Les populations des régions de Thiès, Kaolack, Diourbel, Louga et Saint-Louis vont pouvoir pousser un soupir de soulagement. En effet, la redoutable et insaisissable bande d’Ousmane SOW a été neutralisée par la Gendarmerie nationale, suite à une opération rondement menée par les unités territoriales, avec l’appui de la Section de recherches de Dakar. Déclenchée suite à l’attaque du Microcred de Nguékhokh, perpétrée le mois dernier, ayant occasionné la mort de l’un des assaillants, cette intervention a permis l’interpellation de l’ensemble des membres de la bande et la saisie d’un impressionnant arsenal détenu par les malfaiteurs.
Tout a commencé avec la violente tentative de braquage de l’agence Microcred de Nguékhokh. Dans la nuit du 06 au 07 avril 2017 vers 03h15mn, six personnes lourdement armées débarquent sur les lieux et font irruption dans la « boulangerie ZEYNA» en face de la banque. Toutes les personnes trouvées sur place ont été maitrisées et regroupées dans une chambre. Après avoir rudement bousculé le personnel de la boulangerie, les assaillants quittent les lieux bredouilles. Ils se déportent alors vers l’agence de Microcred, mitoyenne à la boulangerie. Profitant de l’effet de surprise, ils réussissent facilement à neutraliser le vigile. Ce dernier est solidement ligoté.
La sale besogne pouvait alors commencer. A coups de pieds biche et de marteaux, les braqueurs défoncent la porte de la banque et s’en prennent directement au coffre contenant, en ce moment, la somme de quatre-vingt-sept millions (87.000.000) de Francs CFA. La taille et le système de sécurité de ce dernier ne leur facilitent pas la tâche. Intrigué par l’agitation enregistrée aux alentours de l’agence, à cette heure tardive de la nuit, un témoin, caché derrière la boulangerie, alerte la brigade de gendarmerie. La patrouille de nuit arrive sur les lieux cinq minutes après. Dès que le véhicule de la gendarmerie a été aperçu, les malfaiteurs ouvrent un feu nourri, obligeant ainsi les gendarmes à débarquer. Il s’en est suivi un échange de coups de feu qui a duré plus d’une demie heure.
Sous la pression constante des gendarmes, les assaillants finissent par battre en retraite, laissant sur place un blessé grave et le butin de quatre-vingt-sept millions (87.000.000) de Francs CFA. Poursuivis, les braqueurs parviennent à se fondre dans la nuit. Les pandores envahissent alors les locaux et évacuent le braqueur blessé à l’hôpital de Mbour. Ils entament ainsi un minutieux travail de police technique. De nombreuses douilles de calibres différents sont retrouvées sur place ainsi que les outils d’effraction utilisés par les assaillants. Les locaux de l’agence présentent des allures de champs de bataille.
Massamba DIA, le braqueur atteint lors de l’attaque, succombera à ses blessures à l’hôpital Principal de Dakar. Au préalable, il avait fourni les noms de ses coauteurs et le rôle de chacun. Ainsi, la coordination était assurée par Ousmane SOW et Samba TALL, trentenaires, résidants respectivement à Thilmakha et Nguékhokh. Samba KA, la vingtaine accomplie, berger domicilié à Sandiara, est l’un des bras armés les plus sanguinaires du groupe. Djiby BA, quadragénaire, fort de corpulence, se charge de faire sauter les portes et les coffres. Ibrahima BA, âgé environ de 45 ans, assure le guet lors des interventions. Cette bande, bien connue des services de Gendarmerie, est l’auteur de l’attaque de l’agence Microcred de Ndiayenne Sirakh (Khombole), au mois de mars 2017. Déjà en 2005, Samba TALL et Ibrahima SOW, arrêtés suite à un cambriolage à la zone Franche Industrielle avaient été condamnés à dix années de réclusion criminelle avant d’être graciés au bout de huit ans.
Face à la violence et à la dangerosité de cette attaque, le Haut Commandant de la Gendarmerie donne des instructions fermes au Commandement de la Gendarmerie territoriale pour ne ménager aucun effort afin de retrouver les braqueurs dans les meilleurs délais et de les présenter devant les juridictions. Tous les moyens matériels et humains nécessaires étaient alors mobilisés. En appui à la Légion Centre Ouest, territorialement compétente, la section de recherches (SR) est déployée sur le terrain et tous les moyens techniques du pôle de police judiciaire ont été mis à contribution.
