Sa carrière n’aura jamais été un long fleuve tranquille. A 30 ans, Ibrahima Touré s’apprête à se trouver un dixième maillot à arborer. Véritable globe-trotter, cet international sénégalais (4 sélections), qui a connu le sommet et la base d’une montagne, lors de son passage sur le Rocher de Monaco, avant de s’exiler vers les prairies asiatiques, entre les Emirats Arabes Unis et la Chine, s’est posé pour nos lecteurs, au moment d’annoncer la fin de son aventure avec le Fc Liaoning, afin d’aborder les grandes pages de sa carrière, la fausse réputation de flambeur qui lui colle au dos, sans doute à cause d’une proximité assumée avec le célèbre chanteur Wally Ballago Seck. Proximité qui lui aura d’ailleurs valu d’être cité dans une histoire de voiture qui a finalement atterri sur la table du juge.
«Monaco a été injuste avec moi»
«Je peux bien revenir en Equipe nationale»
«J’ai décidé de quitter Liaoning Fc»
«L’histoire de la voiture entre Wally Seck et moi»
«Je ne suis pas un jet-setteur, je n’ai jamais mis les pieds dans une boîte au Sénégal»
Vous venez de révéler la fin de votre aventure avec le club chinois de Liaoning où vous avez passé quelques mois. Que retenez-vous de ce passage, votre deuxième dans le championnat chinois, après vos débuts en 2005 ?
Oui, j’ai décidé de quitter le club chinois Liaoning Fc, mais rien n’est encore officiel. Ce fut une aventure riche en expérience. Le championnat chinois étant en train de se développer n’est pas très médiatisé et a beaucoup changé, comparé à mes débuts en 2005. Et j’ai gagné en expérience (depuis lors).
Votre parcours professionnel a souvent été très mouvementé, entre la Chine, le Maroc, la France, l’Iran et les Emirats Arabes Unis… Cinq pays, trois continents. Signe d’une instabilité ou plutôt celui d’un joueur qui marche à l’instinct ?
Je crois que ce parcours atypique m’a plus forgé et témoigne de la facilité que j’ai à m’intégrer. Le style de jeu est différent à travers chaque club et j’ai beaucoup appris. Comme vous le savez, la carrière d’un joueur de football passe vite et il faut en profiter sur deux aspects : sportif et financier.
De toutes ces aventures, que retenez-vous principalement, de positif, comme de négatif ? Quels sont vos meilleurs et pires souvenirs ?
Ce que je retiens le plus, c’est que, Alhamdoulillah (je rends grâce à Dieu), ça s’est bien passé, la plupart du temps. C’est vrai aussi qu’il y a, comme en toutes choses, des points positifs et des points négatifs. Ce que je retiens, de positif, c’est que sportivement, je suis resté compétitif et je continue de gagner en expérience.
Votre passage à Monaco, le plus grand club que vous avez fréquenté, donne l’impression d’une histoire inachevée. En très peu de temps, vous y avez inscrit une trentaine de buts, en Ligue 2, sous la direction de l’Italien, Claudio Ranieri et une fois la montée en Ligue 1 acquise, vous avez été relégué au second plan, au profit de l’arrivée de Falcao, avant de faire vos valises pour un choix surprenant. Aujourd’hui, avec le recul, pouvez-vous nous dire ce qui s’était réellement passé à Monaco et les raisons qui vous ont poussé à ne pas rester en Europe ?
A l’As Monaco, j’avais réussi mon passage. Mais l’entraîneur, Claudio Ranieri, avait fait ses choix et je ne pouvais rester sans jouer, car je souhaitais rester compétitif. Il y avait d’autres propositions en Europe, mais l’As Monaco ne voulait pas me vendre en France, ce qui était injuste, à mon avis, car les dirigeants du club savaient que si je rejoignais un autre club en France, j’allais réussir comme je l’ai fait à Monaco. Ils ne voulaient surtout pas que je puisse avoir raison sur eux, notamment par rapport aux supporters. Il y a eu également d’autres offres venant de Turquie, d’Espagne, d’Italie et même de Russie. J’ai fait le choix de partir à Al Nasr (Dubaï, Emirats Arabes Unis), le projet de ce club m’ayant beaucoup plu.
