Cascades de démissions depuis 2012 : Que reste-il du PDS ?

Wade et son fils Karim
Wade et son fils Karim

Depuis sa perte du pouvoir en 2012, le parti démocratique sénégalais a connu une véritable saignée ajoutée à l’exil forcé de Karim Meïssa Wade. De 2012 à 2022 au lendemain des législatives du 31 Juillet, pas moins de vingt libéraux ont quitté le navire en cours de navigation. Une situation qui a participé à la fragilisation du parti, si l’on se fie aux analystes de la scène politique. Mais du côté du PDS, l’on relativise et minimise ces vagues de départs.

Mamadou Sy Albert, analyste politique : « Le Pds a été très affaibli par ces vagues de départ »

Pour l’analyste politique, le parti démocratique sénégalais garde toujours son ossature politique, mais demeure affaibli par les vagues de départ qu’il a subies depuis la perte du pouvoir en 2012. Selon l’analyste politique, malgré sa percée aux dernières législatives, l’influence politique du Pds laisse encore à désirer sur la scène politique sénégalaise.

« Le Pds a été très affaibli, par ces différentes générations qui ont quitté le parti. Elles assuraient l’administration du pouvoir du Pds. Les administrateurs ne sont plus là et si le Pds revenait au pouvoir aujourd’hui, il n’a plus d’expertise comme avant. C’est clair que c’est un affaiblissement de l’élite politique. On ne peut pas parler vraiment d’élites capables de gérer des mairies. L’influence électorale est très faible, même s’il faut reconnaître sa percée aux dernières locales. Le parti a conservé une partie de son bastion électoral mais reste très affaibli sur le plan organisationnel. L’appareil tient, mais l’influence du parti a baissé. Il n’y a plus de leaders alors que la force du Pds c’est son leadership. Ce qui fait que le parti n’a plus ce poids politique qu’il revendiquait dans les années 2000 », tente d’analyser Mamadou Sy Albert. 

Doudou Wade secrétaire général national adjoint du PDS : « Ça n’a pas empêché notre parti de progresser »
Cependant, du côté du parti démocratique sénégalais, l’on semble minimiser l’impact de ses départs notés au sein du parti depuis 2012. Pour le secrétaire général national adjoint du PDS, Doudou Wade, ces départs ne changent en rien la progression du parti. 

Selon Doudou Wade, le parti poursuit un but bien déterminé dans la scène politique sénégalaise. « Ces personnes-là ont quitté le parti ça fait un bon bout de temps. Vous avez cité Aminata Tall. Qu’est-elle devenue sur l’échiquier politique ? Absolument rien ! Mais par contre son départ a vu naître des personnes à Diourbel et nous avons gagné à Diourbel aux élections locales, le département et la commune. Nous avons été trahis effectivement après les élections par le maire. Mais cela veut dire qu’après le départ de Aminata Tall et ses amis, notre parti est mieux à Diourbel.  C’est ça la réalité objective. Le regard que nous avons sur Dagana, nous n’avons pas gagné Dagana mais ça n’a pas pu sortir Oumar Sarr du lot. Aujourd’hui la discussion c’est qu’on dit que la victoire ce n’est pas Oumar Sarr. 

Pour Mayoro qui semblerait avoir rejoint l’APR, mais l’APR n’a pas pu gagner. Ensuite pour Serigne Cheikh Mbacké, il a fait campagne, il a crié mais cela ne change en rien dans la démarche du PDS. Nous avons fait de Serigne Cheikh ce qu’il est aujourd’hui. Il n’était pas avec nous en 2011, il est venu on l’a placé dans des trajectoires extrêmement importantes. Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, on prend quelqu’un comme Serigne Cheikh, du niveau où il était pour en faire un président de groupe et il avait bien terminé. Parce qu’il a été encadré par des personnes ici vivantes. Encadré, tenu, dirigé pour en faire un président de groupe parlementaire, il démissionne. Mais est-ce que cela a empêché Wallu de gagner ? Rien du tout!

Quand il y a un départ, effectivement tu le sens mais ça ne change pas la progression de notre parti. Notre parti est un parti progressif. Il avance à petit pas malgré les difficultés, mais il tient bon. Depuis la sortie de ces gens-là, notre parti n’a pas cessé de progresser. Nous sommes sortis d’un groupe parlementaire et aujourd’hui nous avons un groupe parlementaire à l’assemblée. Vous regardez les effectifs des parlementaires à l’assemblée, nous avons la plus importante opposition, dans l’opposition parlementaire par rapport au nombre de députés que nous avons. Donc ça n’a pas empêché notre parti de progresser. Aujourd’hui nous poursuivons un but bien déterminé. Lutter pour la démocratie, s’engager dans des batailles depuis 2012 », rappelle Doudou Wade.  

« L’ossature politique est encore là »
Et même si Doudou Wade semble minimiser les vagues de départ qu’a connues la formation libérale depuis 2012,  Mamadou Sy Albert précise toujours que le Pds garde intacte son ossature politique avec certains fidèles du président Wade. « Ce qui reste au PDS c’est l’appareil administratif. L’appareil administratif n’a pas réellement bougé. Le secrétariat, les administrateurs, les conseillers fondateurs du parti, l’ossature politique est encore là. 

Maintenant au niveau des personnalités, il faut dire qu’il y a des fidèles proches de Wade qui sont toujours restés. C’est le cas de Doudou Wade. La vague des deux cent fondateurs est toujours restée. Cependant, ce que le Pds a réellement perdu c’est la génération de Idrissa Seck, la vague de Modou Diagne Fada et de Toussaint Manga. C’est vrai que l’ossature fondatrice est là, mais elle reste invisible… »

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