Tout au début de l’affaire dite Khalifa Sall, le dépôt d’une caution pour obtenir une liberté provisoire était écarté, par le maire de Dakar, ses proches collaborateurs, sa famille et ses conseils, avaient tous parlé de rançon.
Aujourd’hui, après 9 mois de prison, tous sont convaincus que la caution reste le seul salut pour que le maire de Dakar hume l’air pur de la liberté.
Enfin, la caution… !
Khalifa Sall a décidé de payer sa caution pour tenter d’obtenir une mise en liberté provisoire. En prison depuis mars dernier, soupçonné de détournements de deniers publics, le député-maire de Dakar a donc, via ses avocats, présenté au juge une caution sous forme d’hypothèque d’un montant équivalent à la somme qui aurait été détournée : 1,8 milliard de francs CFA, 2,7 millions d’euros.
Neuf mois de détention pour Khalifa Sall et presque autant de temps pour le convaincre de payer cette caution. Il a fallu la persuasion de ses proches, de son réseau politique, de sa famille et de ses avocats.
« Cela a été d’autant plus difficile que, comme vous le savez, c’est une affaire éminemment politique. Ce sont plusieurs hypothèques. Ce sont des biens qui sont offerts », explique son avocat Me Khoureyssi Ba.
En effet, le problème pour les avocats de l’Etat du Sénégal, partie civile dans ce dossier est que cette caution déposée sous forme d’hypothèque, essentiellement des biens immobiliers et des terrains, ne respecte pas la loi.
Me Baboucar Cissé évoque un coup d’épée dans l’eau. «Ce que dit la loi, c’est simple : il faut cautionner l’intégralité du montant détourné qui est de 1,8 milliard de francs CFA. S’il dépose cet argent-là à la Caisse des dépôts et consignations, là, à la rigueur je comprends. Et donc évidemment, c’est un coup d’épée dans l’eau».
Le camp Khalifa Sall estime que des cautions ont déjà été déposées sous forme d’hypothèque. La bataille pour faire valider cette caution ne fait donc que débuter. En attendant, Khalifa Sall qui espère donc une liberté provisoire reste en prison.
…Ses Conseils parlaient d’«aveu de culpabilité»
Les avocats de Khalifa Sall n’étaient pas prêts à abandonner la bataille pour la libération de leur client. Ils ont introduit des demandes de mise en liberté provisoire de leur client, en vain. Me Khoureichi Ba et ses camarades n’avaient pas approuvé la campagne de collecte pour le paiement d’une caution : «La caution elle-même apparaît d’un certain point de vue comme une sorte de commencement de preuve d’aveu de culpabilité alors qu’il n’en est rien».
Ils ajaoutent que «nous partageons le même point de vue, que cette caution qui est prévue par les textes au même titre que le remboursement et les contestations sérieuses, elle apparaît donc comme une menace à l’ avenir politique d’un homme qui a maille à partir avec la justice et qui donc, en payant, accepterait le poids de cette accusation. Nous n’avons pas besoin de payer une caution. D’autant plus qu’aujourd’hui, les textes pertinents que sont la constitution et le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ont tracé une voie pour la remise en liberté immédiate de notre client», avait déclaré Me Khoureychi Ba.
…Pour Barthélémy Dias : «c’était une rançon»
Barthélémy Dias n’était pas enchanté par la cotisation pour payer la caution de Khalifa Sall. Le maire de Mermoz/Sacré-Cœur qui se prononçait sur la question est d’avis qu’il ne s’agit pas d’une caution mais plutôt d’une rançon.
«Il ne s’agit pas, de mon point de vue, d’une caution, mais plutôt d’une rançon qui est demandée pour la libération du maire de Dakar. Et un Etat ne peut pas se permettre d’avoir un comportement voyou. Et à ce titre, je ne suis pas en phase avec cette collecte qui n’est pas une collecte de caution, mais une collecte de rançon», a déclaré Barthélémy Dias interrogé par Sud Fm sur l’initiative de récolter des fonds afin d’obtenir une liberté provisoire pour Khalifa Sall.
Se désolant de cette initiative, le maire de Mermoz/Sacré-Cœur avait réaffirmé son scepticisme quant à l’atteinte des objectifs du collectif : «Cette rançon qui est demandée ne garantit pas la liberté de l’otage politique Khalifa Sall et c’est la raison pour laquelle je souhaiterai que les uns et les autres s’activent à mener le combat certes juridique, mais aussi à se mobiliser pour mener le combat politique. Ce qu’il y a lieu de faire c’est de se mobiliser aussi bien sur le plan judiciaire que sur le plan politique».
Aujourd’hui, ses proches, ses amis, sa famille, ses conseils, tous acceptent la caution
Cet avis a été exprimé ce mercredi matin, 6 décembre 2017, dans un hôtel de la place. Le collectif des amis de Khalifa Sall et la famille du maire de Dakar, ont fait face à la presse, ce mercredi pour evoquer, la caution deposée pour une liberté provisoire du maire de Dakar, en prison depuis 9 neuf.
Mamadou Miniane Diouf du collectif des amis de Khalifa Sall, initiateur de la collecte pour la caution, le professeur Abdoulaye Elimane Kane, Soham Wardini, premier adjoint de la Mairie de Dakar et Ndéye Marie Diaw, sœur de Khalifa Sall, qui ont eu à prendre la parole, ont tous plaidé pour la liberté provisoire du maire de Dakar, afin qu’il puisse lui-même, préparer sa défense.