Au préalable, l’exploitation de la scène de crime et les auditions des victimes et des témoins ont fourni des informations capitales pour la poursuite des investigations. Très vite les éléments du puzzle commencent à se mettre en place. Non satisfaits de la tentative échouée à Nguékhokh, les membres du gang s’organisent pour attaquer un établissement financier à Darou Mousty, dans la nuit du 1ermai 2017. Toutes les unités de gendarmerie de la localité sont mises en alerte. La section de recherches et le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) se déploient sur la zone. Au bout de trente-six heures d’hésitation, le funeste projet est suspendu par la bande à Ousmane SOW. Pendant ce temps, les gendarmes renforcent les reconnaissances et la surveillance autour des cibles.
Ibrahima SOW, braqueur blessé lors de l’attaque de Nguékhokh est localisé à Saint-Louis. La brigade de recherches de la Légion Nord entre en action. La filature mise en place permet d’identifier rapidement le suspect qui a été interpellé à l’hôpital de Saint-Louis alors qu’il était venu prendre des soins médicaux. Après son audition sommaire, il sera aussitôt acheminé à Mbour dans la journée du jeudi 04 mai 2017 pour un interrogatoire de fond.
Au même moment, en attendant la bonne opportunité pour agir à Darou Mousty, les braqueurs optent pour attaquer une auberge au km 50. Un élément d’intervention mixte se positionne dans la zone. Donnant l’impression de jouer avec les nerfs des gendarmes, les braqueurs prennent la direction Djofior, certainement à la recherche d’un objectif d’opportunité à cambrioler. La légion de gendarmerie Centre se déploie rapidement et tient l’essentiel des points susceptibles d’intéresser les malfaiteurs. Ces derniers rentrent bredouille de leur périple nocturne. Entre temps, les enquêteurs avaient fini de faire l’environnement de chaque cible avec précision.
Usant de stratagèmes et de manœuvres détournées, les éléments de la Section de recherches interpellent Samba TALL à Nguékhokh, le vendredi 05 mai 2017 aux environs de 12 heures. Exploitant les résultats de cette prise, aussitôt après, Samba KA alias « Mamadou », est localisé à Sandiara vers 14 heures. Suite à une course poursuite de deux kilomètres, il finit par être neutralisé par les gendarmes qui lui retirent son coupe-coupe. En même temps, les équipes techniques avaient identifié Ousmane SOW à Nguékhokh. Surpris sur sa moto tentant de s’exfiltrer, il a été neutralisé par le GIGN aux environs de 16 heures. Il ne restait alors que Djiby KA qui ne tardera pas être alpagué aux alentours de 18 heures au garage de Nguékhokh. Le compte était bon.
Selon le commandant DIACK, chef de la section de recherches de la Gendarmerie : « cette opération est un bel exemple de collaboration opérationnelle entre les unités de la Gendarmerie territoriale. C’est le lieu de saluer le travail d’environnement, de haute facture, effectué par le primo intervenant de la Compagnie de Mbour qui a beaucoup facilité l’action des unités de recherches, appuyées par le groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale ».
Une série de perquisitions a alors été organisée dans la journée du samedi 06 mai 2017. Celle-ci a permis de retrouver un arsenal impressionnant d’armes de poing, de fusils de chasse, de munitions et d’armes blanches. Les armes étaient souvent cachées dans la brousse. De nombreux pieds de biches, des marteaux lourds et du bétail déclaré voler, ont été également découverts.
Les cinq mis en cause, gardés à vue à la brigade de gendarmerie de Nguékhokh, seront déférés au parquet de Thiès, ce jour mardi 09 mai 2017, en fin de matinée.
La gendarmerie met ainsi fin à une véritable industrie du crime. Le gang démantelé était réputé pour son audace et sa violence qui affolaient les populations des régions du Centre et du Nord du pays. Dans son analyse, le commandant DIACK déclare : « L’opération était très délicate car nous avions affaire à des délinquants armés qui n’hésitaient nullement à faire usage de leurs armes. La complexité des recherches réside dans le fait que les malfaiteurs habitent dans des localités distantes, dispersées à travers le territoire. Ils ne se regroupent que pour préparer et commettre leur forfait. Ils se disloquent aussitôt que l’attaque est terminée. C’est une véritable entreprise du mal qui recrute ses prestataires, à la carte, en fonction du coup à réaliser ».
Loin d’être achevée, l’action de la Gendarmerie dans la lutte contre la criminalité organisée va se poursuivre en s’intensifiant, selon les hauts gradés de ce corps. Dans cette optique, le Haut Commandement lance un appel à toutes les populations, pour constituer les relais des forces de sécurité et de défense, afin de dénoncer, sans délai, toutes les formes de criminalité organisée, soupçonnée ou formellement identifiée.