Alors que des lettres du père de Barack Obama ont été trouvées en 2013 dans un centre du quartier de Harlem, leur existence n’a été rendue publique par le New York Times qu’en ce mois de juin. Malgré les appels, le Président américain ne semble pas vouloir les lire.
Au Centre Schomburg pour la recherche sur la culture noire, à New York, des dizaines de lettres du père de Barack Obama. Ces pages intimes, datées de 1958 à 1964, retracent son parcours : celui d’un jeune Kenyan de 22 ans, originaire d’un petit village, dont le rêve est d’apprendre l’économie aux États-Unis. Lorsqu’une aide financière lui est enfin accordée, Barack Hussein Obama s’envole pour les États-Unis, puis pour Hawaï.
La vie de famille compliquée de Barack Obama Senior n’est presque jamais évoquée dans ces textes. Il y raconte principalement ses études à l’Université de Hawaï, où il obtiendra une licence en économie, puis son master à Harvard.
C’est pourtant à cette période qu’il rencontre Ann Dunham, une femme blanche de 17 ans originaire du Kansas. Alors qu’à cette époque la ségrégation persiste, elle épouse Barack Obama Senior à Honolulu. En 1961, la famille s’agrandit avec la naissance de Barack Obama, futur Président des États-Unis.
Lorsqu’il épouse Ann Dunham, le père de Barack Obama est déjà marié et père d’une famille restée au Kenya. Dès 1964, alors que Barack Obama Junior n’a que trois ans, il retourne seul dans son pays natal, avec l’ambition de retrouver cette famille qu’il a quittée et devenir membre du gouvernement kenyan. Il n’y parvient jamais, et sombre dans l’alcool tout en « pensant régulièrement au fils qu’il a laissé à Honolulu ». Barack Obama revoit son père a 10 ans, lorsque celui-ci vient lui rendre visite. Ce sera l’unique et dernière fois avant sa mort, à 46 ans, dans un accident de voiture au Kenya.
Le Président n’a donc presque jamais connu son père. C’est peut-être la raison pour laquelle, malgré les appels du Centre Schomburg en 2013 pour lui faire lire ces archives, Barack Obama n’a jamais souhaité s’y rendre. En revanche, il s’exprime régulièrement sur l’impact que l’absence de son père a eu sur sa vie – et la détaillait dans une autobiographie parue en 2008, intitulée Les rêves de mon père. En mai dernier encore, il disait au New York Times : « J’ai passé beaucoup de temps à tenter de comprendre l’absence d’un modèle (…), ce que signifie être un homme, ou dans mon cas, un homme noir ou un homme d’origines mixte dans cette société. (…) C’est seulement plus tard que vous vous rendez compte des choses que vous avez peut-être fait dans la recherche d’un père absent ».
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