Le département de Bignona est connu pour ses richesses naturelles mais aussi pour sa longue tradition de zone productrice par excellence de riz. Mais ce statut de grenier est en train de lui échapper depuis maintenant plusieurs années. Les raisons sont à trouver dans les conditions climatiques défavorables ces dernières années avec une pluviométrie en dents de scie qui a fini par décourager les agriculteurs. Autres raisons, il y a également l’avancée du sel et l’ensablement des vallées cultivables. La solution envisagée à l’époque était la construction d’un barrage à Affiniam à cause de sa position stratégique par rapport au fleuve Casamance. Les études techniques et l’impact que cela devrait avoir sur la vie des populations avaient fini de persuader tout le monde et les chinois étaient chargés de construire l’ouvrage.
Les travaux avaient alors bien avancé mais ne sont pas arrivés à termes provoquant l’effet contraire. Au lieu de rendre plus viables les terres, le barrage est devenu la source de tous les malheurs que vivent les populations du département de Bignona. En effet, plus de 7000 hectares ont été perdus et le vécu des populations notamment celles qui sont tout près, s’est détérioré au fur des années. Non seulement, elles ne peuvent plus cultiver dans les rizières mais leur cheptel trouve difficilement du pâturage et les lieux d’habitation sont sérieusement menacées. Il faut noter également le fait que le barrage a un impact négatif sur l’alimentation des populations, plusieurs arbres fruitiers ont disparu et le poisson qui faisait le charme de plusieurs villages de Bignona est devenu rare. Ainsi, les villages situés dans le Blouf, Niamone, Yeumeukey et une bonne partie de la commune de Tenghori vivent dans l’incertitude car l’espoir suscité par la construction du barrage s’est effondré et laisser la place à l’angoisse et à la misère.
Aujourd’hui, le gouvernement a fixé un objectif de 80 mille tonnes de riz à atteindre par le département de Bignona dans le cadre du programme national d’autosuffisance en riz (PNAR). Jusqu’en 2016, ce sont seulement 50% de l’objectif qui sont atteints à une saison de l’horizon 2018.
En plus des autres mesures annoncées, l’achèvement et la mise en service du barrage d’Affiniam revient régulièrement à chaque fois l’occasion se présente. L’Etat du Sénégal a montré de bonnes dispositions avec notamment la visite du Ministre de l’agriculture de l’époque Abdoulaye Bibi Baldé en Août 2013. Il sera suivi par l’ambassadeur de chine en Février 2014. Depuis lors, les populations attendent toujours la reprise des travaux. D’autres pensent même qu’il vaut mieux détruire le barrage et permettre aux populations, au moins, de retrouver la situation d’avant barrage. D’ailleurs les gens commencent à s’organiser pour mener une riposte virulente. Une marche départementale est en gestation, devancée par une pétition qui va bientôt être mise en circulation à travers le pays et dans la diaspora. Un Etat averti en vaut deux.
L.BADIANE pour xibaaru.com