Caisse noire, caisse d’avance : et si on les fouillait toutes ?

Khalifa Sall est auditionné par la Dic pour sa gestion de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Une caisse que l’on pourrait assimiler à ce qui est communément appelé fonds politiques et dont bénéficie les Présidents sénégalais. L’on parle même d’une caisse gérée par le président de l’Assemblée nationale. Depuis le temps, des voix se sont élevés pour réclamer la suppression de ces fonds qui font plus de mal que de bien. D’ailleurs, tant qu’on y est, pourquoi ne pas poursuivre les anciens chefs d’Etats qui ont eu à gérer lesdits fonds de façon discrétionnaire.

En effet, Idrissa Seck, poursuivi en 2004 dans l’affaire des chantiers de Thiès, a brandi les fonds politiques comme le seul argent du contribuable qu’il a eu à gérer. Avant lui, il y avait Senghor puis Abdou Diouf. Et maintenant Macky Sall, qui a été élu sous le signe de la gouvernance sobre et vertueuse, n’en parle pas. Il n’y a aucun contrôle de la manière dont est géré cet argent si ce n’est celui du chef de l’Etat.

Dans une contribution datée du 20 décembre 2014, l’analyste politique Mody Niang, évoquait en profondeur la question. Il n’est toutefois pas allé jusqu’à demander la suppression des fonds politiques, mais il trouvait quand même qu’il était urgent de réfléchir à une solution. « Jusqu’au départ du Président Abdou Diouf du pouvoir, ils oscillaient entre 640 et 650 millions de francs, atteignant très rarement un milliard. Le Président Diouf et son prédécesseur les ont certainement gérés de façon discrétionnaire, mais aussi avec beaucoup de retenue, de modération. Ils ne les ont jamais gérés directement d’ailleurs, préférant les confier à de proches collaborateurs. Leur montant a rapidement évolué pour atteindre officiellement 8 à 10 milliards de dotations annuelles avec le Président Abdoulaye Wade. En réalité, on ne saura peut-être jamais combien de milliards ce dernier a dépensés pendant son long et tumultueux magistère », y disait-il.

Et justement, pour en revenir à l’actualité, Khalifa Sall dit : « Je voudrais dire que cette pression exercée sur nous, c’est nous emmener à dire qui ont été les bénéficiaires de ces fonds et je rappelle aussi que de 1920, de Blaise Diagne à Khalifa Sall, aucun maire de Dakar n’a justifié et donné les noms des bénéficiaires de ces fonds ». Mieux, le leader de And Dolel Khalifa Sall ajoute : « Je défie quiconque, quand nous sommes arrivés, aucune archive concernant cette caisse n’a été laissée à la ville de Dakar. Je ne serai pas moi, Khalifa Sall, le premier maire à déflorer le nom des institutions, des personnes morales, des personnes physiques qui ont bénéficié de ce crédit, jamais je ne le ferai. Je préfère aller en prison plutôt que de ne pas être vertueux ou loyal ». Tout est dit.

Il serait peut-être temps de normaliser tout cela soit en permettant aux enquêteurs de l’IGE de fouiller dans toutes les caisses ou alors de supprimer purement et simplement ces fonds politiques. S’il s’agit d’aider les populations, la Direction générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale pourrait bien gérer ce genre de fonds qui plus a un maillage plus large du territoire. Mais ce, à condition que ceux qui sont chargés de les gérer fassent une déclaration de patrimoine et que leur gestion soit également contrôlé par l’IGE. En outre, que l’action de ladite Direction ne se limite pas seulement à distribuer des moutons pour la Tabaski, des enveloppes pour la Korité ou encore de ne se signaler que quand il y a un sinistre quelque part dans le pays. Son action pourrait également s’étendre à la prise en charge médicales de personnes démunies qui ne peuvent pas payer leurs factures d’hôpital ou qui ont urgemment besoin de se faire opérer ou d’être évacuées à l’étranger pour y prendre des soins.

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