Karim Wade, c’est l’arlésienne de la Présidentielle 2019. On parle beaucoup de lui, mais on ne le voit jamais puisqu’exilé de force au Qatar depuis juin 2016. Un absent très présent. Va-t-il rentrer au Sénégal ? Quand et comment ? Personne ne peut le dire. Malgré sa situation d’exilé forcé, les membres du Parti démocratique sénégalais (Pds) l’ont choisi et maintenu comme leur candidat à la présidentielle de 2019. Alors que le nouveau code électoral ne lui donne aucune chance d’être candidat.
Ce 2 juillet encore, la Direction générale des élections a publié les listes électorales provisoires issues de la dernière révision exceptionnelle sans le nom de Karim Wade. Le Pds est entré en ébullition, convoquant dans la foulée, une conférence de presse tout comme si c’est une surprise. Que non ! Puisque tout semblait indiquer que les choses iraient dans ce sens. A moins d’être dans le déni ou de faire preuve de naïveté.
Viendra ? Viendra pas ? S’il va venir ce serait quand ? Personne ne peut le dire. Toujours est-il que le PDS maintient que c’est Karim Wade leur candidat. C’est peut-être une manière de mettre la pression sur le pouvoir qui, n’en avoir cure des gesticulation. Au final, Karim Wade, dont le nom pèse sur l’atmosphère politique du pays, est l’arlésienne de la Présidentielle 2019. Toutes les actions que les Libéraux entretrepennent après modification code électoral résonne comme une une tentative de ramener en vie en cadavre
En vérité, les libéraux tentent de défoncer inutilement des portes déjà ouvertes. Parce que jusqu’à récemment, avec l’ancien code électoral, Karim était éligible. Ce code qu’il disposait que «Tout Sénégalais peut faire acte de candidature et être élu sous réserve des conditions d’âge et des cas d’incapacité ou d’inéligibilité prévus par la loi». Mais le pouvoir dans sa volonté de barrer la route à Karim Wade comme à Khalifa Sall, a fait une proposition de loi modifiant l’article L.57 introduit une nouvelle donne qui va bouleverser tout en défaveur de Karim. Il s’agit juste du mot « électeur ». Ainsi, le nouveau code stipule que «Tout Sénégalais ELECTEUR peut faire acte de candidature et être élu sous réserve des conditions d’âge et des cas d’incapacité ou d’inéligibilité prévus par la loi».
Or, étant donné les dispositions de l’article L.31 et L32 Karim ne peut être électeur en vertu de son dossier judiciaire. C’est ainsi que le pouvoir est venu à bout du candidat du Pds. Le Pr Iba Barry Kamara le rappelait à juste titre lorsqu’une mise en scène de l’inscription de Karim Wade sur les listes électorales avait circulé dans les réseaux sociaux que «Karim Wade ne peut pas s’inscrire sur les listes électorales. Ces agents de la commission administrative méconnaissent peut-être la loi. En tout état de cause, il sera radié des listes après vérification. Il appartient aux autorités que force restera à la loi», avait relevé M. Kamara.
Puisque le code a été adopté, le PDS ne devrait que subir. En effet c’est lors de la proposition du projet de modification jusqu’à son adoption qu’il fallait vraiment mener le combat. Une fois adoptée, le pouvoir peut se prévaloir, en toute tranquillité, de la légalité. Et malheureusement pour le Pds. Si le combat en amont a échoué, il faut jeter l’éponge.Le vin est tiré, il faut bien le boire. C’est comme l’ensemble de l’opposition après le vote de la loi contre parrainage.
Aujourd’hui, le défi serait et cela aurait plus de sens, de se trouver un candidat de rechange. Mais depuis longtemps, la formation de Père Wade a dit qu’il n’a ni plan B ni de plan C. C’est Karim ou rien. En maintenant Karim comme candidat, un candidat fantôme en somme, le PDS risque de se retrouver face à une surprise désagréable au dernier moment.
Puisque le pouvoir en place n’a vraisemblablement pas l’intention de rien céder tant qu’il est couvert par la loi. In fine, c’est tout comme si le les Libéraux trompaient tout simplement les Sénégalais, en laissant penser que Karim va renter et qu’il sera candidat. Si tant est que l’ancien ministre d’Etat est vraiment une menace pour le candidat d’en face pourquoi celui-ci ne ferait pas tout pour le tenir à l’écart ?
Mieux vaut trouver une alternative à temps
Soit le PDS a son plan B caché, soit il va se mordre le doigt dans les prochains mois. C’est même illogique de ne pas avoir un plan B. C’est triste parce que même en temps normal, un événement quelconque aurait pu empêcher la candidature de Karim. Que ferait-on en ce moment? Maître Amadou Sall, cadre du PDS et avocat de Karim Wade, a affirmé que « Si Karim Wade n’est pas candidat, Macky ne le sera ». C’est si bien beau de le proclamer ainsi, mais il faudra aussi avoir les moyens de faire barrage au régime et son candidat qui a ses policiers pour occuper la rue et sachant comment réagir comme le fait depuis son avènement aux manifestations.
C’est dans l’incertitude de la candidature de Karim Wade, Samuel Sarr avait fait irruption pour prétendre porter les couleurs du PDS en 2019. Très vite, le Père Wade, lui a demander d’aller se faire voir ailleurs. Ce dernier est retourné tranquillement dans son coin sans tambour ni trompette.
Une fois de plus qui donc est ce candidat, un présidentiable qu’on ne voit pas.. Le réveil risque d’être tardif pour le parti de Wade.
L’attitude PDS pose la question du leadership dans les partis politiques. On se remet à un seul individu sans qui rien ne peut se faire. Le père Wade n’avait cherché à préparer une personnalité, en préférant son fils, dont on ne peut dire qu’il est vraiment mieux préparé.
Jugé puis condamné en mars 2015 à six ans de prison ferme et 138 milliards de F CFA par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) pour enrichissement illicite, Karim Wade a bénéficié d’une liberté provisoire le 23 juin 2016 puis exilé à Qatar, pays par l’entremise duquel il a obtenu sa libération.
Par Noël SAMBOU