Maintenant que les investitures sont faites et les listes déposées depuis mardi 30 mai 2017, il importe d’analyser les forces et faiblesses des principales coalitions en compétition pour les législatives du 30 juillet prochain. Il y a, à première vue, trois grandes forces en présence : Benno Bokk Yaakar (majorité parlementaire), Mankoo Taxawu Senegaal (opposition) et Coalition gagnante Wattu Senegaal (opposition).
Les jeux et les enjeux de cette grande confrontation électorale se joueront, sans nul doute, entre ce trio, qui regroupe les forces significatives de la classe politique sénégalaise. Dans ce mortal combat, BBY part largement défavorisé, compte tenu des multiples handicaps qui gangrènent cette coalition dite de la majorité présidentielle. Avec un peu de tact et une communication ciblée, les deux coalitions de l’opposition s’en sortiront avec une large victoire, le soir du 30 juillet 2017.
En dépit de la dislocation apparente de Mankoo Wattu Senegaal(en deux grandes coalitions), les chances de constituer une majorité électorale, reste intactes, tant l’impopularité du régime Macky Sall est grandissante, alors que les tares de la 12 ème législature, incarnée par BBY sont encore vivaces dans le subconscient des électeurs sénégalais.
Il importe, cependant que le duo de l’opposition sache conduire la campagne électorale avec le maximum de rigueur et de clarté dans le discours, marqué par une élégance qui annoncerait les prémices d’une Assemblée nationale de rupture. Le défi peut paraître redoutable quant on sait qu’à l’absence d’une stratégie de communication concertée, il ne serait pas facile de jouer ensemble avec le même tempo.
Il y aura aussi-naturellement-quelques zones de friction entre les deux forces de l’opposition, mais il s’agira de rester lucide et de se focaliser sur l’adversaire principal et commun qu’est BBY. En tenant compte des forces qui composent chacune des deux grandes coalitions de l’opposition, on peut affirmer avec certitude qu’elles partent favorites, en dépit des vociférations des thuriféraires du régime en place, qui tentent de rassurer les gens de Benno en donnant l’impression que la coalition de la majorité est en pool position !
Les principaux handicaps de BBY:
D’abord, le bilan de la 12 ème législature qui leur est imputable est catastrophique. Ce bilan est tellement négatif, qu’ils comptent le ranger de côté, pour présenter durant la campagne électorale le bilan du «du gouvernement», c’est-à-dire celui de l’Exécutif. Or, il s’agit d’élire les membres du pouvoir législatif, sensés contrôler et évaluer l’action du gouvernement, d’après les dispositions explicites de notre Constitution. Le fait de désigner un chef du gouvernement pour diriger la liste nationale de BBY prouve que l’Exécutif avait non seulement phagocyté les tenants du pouvoir législatif (qui se disaient : députés de Macky Sall) durant la 12 ème législature, mais qu’ils œuvrent encore pour perpétuer la même situation déplorable durant la prochaine législature ! Il est tout simplement inconcevable que Mouhamed Abdallah Boune Dione soit désigné pour nous parler du bilan de la 12 ème législature !
Pour ce qui est du bilan du Président de la République, qui n’est pas pour autant meilleur que celui de la législature concernée, M. Dione ne perdrait rien à attendre 2019, pour nous en parler. Ceci permettrait à son mentor de finir peut-être de peindre les quelques projets hérités du régime Wade, tel l’aéroport international Blaise Diagne, comme dirait le Président Idrisqsa Seck.
Deuxième handicap majeur, le dossier brûlant du pétrole. L’opposition et le peuple sénégalais en général, n’accepteront jamais que ce dossier soit esquivé durant la campagne électorale, pour divertir le peuple fatigué du Sénégal avec les 5 thèmes chimériques que récitent par cœur, tout bon militant de l’Apr ; à savoir : Les Bourses familiales, la Couverture Maladie Universelle, le Pudc, l’autoroute à péage Diamniadio- Blaise Diagne et le fameux PSE).
La gestion du pétrole est d’une importance capitale pour l’avenir de notre démocratie et le développement économique de notre pays , au point de mériter d’être traitée avec toute la rigueur requise.
Troisième handicap, le mécontentement sera généralisé au sein de l’armée mexicaine, dénommée APR, dès que les listes des investitures seront portées à la connaissance du grand public. Cela est tellement évident que le Patron des Marron-beige a publié hier un communiqué pour tenter d’apaiser les ardeurs et d’étouffer les amertumes et les frustrations, qui naîtront inévitablement des parachutages politiques orchestrés d’en haut. Les alliés non plus, ne seront pas contents du hold-up, le jour où ils se rendraient compte des pseudo investitures, confiées au seul maître à bord, chef de l’Apr.
Enfin, tout le monde a compris qu’on cherche à pousser Boune Abdallah Dione à la sortie, comme ce fut le cas avec Macky Sall, lors des législatives de 2007, pendant qu’il était, lui aussi, Premier Ministre du Président Wade, mais de là à le propulser au purgatoire que représente la posture de tête de liste de BBY, il y a un pas qu’on aurait jamais dû franchir. En mon âme et conscience, j’estime que Mouhamed Boune Abdallah Dione ne mérite pas un tel sort.
*Ancien Ministre
Militant du Grand Parti