L’alerte lancée le 22 octobre 2020 par la cellule des cadres de la République des Valeurs sur les dessous d’un projet de centrale à gaz de 300 MW n’a laissé indifférent aucun sénégalais soucieux des intérêts du pays. Elle a permis à nos concitoyens de mesurer l’ampleur du carnage dont le secteur vital de l’électricité est victime. Les auteurs de ce carnage sont couverts par une impunité et une complicité au sommet de l’État.
L’alerte a donc touché les intérêts d’une poignée de flibustiers de la finance et des affaires scabreuses. Nous tenons à rappeler au peuple sénégalais notre engagement ferme que la RV et sa Cellule des Cadres n’entendent ni transiger ni cautionner aucune sorte de prévarication sur les ressources et deniers publics.
Suite à ces alertes Monsieur Samuel Sarr s’est fendu d’un communiqué plein d’insultes et d’attaques personnelles. Il a de manière faussement habile éviter de traiter des questions de fond que nous avons soulevés. Mais les faits sont têtus.
Les faits sont têtus !
Le 03 Octobre, 2020, la Senelec signe un contrat de construction d’une centrale électrique à gaz de 300 MW avec un consortium d’investisseurs nationaux qui a à sa tête Samuel Sarr, ancien Ministre de l’énergie sous Abdoulaye Wade, ancien Wadiste éternel et éternel abonné aux deals opaques. Ce contrat n’a pas fait l’objet d’un appel d’offres et a été conclu par entente directe.
Les termes de ce contrat, les motifs et conditions de sa signature sont totalement opaques. Une des dispositions contractuelles centrales, le prix de vente de l’électricité produite par la centrale à la Senelec, n’a pas été rendu public. En outre, il n’est pas établi que la Commission de Régulation du Secteur de l’Électricité (CRSE) a été informée et impliquée dans la négociation de ce contrat liant désormais sur plusieurs années la Senelec à Samuel Sarr et ses partenaires (organisés autour de West Africa Energy, WAE).
Samuel Sarr qui n’aurait pas pu être recruté à la SENELEC, vu ses multiples démêlés graves avec la Justice, jouit désormais de droits contractuels forts sur la SENELEC et par conséquent sur l’Etat et l’ensemble des citoyens.
En effet, Samuel Sarr a été poursuivi par la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI) pour crimes économiques, poursuites bloquées sous le coude par suite d’une transhumance très orchestrée.
Des accusations et citations graves pèsent également sur Samuel Sarr dans les rapports de la Cour des Comptes de 2013 et dans les rapports annuels de l’Inspection générale d’État (IGE) de 2008 et 2009 sur le fuel frelaté. Last but not least, les accusations graves portées en son encontre par Tullow Oil dans l’affaire Petro-Tim sont dans tous les esprits.
Besoin criant de transparence
En neuf ans au pouvoir, le régime de Macky Sall a fini d’installer la culture de rente au cœur de la gestion des affaires publiques. Après sa gestion désastreuse de nos ressources pétrolières et gazières, le Président Sall, veut désormais inviter une partie du « secteur privé » national au partage du “gâteau” sous le couvert de la loi sur le contenu local. Les zones d’ombre sur le contrat SENELEC-West Africa Energy sont si nombreuses et sérieuses qu’une transparence totale est nécessaire pour édifier les citoyens sénégalais et les partenaires techniques et financiers du Sénégal.
Il s’agit de faire la lumière sur les conditions et termes du contrat afin d’établir les coûts et les bénéfices techniques et financiers réels de ce partenariat pour la SENELEC et les sénégalais.
Tout d’abord la SENELEC devrait établir que la centrale de 300 MW entre bien dans son plan de production officiel et n’a pas été conclu pour les intérêts d’un petit groupe et la capture de la rente gazière.
Le plan de production a pour vocation de décliner les projets d’investissement de la Senelec dans le long terme. Ce plan est établi après une étude approfondie de la situation de la demande, de l’offre et des perspectives économiques du pays. Ce plan doit aussi être en cohérence avec les termes du choix des technologies de production d’électricité et avec leurs coûts.
Seuls peuvent être réalisés les projets de production d’électricité qui ont été inscrits dans le plan de production. Il est donc primordial que la Senelec rende public son plan de production pour ne pas avoir à le calibrer à des fins non avouées ou au gré de projets promus au nom d’intérêts personnels avec la complicité d’amis hauts placés, en porte à faux avec les objectifs de performances opérationnelles et financières d’une entreprise d’utilité publique. La Senelec devrait publier son plan de production officiel et expliquer les critères qui sous-tendent les choix d’investissement et technologiques. Ce plan de production, si ce n’est pas le cas, devrait être approuvé par la CRSE, voire par l’Assemblée Nationale.
Ensuite, la CRSE, régulateur du secteur, devrait édifier l’opinion sur l’incidence du projet de 300 MW sur le prix de vente de l’électricité aux citoyens et les performances du secteur. Tout d’abord la CRSE devrait préciser si le projet a été bien inscrit dans le plan de production de la SENELEC. Les Sénégalais ont le droit de savoir l’incidence du projet sur l’évolution du prix de l’électricité. Pour ce faire le prix de vente de l’électricité produite par la WAE a la SENELEC ainsi que l’ensemble des termes contractuels devraient être rendus publics.
La CRSE devrait analyser et publier des conséquences du projet sur le renchérissement du prix de l’électricité et l’augmentation des subventions de l’Etat à la SENELEC. Rappelons que le secteur de l’électricité fait face à de grands défis qui exigent d’améliorer très sensiblement la performance du secteur : les prix de l’électricité au Sénégal sont parmi les plus élevés au monde d’après la Banque mondiale, plus d’un million de ménage (près de 5 millions de sénégalais) n’ont pas d’accès à l’électricité, dans les zones rurales plus de la moitié des populations n’a pas d’accès à l’électricité.
Le secteur privé national responsable et soucieux de créer de l’emploi et de la richesse pour le plus grand nombre devrait bénéficier des mêmes chances pour investir dans le secteur de l’énergie. La politique de contenu local ne doit pas être une aubaine pour Macky Sall et ses acolytes en vue de faire passer ses forfaitures dans la gestion de nos ressources pétrolières et gazières. Leur implication dans cette basse besogne est similaire à un acte de complicité historique qui salit l’image du brave secteur privé national et constitue un acte de haute trahison.
Finalement, la RV invite toute la population Sénégalaise, notamment les associations de consommateurs, la société civile et même les partenaires techniques et financier, à s’intéresser davantage à la gestion de la Senelec. Nous sommes au regret de constater que le scandale du contrat Akilee Senelec, qui avait des relents de règlements de compte politique et personnel, avait reçu plus d’attention que les le scandale du projet à gaz porté par Samuel Sarr et sa clique.
Portons tous une attention particulièrement à la Senelec et au secteur de l’électricité en général. Il s’y concocte plusieurs projets aussi scandaleux les uns les autres avec des conséquences économiques et sociales de nature à freiner le développement économique de notre cher pays.
Nous reviendrons ultérieurement sur nos proposition d’une politique du contenu local inclusive et soucieuse des intérêts des générations futures.
La cellule des cadres
La République des valeurs