L’Allemagne, éliminée du Mondial-2018 au premier tour, va maintenant devoir trouver les raisons d’un échec historique. Certaines se trouvent tout simplement sur le terrain, avec une défense instable et l’absence d’un véritable buteur.
D’autres seront probablement à chercher dans la préparation et l’agitation extra-sportive qui a perturbé l’équipe ces dernières semaines, notamment la polémique autour de la « loyauté » des joueurs d’origine turque Ilkay Gündogan et Mesut Özil.
Tour d’horizon:
1/ Le syndrome des tenants du titre
Au delà de toute superstition, Joachim Löw l’avait dit plusieurs fois avant le tournoi: « Conserver un titre est ce qu’il y a de plus difficile ». Qu’ils le veuillent ou non, les Allemands ont entendu et lu depuis des mois qu’ils étaient imbattables. Ils ont fini par le croire. A chaque match de préparation raté, on entendait comme un mantra: « Nous sommes une équipe de tournoi, nous serons prêts le jour J ». Mais face aux champions du monde, Mexicains (vainqueurs 1-0), Suédois (battus sur le fil 2-1) et Sud-Coréens (vainqueurs surprise 2-0) ont joué le match de leur vie, et il a manqué à la Mannschaft ce supplément d’âme qui permet à une équipe de se surpasser pour aller chercher la victoire.
2/ Les choix du coach
La défaite consommée, on reparlera à coup sûr de certains choix de Joachim Löw. D’aucun lui avaient reproché de ne pas avoir emmené en Russie le jeune feu-follet de Manchester City Leroy Sané. Personne, dans l’équipe éliminée mercredi, n’avait sa capacité à pénétrer les défenses compactes par la seule vivacité de ses dribbles.
La fidélité de Löw à ses joueurs d’expérience a été qualifiée « d’entêtement » par certains consultants. Mesut Özil, hors du coup dès le premier match, a été titularisé pour le match de la dernière chance contre la Corée du Sud. Mais d’autres vieux grognards, Khedira et Müller notamment, sont totalement passés à côté de leur Mondial malgré la confiance que le sélectionneur leur a témoignée.
De l’avis de tous les experts, cette élimination marque la fin d’une génération dorée, qui était encore représentée en Russie par Neuer, Hummels, Boateng, Kroos, Özil et Müller. Malheureusement pour l’Allemagne, la génération suivante, celle des Goretzka, Brandt ou Kimmich n’était pas encore suffisamment mûre pour prendre les rênes dans ce tournoi.
3/ Une équipe déséquilibrée
Les carences défensives ont provoqué la défaite initiale contre le Mexique. Quand l’Allemagne a dominé, elle s’est exposée à des contres qu’elle n’a pas su endiguer. Les matches de préparation l’avaient montré, les défenseurs centraux se retrouvent régulièrement en un contre un.
En 2014, Löw avait commencé le tournoi en alignant quatre défenseurs centraux de métier dans la ligne arrière. On lui avait reproché le manque d’apport offensif, mais au moins la stabilité était-elle assurée. En cours de tournoi, Philipp Lahm avait pris le flanc droit, mais le capitaine avait une expérience et une lecture du jeu qu’est loin d’avoir le jeune Joshua Kimmich.
Devant, le manque de réalisme a été fatal. Depuis la retraite internationale de Miroslav Klose, le recordman des buts en Coupe du monde (16), l’Allemagne se cherche un buteur. Au Mondial brésilien, Müller avait assuré l’intérim, sans être un véritable chasseur de but. A l’Euro-2016 en France, l’absence d’un avant-centre efficace et réaliste avait été un handicap, notamment contre la France en demi-finale.
L’Allemagne avait cru un peu vite que Timo Werner, 22 ans, brillant avec Leipzig, allait devenir le « Bomber » de la prochaine décennie. Le jeune avant-centre avait brillé l’an dernier en Coupe des confédérations, mais est resté muet en Russie.
4/ L’affaire Özil/Gündogan
Ils avaient beau assurer qu’ils pouvaient faire abstraction des polémique politiques, les joueurs ont été confrontés pendant des semaines en conférence de presse et en interview aux mêmes questions sur « l’affaire ».
Depuis que Mesut Özil et Ilkay Gündogan ont rencontré le président turc, l’Allemagne s’est déchirée pour savoir si ses enfants d’immigrés étaient loyaux ou non au maillot de l’équipe nationale.
L’encadrement de la Mannschaft a bien tenté de déminer, mais Joachim Löw l’a avoué, les deux joueurs « ont souffert » de cette affaire.
Les prochains jours diront aussi probablement si l’ambiance au sein du groupe était aussi idéale que les joueurs et l’encadrement voulaient bien la décrire.