Très décisive quant à l’issue de la guerre qui oppose Benno Bokk Yakaar au camp de Khalifa Sall dans la perspective de la présidentielle de 2019, la bataille de la Médina livre ses codes.
Aux dernières législatives, le maire Bamba Fall, défait au référendum de 2016 (qui n’est pas une élection), a rattrapé son retard, malgré les gros moyens d’intervention sociale mis à la disposition des responsables locaux de l’Alliance pour la République.
Expliquant le secret de cette victoire, des personnes que nous avons interrogées informent que le pro-Khalifa mène une politique de proximité, auprès des jeunes et des femmes. N’ayant pas de responsabilités autres que celles de maire, il dispose de beaucoup plus de temps que ses concurrents de l’Apr pour dérouler sa stratégie. Mieux, grâce à ses maigres moyens, il est parvenu à réfectionner la plupart des établissements publics de la commune. « Le jour du scrutin, lors des législatives de juillet passé, beaucoup d’électeurs potentiels de l’Apr ont, une fois dans les centres de vote, changé d’avis pour porter leur choix sur Manko. Ces sympathisants de Macky Sall avaient été séduits par les réfections opérées par le conseil municipal au niveau de ces établissements qui abritent des centres de vote », renseigne une source de Dakaractu, sous le couvert de l’anonymat.
Cependant, notre gorge profonde ajoute que la frange du Ps favorable à Ousmane Tanor Dieng constitue une vraie menace pour Bamba Fall, qui n’est pas à l’abri d’un coup de Jarnac comme celui qui a permis à Benno de reconquérir les communes de Dakar-Plateau, Grand-Dakar etc.
En outre, les lieutenants de Macky Sall disposent de gros moyens et peuvent compter sur des personnalités très influentes pour opérer une remontée.
C’est ainsi qu’il nous est revenu que le ministre porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye, est prompt à mettre la main à la poche pour soutenir les populations à l’occasion des cérémonies, notamment familiales et religieuses. « Malheureusement, il lui manque de descendre sur le terrain pour parler directement aux gens. Il envoie des intermédiaires ou des émissaires. Cela n’est pas toujours efficace », confie-t-on.
Papa Abdoulaye Seck, ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural s’active pour porter en triomphe le Benno. Là également, nos sources sont formelles, « M. Seck est un scientifique détaché qui n’est pas rompu à la politique de proximité ». Le même reproche est fait à Maïmouna Ndoye Seck, ministre des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires. N’empêche, celle-ci dispose d’un mouvement ayant des ramifications dans toute la commune. Les ministres Papa Abdoulaye et Maïmouna partagent un handicap électoralement contre-productif : ils ne sont pas connus du Médinois lambda.
Quid de Cheikh Ba, directeur général des impôts et domaines ? « Grâce à son esprit de solidarité, il a réalisé des prouesses dans un délai très court. Son discours passe chez les jeunes qui le respectent, parce qu’on ne le voit pas comme un politicien classique qui vient tromper son monde. En juillet passé, son apport a été déterminant pour limiter les dégâts. Il peut faire mal à l’avenir. Toutefois, à cause de ses fonctions à la tête de l’Administration fiscale, il n’a pas de temps. Il ne suffit pas de ne rencontrer les populations que les week-ends. Il lui reste du chemin à parcourir », relève notre informateur.
Pour ce qui concerne Sidy Sam, le directeur du Centre national des ressources éducationnelles, on le dit très engagé. Il assiste beaucoup ses concitoyens médinois. « Ce qui fait défaut chez lui, c’est la visibilité », juge notre source.
En définitive, à quelques encablures de la présidentielle de 2019, la Médina est le théâtre d’une âpre bataille entre majorité et opposition. Pour renverser la tendance issue des législatives dans ce bastion socialiste associé au nom de feue Adja Arame Diène, l’Apr devra ménager sa monture pour défier Bamba Fall sur son terrain de prédilection : la proximité.
Avec Dakaractu