De par ses pratiques au-delà de l’orthodoxie musulmane et qui frise le folklore, Cheikh Béthio heurtait bien des disciples mourides. Libéré provisoirement suite à une accusation de complicité d’un double meurtre dans une de ses concessions où il séjournait, ce guide des Thiantacounes s’est récemment singularisé négativement, en déniant tout pouvoir spirituel au premier Khalife de Serigne Fallou Mbacké ; en l’occurrence le regretté Serigne Modou Bousso Dieng. Ce qui lui a valu depuis le courroux même des Baye Fall, dont l’un l’a même menacé de mort. Pour sauver sa peau, Cheikh Béthio a présenté ses excuses au Khalife général des Mourides, Serigne Sidy Mokhtar Mbacké. Comme pour lui rappeler que leur confrérie ne peut souffrir d’aucun révisionnisme mais s’inscrit dans la continuité, le marabout lui a demandé de réitérer ses déclarations en public et de les lui prêter. C’est ainsi que ceux que ses propos avaient outré ont fini par le pardonner. La démarche de Serigne Sidy Mokhtar rappelle ainsi celle du deuxième Khalife général des Mourides, Serigne Fallou Mbacké. Un homme fut à l’époque arrêté à la hauteur de Fatick avec une certaine quantité de tabac maure dans une voiture officielle. Aux pandores, il dira que la « marchandise » appartenait à Serigne Fallou, qu’ils se résignèrent à joindre par téléphone. Informé le valeureux et mystique fils du fondateur du Mouridisme ordonnera aux gendarmes de lui faire venir le monsieur, puisqu’il n’attendait que lui. Quand celui-ci arriva à Touba avec son produit et que les gendarmes repartirent dépassés, le Khalife fit incinérer le tabac, avant de s’adresser à celui qui l’accusait par désespoir. Il lui conseilla de se tourner vers des activités licites dignes d’être mêlées à son nom. Serigne Touba n’avait-il pas excusé aux colons, malgré même des tentatives de liquidation sur sa personne. Serigne Sidy Mokhtar a ainsi réitéré un enseignement et a demandé à Béthio de mettre fin à ses agissements, dont même les unions qu’il célébrait entre ses disciples ; désormais interdits du port de son effigie et des danses auxquelles il s’adonnait avec eux, sur fond de tam-tams. Cheikh Béthio obligé ou sincèrement décidé de revenir à l’orthodoxie ? A défaut, il sera seul avec ses «Thiantacounes », face à une communauté, qui compte des fanatiques. Pour l’heure le Khalife a sauvé la tête de Béthio, qui était mise à mort.
