Le débat sur la poursuite de la traque n’aura pas de suite. Une élite politique et civile en fait un sujet continu. Mais les signes précurseurs de son arrêt sont bien antérieurs à la libération controversée de Karim Wade.
Awa Ndiaye a été le cas spectaculaire. Mais elle n’a jamais été inquiétée. La Société civile, les forces de gauche, les militants de la bonne gouvernance et l’opposition n’en ont fait qu’un débat expéditif. Ousmane Ngom a, pour sa part, bénéficié d’un soutien politique identifiable à un appui institutionnel. Interdit de sortie du territoire national, c’est dans l’avion présidentiel qu’il a enfreint cette décision de justice aux cotés du …. président de la République. Il n’y a pas de cas plus grave que celui-ci. Pourtant, il est à l’aise, nargue ceux qui se prennent à lui et se manifeste partout où le président de la République est présent. C’est un autre signe de la farce de cette traque de biens mal acquis.
Pour preuve, des négociations internationales, politiques, secrètes et clandestines ont été menées dans la plus grande discrétion pour aboutir à la libération de Karim Wade. Cet acte, considéré par certains comme un deal et par d’autres comme une affaire d’État, ne livrera pas ses secrets. Il y va de la crédibilité de la Justice, du président de la République et de la stabilité nationale.
À ses débuts, la CREI avait publié une liste de 25 personnes ciblées, il y a presque quatre ans. Qu’en est-il et qu’en sera-t-il ? Allons donc ! Poursuivre la traque serait mettre à la barre non seulement d’anciens dignitaires du régime PDS dont l’écrasante majorité est, aujourd’hui, aisément installée dans l’APR, mas c’est aussi et surtout secouer le régime actuel et ouvrir la voie à un déballage qui n’épargnera point Macky Sall.
Qui peut imaginer que celui-ci prendra ce risque ? L’avenir de cette traque oppose l’éthique et le réalisme. Les jacobins de la gouvernance vertueuse auront en face d’eux les précautionneux du réalisme politique qui évitent de passer d’accusateurs en coupables.
Dans une démocratie civilisée, Aminata Touré, subtilement désavouée, aurait démissionné et serait ovationnée par toute une Nation. Les alliés qui ne se retrouvent pas dans ce deal auraient également déserté par logique plutôt que d’investir les médias pour lancer des diatribes.
Cette traque de biens supposés mal acquis est en fin de mission. Tout le reste est artificiel. Karim Wade a été la principale cible, non de Macky Sall, mais de tout la Nation pour ce qu’il fut : distributeur automatique, ministre d’État chargé de tout et de tous, monarque en stage dans un régime où n’existaient que le trône du père et le sceptre du fils héritier et vice-dieu dont les adeptes avaient pour confrérie la génération dite du concret.
Macky Sall, au nom du peuple, ne lui a pas fait venir à la représentation nationale pour s’expliquer. Devenu président de la République, il a réussi à le traduire en justice et à le faire condamner. Les soldes sont donc réglés. La mission de la CREI est ainsi finie. Il faut alors peu d’imagination pour imaginer une poursuite de la traque.
Macky et le PDS se connaissent. Si certains parmi les 25 cités ne sont pas encore inquiétés, c’est parce qu’ils possèdent un grenier de délation et de déballages qui seraient politiquement préjudiciables à Macky Sall. Et comme l’aurait dit Idrissa Seck, entre le PDS, Rewmi et l’APR « c’est l’histoire des grands bandits ».
Le Piroguier/rewmi quotidien