Hier, Mercredi, sur la Corniche Ouest, il était dix heures. Un temps matinal. Mais d’une journée qui s’annonce chaude du fait de la forte chaleur que renvoient les rayons solaires dans ce coin délabré, sorte de virage camouflant de l’avenue Cheikh Anta Diop. C’est à l’angle droit en partance pour le centre-ville. Sur les lieux, de belles dames au visage grave, ont le regard par moment jeté loin dans l’espoir d’apercevoir un véhicule particulier de prestige. Certaines, la figure masquée dans de grosses lunettes noires, ont d’apparence un sourire forcé pour la circonstance, le temps de stopper net un véhicule qui céderait à leur piège. Elles sont comme trop libres, certaines femmes à Dakar. Occupées qu’elles sont à draguer les hommes sur certains axes des voies publiques à l’image de la corniche. Les temps sont durs du fait d’un contexte marqué par la conjoncture économique. Le chômage régnant, toutes sont dans le besoin. Peu de gens aujourd’hui résistent aux tentations de toute sorte. Seulement quand la souffrance devient une réalité au quotidien, la moralité se retrouve au plus bas stade. Et ce sont les femmes qui s’y prennent mal. Elles sont nombreuses les belles dames à squatter la corniche. La nuit comme le jour. En panne d’argent, elles ont choisi la facilité comme moyen de survie, se taillant une cible parmi la plus friquée de Dakar : des hommes peut-être peu galants, mais d’une apparence financière rassurante. Ces hommes aux allures confortables et qui roulent sur du béton avec des véhicules rutilants dont la valeur marchande frise l’incroyable. Plus que le nerf de la guerre, l’argent à Dakar vaut tous les conforts. Il installe les hommes riches dans la grâce de belles dames.