Mohammed VI ne gardera certainement pas un bon souvenir de son premier séjour à Cuba, pays avec lequel le Maroc n’entretient pas de relations diplomatiques. Le périple qui a commencé dans l’ile Cayo Santa Maria de l’archipel Jardines del Rey, après un court séjour le 7 avril à l’hôtel Saratoga à la Havane où il a fait étalage avec obscénité de [sa] fortune, n’a été possible que parce qu’il a expressément émis le souhait de consulter des spécialistes cubains pour traiter une maladie qu’il traîne depuis des années et qui commence sérieusement à le handicaper.
Connues pour leur humanisme, les autorités cubaines n’ont évidemment pas hésité un seul instant à offrir leur hospitalité au monarque marocain prédateur. Mais au vu des échos qui nous sont parvenus de La Havane, Mohammed VI ne s’est pas contenté de s’y faire soigner. Ayant apparemment pris la générosité du peuple cubain pour de la faiblesse, il s’était dit qu’il avait là un bon coup diplomatique à jouer.
Le roi du plus grand Etat exportateur de résine de cannabis au monde s’était mis dans la tête qu’il pouvait faire changer de position à La Havane sur la question du Sahara Occidental que son pays occupe depuis plus de quarante ans. Sur place, il s’était donc mis à adresser des «recommandations» aux autorités cubaines par messagers interposés, dont l’une soulignait «le profit que pouvait tirer Cuba d’un changement de sa politique vis-à-vis du Polisario et d’un rapprochement avec son pays qu’il n’hésite pas à qualifier de… nouveau géant africain». Des sources cubaines confient que des anticastristes proches de la nébuleuse sioniste de Floride ont mis la main à la pâte pour lui baliser le terrain sur place.
Des responsables cubains, disent-elles, ont été sidérés par autant d’insolence et d’exubérance. Certains n’ont d’ailleurs pas hésité à parler de «provocations» tant Mohammed VI et sa smala se sont, un moment, crus dans l’un des pays où ils ont l’habitude de se faire obéir par un simple claquement de doigts et donc pensé possible de «retourner» le pouvoir cubain. Un pouvoir qui a tenu tête avec presque rien à la toute puissante Amérique. D’autres ont qualifié la proposition marocaine d’«insulte» au peuple cubain qui a sacrifié nombre de ses enfants pour libérer l’Afrique du joug du colonialisme.
Las de l’effronterie de la délégation marocaine, le gouvernement de Raul Castro a fini par faire comprendre aux messagers de Mohammed VI que le moment était venu pour leur «maître» de faire ses valises. C’est un peu comme ça que le roi du Maroc, dépité et humilié, a dû rallier mercredi dernier Miami en Floride où il escomptait pouvoir rencontrer, dimanche, ne serait-ce que pour quelques minutes, le nouveau président américain Donald Trump.
Mais comme à La Havane, il y a subi un autre camouflet puisque le successeur de Barack Obama à la Maison-Blanche l’a superbement ignoré. C’est donc un Mohammed VI inconsolable et sans doute encore plus affaibli au niveau international qui reviendra dans un Maroc secoué depuis plusieurs jours par des protestations sociales de grande ampleur qui vont en s’aggravant.
Khider Cherif