Macky-Machiavel. Il a tous les attributs de ce grand auteur du 19e siècle du célèbre ouvrage « Le Prince ». Si on prêtait à son prédécesseur, Abdoulaye Wade de clignoter à gauche et de tourner à droite, lui Macky Sall, il ne cligne pas et ne clignote pas. Il échafaude ses plans et les déroule tel un rouleau compresseur. Ses opposants les plus sérieux (Karim Wade et Khalifa A. Sall) l’ont appris à leurs dépens. Très tôt il a fait le nécessaire pour qu’ils ne soient pas candidat. Le reste de l’opposition n’a finalement vu que du feu. Maintenant qu’il est à son dernier mandat, le président de la République est comme à son habitude, en train de tuer subtilement et insidieusement, dans l’œuf toute tentative de positionnement pour le fauteuil présidentiel.
En effet, depuis des mois pour ne pas dire quelques années, il est allégué au patron de APR-Dakar de tisser sa toile, de lorgner le fauteuil présidentiel. Beaucoup d’observateurs et responsables de la coalition au pouvoir le craignent et parlent de sa puissance dans le système étatique et même au niveau international. Il aurait un œil et des entrées partout. Ce qui lui permet de toujours bien rendre propre sa copie quasiment à chaque importante occasion. Sa ruse et ses compétences sont ses atouts premiers et expliqueraient que tous les clignotants sont au verts quelles que soient les situations alambiquées de notre trésorerie ou de l’économie.
Ses capacités et sa stratégie «la fin justifie les moyens» auraient expliqué sa victoire très étriquée mais surtout sans triomphe lors des législatives de juillet 2017 à Dakar, notamment aux Parcelles assainies. Nombre de ses détracteurs avaient fini de travailler l’oreille du chef de l’Etat. Et Macky Sall avait déjà fini d’aiguiser son sabre pour lui couper la tête en cas de défaite.
A cette époque, le président de la République multipliait les sorties et les convocations des responsables politiques de Dakar pour les mettre en garde contre une défaite après toutes ses stratagèmes comme l’emprisonnement de Khalifa Ababacar Sall et les restrictions appliquées aux édiles qui lui seraient proches.
Les législatives de juillet 2017, la présidentielle de février dernier mais surtout ses résultats dans son département ministériel ont grandement contribué à conférer à Amadou Ba une légitimité politique et institutionnelle incontestable qui lui donne le droit de contester le saucissionnement de son ministère et de prétendre à un portefeuille aussi prestigieux qu’important qu’est celui des Affaires étrangères.
Pour le cas de Aminata Touré, malgré ses preuves de loyauté et de combativité pour le triomphe de Macky Sall, elle est encore larguée et quasiment méprisée. Les faucons et les proches du président de la République ont réussi encore à lui faire un bébé dans le dos. Alors que ce premier gouvernement de Macky II, tout le monde la voyait aux Affaires étrangères en plus d’un titre de Ministre d’Etat, Mimi pour les intimes, a été évincée de la liste à la dernière minute. Quel serait le motif de son absence dans le gouvernement ? PressAfrik tente d’en savoir un peu plus.
L’ancienne Première ministre a dirigé d’une main de maitre la campagne du candidat de la Coalition Bennoo Bokk Yaakar. Elle a été tout le temps aux côtés de Macky Sall et a su adresser les bons conseils et les décisions adéquates. Avant, Mimi Touré a aussi dirigé la campagne de parrainage et a récolté plus de 2 millions de parrains pour le candidat de la majorité. A côté de ces dispositifs politiques, elle a eu des positions de combat très efficaces contre les ténors de l’opposition. L’envoyée spéciale du chef de l’Etat a toujours été au charbon pour le défendre.
Et pourtant, ses relations avec le président Macky Sall avaient connu un coup de froid à l’issue des investitures lors des législatives, mais aussi du précédent gouvernement de Mohamed Boune Abdallah Dionne. Ses différentes déconvenues politiques aux senteurs de trahison l’avaient poussée à geler ses activités au sein de l’APR. Un coup de fil puis une audience avec Macky Sall avait fait revenir à de meilleurs sentiments Mimi Touré. Elle avait ainsi quitté Grand-yoff après les locales pour aller militer à Kaolack.
Si Aminata Touré qui actuellement est aux USA vit toutes ces misères et trahissions en politique c’est parce qu’on lui prête des ambitions présidentielles. Les sorties dernièrement de personnalités qui annoncent que Mimi a pour ligne de mire 2024 lui auraient causé beaucoup de tort.
Le président Macky Sall, tel un monstre froid s’emmure dans un mutisme et coupe les pieds à tous ces caciques de l’APR qui lorgneraient son poste. Au sein de son parti et sa coalition, il use et abuse de son pouvoir de nomination tandis qu’avec l’opposition c’est l’appareil d’Etat, dans toute sa puissance, qui est utilisé pour barrer la route à ses plus sérieux adversaires.
Toutefois, une question aujourd’hui est sur toutes les lèvres, pourquoi Macky aurait-il encore besoin de manœuvrer contre ses très proches collaborateurs s’il est à son dernier mandat ? Pourquoi ne préparerait-il pas sa succession dès maintenant ?