La CAN, le quart et… les casseroles. Une histoire de reliquat de 31,2 millions FCfa de frais d’hébergement, de restauration et de transport sur un montant global de 60,2 millions oppose Alassane Diop- un homme d’affaires basé au Gabon depuis 32 ans et qui dit avoir facilité l’installation des invités de Matar Ba à l’hôtel Epaly, à Bongoville- au Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au sein du ministère des Sports, Amadou Tidiane Fall. Il s’en explique.
«Je suis au Gabon depuis 32 ans. Je suis un homme d’affaires, en même temps je travaille à la présidence de la Républicaine du Gabon. J’ai aidé mes compatriotes qui étaient là pour la Coupe d’Afrique. J’ai tout fait pour qu’ils soient satisfaits, en engageant toutes les dépenses qui ont été ordonnées. En attendant un remboursement, je n’ai pas demandé un franc supplémentaire du moment qu’il s’agissait de mes compatriotes. Car ils n’avaient pas d’argent à ce moment-là. Maintenant, on est arrivé à terme et le DAGE ne veut pas régler le problème.
«Le DAGE refuse de suivre les instructions du ministre»
«Pourtant, c’est à cause de moi qu’on a donné l’hôtel aux Sénégalais (Hôtel Ebaly, à Bongoville, où étaient logés les invités du ministre Matar Bâ). Les Tunisiens le voulaient aussi. Mais le Général, qui est mon ami très intime, a dit qu’il faut donne l’hôtel à Monsieur Diop. Maintenant qu’ils ont mangé, dormi et tout fait, le DAGE ne veut pas régler le solde, arguant qu’il y a quatre jours de trop non sans se plaindre de la nourriture. Or, même le ministre m’avait dit qu’il fallait en discuter au début, qu’on ne peut consommer et en discuter après. ‘’On va régler tout, on ne va pas laisser une dette derrière nous’’. C’est ce qu’a dit le ministre, qui est quelqu’un de très respectable. Je n’ai pas de reproche à lui faire. Mais c’est le DAGE qui refuse de suivre les instructions sous prétexte qu’il n’a pas l’argent, demandant du coup à ce qu’on le lui envoie depuis Dakar. Alors que l’argent est ici, dans le compte. C’est du banditisme. Il est venu me dire qu’il ne va payer les quatre jours, qu’il fallait aussi revoir les factures notamment la restau- ration. Mais quelle facture vais-je revoir après avoir consommé tout cela ? Il faut penser à régler le solde.
«C’est du banditisme»
«Dans tout hôtel, quand vous sortez, vous payez et vous partez. Le ministre l’a laissé ici pour qu’il règle le problème. Mais on ne le voit pas, il disparaît dans la nature. Il vient la nuit et repart le matin. On m’a appelé hier (lundi) pour me dire que le DAGE est à Bongoville avec la propriétaire de l’hôtel (la femme du Général). Et qu’il voulait avant tout me parler. Quand je suis venu, je lui ai dit qu’il fallait payer. Il a réitéré son refus. Je lui ai rappelé qu’il avait pris l’engagement de payer les 21 jours, soit du 12 janvier au 2 février. Parce qu’ils se disaient que le Sénégal irait en finale. Donc, cette période n’engage pas quelqu’un d’autre. Je lui ai dit : ‘’même si vous êtes éliminés à partir du 17e jour, il faut respecter votre parole et payer les quatre jours’’. Je lui ai même demandé si pour un tel solde cela en valait-il la peine d’être insulté, malmené. Il faut être sérieux. Gor ca wakh ja. J’étais même prêt à payer ça. (Avant la CAN) Dans son bureau à Dakar, il m’a malmené, refusant même de me donner l’avance pour l’hôtel. J’étais là-bas de 10h à 13h. Le lendemain, je suis reparti au Gabon. Dans quel hôtel peut-on entrer, ne rien payer et rentrer chez soi ? Ça n’existe nulle part. Pour occuper l’hôtel de la dame, ils ont dit que le personnel ne doit pas vendre de l’alcool, ni de la viande de brousse. Ils ont aussi refusé que la boite de nuit ouvre ses portes. Tout cela constitue une perte qu’il fallait compenser. La dame a accepté de ne pas facturer l’intégralité de la perte et a proposé un chiffre acceptable de 3,5 millions FCfa. Après, il vient raconter autre chose.
«Ils veulent me rouler dans la farine»
«Ce qui me fait mal est qu’ils ont payé plus que ça ailleurs. Ils ont été à Mongomo (en Guinée équatoriale, CAN-2015) et je connais le montant des factures. Mais comme je suis Sénégalais, ils veulent me rouler dans la farine. Ce n’est pas bien. La dame a dit au DAGE qu’il ne quittera pas les lieux. Ce, jusqu’à 22h. Il l’a traité de tous les noms. J’étais là pour la calmer. Et elle lui a dit qu’il va partir à cause de tonton- elle m’appelle ainsi. Et s’il ne payait pas dès le lendemain, il n’allait pas quitter le territoire gabonais. J’ai pris mon chéquier pour faire un chèque de 31 285 500 FCfa pour compléter la première avance de 30 millions. J’ai éteint le feu car je connais le problème. Dans sa chambre d’hôtel, je lui disais clairement qu’ils allaient le bloquer au Gabon voire l’enfermer. Et ça n’en vaudra pas le coup. Il ne m’a pas écouté. Si je n’avais pas payé, il n’allait pas quitter le territoire. On n’allait même appeler les forces de sécurité et là, on ne sait pas ce qui allait lui arriver. Tout à l’heure (hier), lorsqu’on s’est vu, il m’a demandé si j’ai payé. J’ai été avec mon chauffeur à la banque pour sortir l’argent.
«Sans moi, ils n’auraient pas quitté Libreville pour Franceville»
«Je me suis occupé des billets d’avion entre Libreville et Franceville. Là, ils me doivent plus d’un million FCfa. Sans moi, ils ne quitteraient pas Libreville pour venir à Bongoville. J’ai tout fait pour eux. C’est le total du total qui revient à 31,2 millions, la suite ou la chambre VIP coûtant 125 mille la nuitée. La dette prend également en compte le carburant servant aux rotations entre les deux villes. Ils n’ont eu aucun problème. Maintenant, à la fin, le DAGE qui refuse de payer nous fait tourner en bourrique. Dans quel pays sommes-nous ? Le Sénégalais, on le connaît très honnête, travailleur. Nous nous faisons respecter partout où nous allons. On ne nous voit pas dans la corruption et autres mauvaises choses. Il veut me montrer qu’il est un financier. Je l’ai été avant lui dix ans durant avant de venir au Gabon. Il ne faut pas qu’il se trompe.»
Libération