Ce «Kremlingate» qui empoisonne le président

Etats-UnisLe limogeage du patron du FBI James Comey s’ajoute au dossier à charge contre l’administration Trump, plombée par les affaires russes.
Des hackers russes se sont-ils immiscés dans l’élection électorale américaine avec la complicité de l’équipe de campagne de Donald Trump? Et, question corollaire, Moscou se serait-il donné les moyens de s’ingérer, par la compromission de certains personnages de l’entourage du président, au sein du pouvoir américain? A ces interrogations sur lesquelles ses services enquêtaient, le patron du FBI James Comey, limogé jeudi par Donald Trump, n’aura donc pas eu le temps de répondre. Mais politiquement, toute l’affaire du «Kremlingate» a déjà fait sa part de dégâts dans le clan Trump.

Pour rappel, les services du renseignement américain avaient officiellement conclu en décembre 2016 que des hackers russes se sont introduits dans les e-mails du Comité national démocrate. Le 29 du même mois, Barack Obama ancrait l’idée que le Kremlin était derrière cette opération afin d’influencer l’élection, et expulsait en guise de représailles 35 diplomates russes. C’est sur cette trame que s’est greffée la question spécifique des liens entre l’équipe de campagne de Donald Trump, voire Trump lui-même, avec les brouilleurs de cartes russes.

Coups de fils illégaux

Premier coup sévère pour le nouveau président: le 12 janvier 2017, à huit jours de l’investiture, le Washington Post affirmait que l’ex-général Michael Flynn, nommé conseiller à la sécurité nationale par Trump, avait eu plusieurs échanges téléphoniques avec l’ambassadeur russe aux Etats-Unis, Sergueï Kisliak, le 29 décembre, soit le jour même où Obama expulsait les diplomates russes. Des coups de fil illégaux, car encore menés sous la gouvernance démocrate, et qui plus est avec un Etat sous sanctions américaines. Une enquête est ouverte qui vaut à Michael Flynn le soupçon d’être qualifié par la procureure générale par intérim Sally Yates de «potentiellement vulnérable à un chantage russe», puis sa démission contrainte le 13 février.

Des coups de fil avec la Russie, il en aurait été question durant toute la campagne électorale de Trump, selon le New York Times du 14 février. Des enregistrements téléphoniques du FBI auraient permis d’établir que des contacts ont en effet eu lieu entre les renseignements russes et des proches de Donald Trump. Les noms sortent, nouvel embarras pour le président qui crie au complot: le FBI s’est intéressé à Michael Flynn, mais aussi à son ex-conseiller James Carter, ou encore à Paul Manafort, son ex-directeur de campagne qui avait démissionné pour ses liens révélés avec l’ex-président ukrainien prorusse Ianoukovitch.

Plus gênant encore pour Donald Trump, le «Kremlingate» remonte jusqu’au sommet du pouvoir. Début mars, le procureur général Jeff Sessions a dû reconnaître avoir rencontré lui aussi, à deux reprises, l’ambassadeur russe aux Etats-Unis, en été 2016. Sous pression, il a été contraint de se récuser de l’enquête du FBI sur le «Kremlingate».

(24 heures)

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