Quarante-huit heures après l’attaque du café-restaurant Aziz Istanbul qui a coûté la vie à 18 personnes, la lumière se fait peu à peu sur l’attentat. Les services de sécurité et les autorités judiciaires ont précisé les circonstances de l’assaut, tandis que plusieurs témoins directs font le récit des événements.
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta, se sont rendus mardi 15 août sur les lieux de l’attaque de dimanche soir. La procureure Maiza Sermé et le commandant de gendarmerie Evrard Somda ont expliqué aux deux chefs d’État les circonstances de l’attaque. C’était la première fois que le patron de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale (USI-GN) s’exprimait publiquement sur ce que lui, ses hommes et les otages ont vécu au cours de cette soirée cauchemardesque.
Un déluge de plombs à l’arrivée des forces spéciales
Les hommes de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale sont arrivés sur place très vite après les premiers coups de feu, a-t-il raconté. Il y avait, déjà, « un maximum de morts et de blessés gisant au sol, mais pas de trace de terroriste », a ajouté le commandant Evrard Somda. Après avoir bouclé le bâtiment à l’avant et à l’arrière de l’avenue Kwame Kruma, les gendarmes ont entrepris de monter au premier étage du bâtiment.
C’est là que les deux terroristes les ont accueillis par un déluge de plombs. Les tirs étaient si nourris que le bouclier blindé qui protège la tête de l’Unité d’intervention est vite devenu inutilisable. Rebroussant chemin, les gendarmes ont alors lancé des grenades offensives, qui ont sans doute déclenché un début d’incendie et entraîné une panne électrique rendant la visibilité presque nulle, estime le commandant Somda.
Le dernier assaut lancé à 3h du matin
Doté d’un nouveau bouclier balistique, le commando de gendarmes est remonté à l’assaut vers 0h30. Les deux terroristes s’étaient alors retranchés sur la partie arrière du bâtiment. L’un des deux hommes est passé par l’une des fenêtres jusqu’au rez-de-chaussée où les hommes de l’USI-GN l’abattent, vers 3h du matin, heure locale. Le second a été tué une vingtaine de minutes plus tard.
Le commandant Evrard Somda n’a pas fait mention d’autres assaillants, comme on l’avait cru dans les instants suivant l’attaque. L’opération a fait cinq blessés dans les rangs des forces spéciales : quatre blessés légers et un homme plus grièvement touché.
Des employés et clients racontent
RFI a par ailleurs recueillis les témoignages de trois personnes qui ont été directement confrontées à cette attaque. Ces témoins confirment que c’est à l’extérieur du café-restaurant Aziz Istanbul que tout a commencé, un peu après 21h, heure locale.
L’attaque a eu lieu « vers 21h25 », précise même Moussa Kaboré, serveur dans ce café, qui était sur la terrasse au moment du début de l’attaque. Il a tenté de fuir via les cuisines, en sortant par l’arrière. Mais « on a senti qu’il y avait un autre tireur », assure-t-il. Il fait machine arrière. « On a escaladé le mur, on est rentrés dans la cour voisine, on a traversé la réserve et on est sortis », raconte Moussa Kaboré, qui assure par ailleurs que d’autres témoins ont entendu les deux hommes « parler en arabe ».