sa relation avec le président le mettait parfois mal à l’aise.
Ce type de notes étant généralement considéré devant un tribunal comme une preuve crédible de la teneur d’une conversation, Comey pensait aussi qu’elles pourraient être utiles en cas de litige. Il en a partagé certaines avec ses collègues du FBI, dont celles dévoilées ce lundi par le New York Times.
Michael Flynn, au cœur du scandale
Ces partenaires de Comey ont jugé qu’il n’y avait aucun moyen de prouver le contenu de la conversation et ont donc conseillé de ne pas dévoiler ces notes sur le moment. Les personnes chargées de l’enquête sur Flynn n’en avaient même pas été informées pour éviter toute perturbation.
Mais après les menaces de Trump en direction de l’ex directeur du FBI vendredi dernier, à qui il conseillait de ne rien faire fuiter de leurs échanges dans la presse, la donne semble avoir changé. En réaction à l’article du New York Times, une commission du Congrès a demandé au FBI de lui fournir tous les mémos écrits sur ces conversations avec Trump pour faire la lumière sur ce nouveau scandale qui touche le président en poste depuis moins de quatre mois.
Michael Flynn avait été nommé conseiller à la sécurité nationale en novembre dernier mais a été forcé de démissionner le 13 février, la veille de cette rencontre entre Trump et Comey, après la révélation de contacts répétés avec l’ambassadeur russe aux États-Unis au sujet des sanctions américaines contre Moscou. Flynn n’a en plus de cela jamais fait mention de sommes d’argent reçues d’entreprises russes dans sa demande d’accréditation de sécurité, début 2016.
La diffusion de ces notes de James Comey arrive à un très mauvais moment pour le président américain: Donald Trump a lui-même reconnu le 11 mai avoir renvoyé le directeur du FBI en partie à cause de l’enquête qu’il avait lancé sur les possibles liens entre son équipe de campagne et Moscou et le Washington Post a dévoilé ce 15 mai que le milliardaire new-yorkais avait partagé des informations confidentielles avec le ministre russe des Affaires étrangères.
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