Le championnat chinois est de plus en plus prisé des footballeurs sénégalais. Demba Bâ, Babacar Guèye, Mourchid Iyane Ly y ont fait un passage. Qu’est-ce qui attire dans ce championnat ? L’argent ?
Dans le football, comme je l’ai dit tantôt, tout va très vite et il y a deux aspects à prendre en compte : le sportif et le financier. Je vous retourne la question (rires).
Sur les réseaux sociaux, en annonçant votre départ de Liaoning Fc, vous avez été énigmatique sur votre prochaine destination. Alors, quel est le dixième club dont vous porterez le maillot ?
Rien n’est encore fait. Le moment venu, vous en aurez l’exclusivité incha Allah.
Votre départ à Al Nasr vous a écarté de l’Equipe nationale du Sénégal, alors que vous commenciez à l’intégrer (4 sélections). Un regret dans votre carrière ?
Franchement, je n’ai pas de regret à ce niveau. Naturellement, cela a été pour moi une grande fierté de porter les couleurs nationales. Et puis, on ne sait jamais… Je peux bien revenir (en Equipe nationale), à force de travailler et en intégrant une équipe européenne.
Continuez-vous de suivre les performances de la Sélection nationale ? Comment la voyez-vous dans le court terme, avec la Can 2017, dans quatre mois et le dernier tour des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 ?
Je suis l’Equipe nationale et je trouve que c’est une bonne équipe, avec un bon entraîneur (Aliou Cissé). C’est le coach qu’il fallait depuis le début, car c’est un ancien international qui a beaucoup d’expérience et qui connaît bien comment ça se passe au sein de l’équipe. Et puis, je suis convaincu que les gars sont capables d’aller très loin, parce qu’ils sont de bons joueurs. Je leur souhaite de faire une excellente coupe d’Afrique et de se qualifier au Mondial.
Votre image, comme celle de la plupart des joueurs qui font carrière dans les pays asiatiques, reste collée à celle d’un viveur, d’un sportif jet-setteur, flambeur dans les boîtes. On a d’ailleurs vu Wally Seck chanter vos louanges dans un de ses tubes. Est-ce une image que vous revendiquez ?
Je ne suis pas un jet-setteur, loin de là ! Déjà, je ne suis jamais entré dans une boîte de nuit au Sénégal, les gens qui me connaissent peuvent en témoigner. C’est peut-être, la chanson de Wally Seck qui m’a collé cette réputation de flambeur, mais honnêtement, je n’en suis pas un.
Justement, quels sont vos rapports avec Wally Seck ? Outre sa chanson, vos noms ont été mêlés dans une histoire de vente de voiture qui a atterri à la justice. Que pouvez-vous nous dire à propos de cette affaire ?
Ma relation avec Wally Seck ne date pas d’aujourd’hui. Je le considère comme un frère. Là, je me concentre sur ma carrière, c’est ma priorité. Vous savez, cela fait un an que je ne sais pas vraiment ce qui se passe au Sénégal, c’est pourquoi je ne veux pas trop m’aventurer dans cette histoire de voiture. J’en avais déjà parlé (ce qu’il en avait dit: «Je ne suis pas du genre à étaler ce qui se passe avec mes amis et moi. Je n’ai jamais été impliqué dans une histoire de voiture volée. La voiture en question avait des papiers en règle, je l’avais déjà à Monaco»). Donc pour moi, ce débat est clos et je ne veux pas entrer dans ces détails.
Aujourd’hui, à trente ans, après une douzaine d’années en pro, qu’est-ce qui fait courir Ibrahima Touré ? Qu’avez-vous envie de découvrir pour ce qui reste de votre carrière ?
Il me reste environ 7 ans de carrière et mon hygiène de vie me le permet. Tout peut arriver et on ne sait ce que l’avenir nous réserve.
BABACAR NDAW FAYE
IGFM