La décision du gouvernement de repousser la date de la réouverture des classes pour les élèves en classes d’examens, initialement prévue pour hier, mardi 2 juin, est encore une fois de plus tombée comme un couperet sur la tête des populations, laissant perplexes les observateurs avertis. A l’image des autres nombreuses décisions controversées pour lesquelles l’Etat a fait des reculades spectaculaires, l’on est tenté de se demander si le régime en place dispose réellement d’une stratégie de riposte contre cette pandémie non encore maitrisée au Sénégal, après exactement 3 mois de propagation dans le pays. |
A la date d’hier, mardi 2 juin, le Sénégal qui vient de boucler son troisième mois de pandémie de la Covid-19 en est à 3.836 cas testés positifs au nouveau Coronavirus, pour un total de 1.954 guéris, 43 décès et 1.838 malades sous traitement. Ces statistiques renseignent de l’ampleur de la pandémie qui gagne de jour en jour du terrain au Sénégal. Après ces 3 mois de lutte contre la Covid-19 sans succès, les Sénégalais peinent à avoir une idée claire de la stratégie adoptée par le gouvernement pour bouter hors du pays ce virus qui a fini de mettre à terre beaucoup de secteurs de l’économie du pays. Ou du moins, certains se demandent s’il existe réellement une stratégie mise en place par le régime pour une riposte efficace contre cette maladie. Le chef de l’Etat, Macky Sall et son gouvernement ne se sont-ils pas embarqués dans le pilotage à vue comme modèle de gestion ?
LA RECULADE DU GOUVERNEMENT APRES LA CASSE Des questionnements somme toute légitimes quand on se rend compte des nombreux atermoiements et reculades de l’Etat dans la gestion de cette pandémie du nouveau Coronavirus. La dernière en date reste sans équivoque l’ajournement, à la dernière minute, de la reprise des enseignements pour les élèves en classes d’examens, à savoir Cm2, Troisième et Terminale, prévue pour le mardi 2 juin. Les raisons avancées : des cas de Covid-19 notés parmi des enseignants qui ont effectué leur retour à Ziguinchor pour rejoindre leurs postes. Une cacophonie sans précédente qui pouvait pourtant être évitée, dans la mesure où, des voix s’étaient levées dès l’annonce de la mesure, à savoir les syndicats d’enseignants, mais aussi les associations de parents d’élèves, pour alerter sur les risques d’une reprise dans une situation où la Covid-19 ne cessait d’étendre ses tentacules dans l’ensemble du Sénégal. Mais, c’était sans compter avec les services du ministère de l’Education nationale qui voulaient vaille que vaille sauver l’année scolaire d’une année blanche. Résultat des courses, tout ce déplacement massif d’enseignants, d’administratifs et même d’élèves vers l’intérieur du pays n’a servi à rien, sinon qu’à mettre en péril les vies des populations. MACKY SALL ET SON RETOURNEMENT A 190° L’autre reculade qui a laissé bouche bée les populations, concerne les mesures d’assouplissement des restrictions prises par le président Macky Sall au début de la pandémie, alors que le pays ne comptait officiellement que 36 cas positifs, dont 02 guérisons, quand il avait corsé les mesures. Ces cas positifs étaient à l’époque circonscrits dans 4 arrondissements de Dakar ainsi qu’à Mbao, Yeumbeul, Guédiawaye, Rufisque, Touba, Mbour, Thiès, Popenguine, Saint-Louis et Ziguinchor. Le président a ainsi décidé d’alléger les mesures de restriction alors que, dans une interview accordée à nos confrères de France 24 et Rfi, le vendredi 17 avril, il avait clairement indiqué que le confinement total n’était pas à exclure. Si bien évidemment les réajustements qui seront apportés sur les heures du couvre-feu, c’està-dire les ramener de 20h à 18h et de 6h à 7h du matin, compte tenu des cas de transmission communautaire, ne donnent pas les résultats escomptés. Contrairement à ce qu’il avait annoncé, il a réaménagé l’heure de démarrage du couvre-feu de 20h à 21h, et la fin de 6h à 5h du matin, en dépit de la forte propagation de la maladie qui a, à ce jour, atteint l’ensemble des 14 régions du pays. LES TATONNEMENTS DU MINISTRE ALY NGOUILLE NDIAYE Le tâtonnement du gouvernement dans la gestion de la pandémie s’est aussi fait sentir dans la délivrance des autorisations spéciales de circuler. En effet, moins d’une semaine après avoir annoncé la possibilité de délivrance d’autorisations pour ceux qui souhaiteraient passer la Korité en famille, Aly Ngouille Ndiaye a reconsidéré sa position prise tout juste après la déclaration du chef de l’Etat, le 11 mai dernier. Mieux, le ministre de l’Intérieur a suspendu la délivrance des autorisations spéciales de circuler, à compter du mercredi 20 mai à 21 heures, jusqu’à nouvel ordre. Prévenant, à l’occasion, que les contrevenants s’exposaient à des sanctions pénales prévues par les lois et règlements en vigueur. Certes, l’argument de l’impréparation de la totalité des pays, même ceux les plus nantis, face à cette pandémie de la Covid-19, peut être mis en avant par les défenseurs du régime. Cet argument ne saurait cependant tenir la route car la France, souvent citée en référence, a séquencé son déconfinement en 3 phases détaillées et expliquées aux Français, après le pic. Après une première phase le 11 mai, les Français ont entrepris la deuxième phase du déconfinement qui devra durer trois semaines, jusqu’au 21 juin, avant qu’un point d’étape ne soit ensuite fait par le gouvernement, et que le pays n’amorce une troisième phase à partir du 22 juin, avec à la clé davantage de liberté pour les Français. Ici, rien n’est dit sur le temps que prendra le couvre-feu, encore moins sur la levée des interdictions de circulation interurbaine. Cette cascade d’hésitations et autres cafouillages dans la gestion de la pandémie floute complétement la visibilité de la démarche entreprise par le gouvernement de Macky Sall. C’est à se demander si réellement les spécialistes et autres pratiquants de la médecine sont écoutés par le gouvernement dans la prise de certaines décisions cruciales. |