Au Bangladesh, les réfugiés rohingyas en état de survie

Le Bangladesh est en train de vivre l’une des plus terribles crises humanitaires des dernières années dans la région. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, plus de 270 000 réfugiés rohingyas sont arrivés sur ce territoire, en fuyant la répression de l’armée birmane. La région frontalière, qui comptait déjà des dizaines de milliers de Rohingyas réfugiés, croule sous la pression.

La route qui longe la frontière avec la Birmanie est inondée de monde. Des enfants dépenaillés, des femmes portant leur bébé au sein, guettant désespérément toute aumône de nourriture. Des groupes entiers de réfugiés attendent ainsi, sur le bord de cet axe. Parfois, des camions ou même des voitures personnelles s’arrêtent et leur donnent rapidement des sachets de biscuits. Le minimum pour survivre encore une journée.

Car c’est de la survie. Après tout ce qu’ils ont fui, la mort quasi certaine dans leur Birmanie natale, ces Royhingyas doivent maintenant trouver de quoi manger et guérir leurs blessures. Sur les collines qui bordent cette route, ces rescapés récupèrent quelques bambous et des toiles de plastique et se construisent un abri, pour tenir jusqu’au jour suivant.

« Treize jours dans la jungle »

Peu à peu, ils commencent à raconter leur parcours de survie. « J’entends encore le bruit des balles qui sifflent. » Simaj Uddin a les yeux sombres et humides quand il parle de sa fuite. Il y a deux semaines, l’armée birmane est arrivée dans son village et leur a laissé deux heures pour partir. Il a pris quelques habits, et quand il s’est retourné, ce hameau de 1 000 familles était en feu. Cet homme de 62 ans, père de 14 enfants, a pris la route avec trois d’entre eux et sa femme. Il ne sait pas où sont ses autres proches.

« Nous avons passé treize jours dans la jungle, à marcher le jour et nous cacher la nuit. Nous mangions des feuilles et des fruits. Nous avons suivi les traces de pas des gens avant nous. Puis nous sommes montés sur un bateau. Mais même là, l’armée tirait sur nous. Deux personnes sont mortes sur le bateau », raconte Simaj Uddin.

Environ 300 Rohingyas vivent depuis trois jours sur ce bord de route. Mohamed Hashem, un Bangladais, a vendu ses poulets pour les installer à la place, dans sa ferme. « Je les ai vus errer, je ne pouvais pas rester sans rien faire. Même s’ils sont étrangers, ce sont mes frères musulmans », dit-il.

Les moyens des ONG internationales et bangladaises ont doublé ces derniers jours, mais cela ne peut être suffisant. Car en deux semaines, c’est l’équivalent d’une ville européenne qui est née soudainement. Ou plutôt un bidonville de près de 300 000 habitants, qui n’ont rien et ont besoin de tout.

Les trois camps établis pour accueillir les précédents afflux de Rohingyas sont complètement surchargés et ces personnes, qui ressemblent beaucoup aux Bangladais locaux et parlent un dialecte quasiment similaire, se fondent dans la population.

Les autorités régionales ont donc décidé d’enregistrer les empreintes digitales et de l’iris de tous les nouveaux réfugiés arrivant, afin de les identifier et de pouvoir, à terme, les renvoyer si possible. Si ce projet voit le jour, cela sera une tache monumentale, considérant le chaos qui règne jusqu’à présent sur place et le peu de fonctionnaires présents.

Le gouvernement a également prévu d’allouer 20 hectares de terres supplémentaires pour créer un nouveau camp dans la zone de Bahou Khali. Un quatrième camp de réfugiés pour essayer de formaliser cette énième vague de migration désespérée des Rohingyas. Un exode qui dure depuis plus de 25 ans et que le Bangladesh a de plus en plus de mal à absorber.

Source: Rfi

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