« Aurais-je réussi tout cela si j’avais gardé ma jambe ? », le témoignage poignant de Raky

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A Montréal, Raky, une jeune Canadienne de 36 ans, nous livre une véritable leçon de vie. D’une négligence médicale qui lui a valu l’amputation d’une jambe, elle a fait une force. Récit.

« Plus de dix ans après mon amputation, si on me disait : «Raky, on te rend ta jambe, mais on t’enlève tout ce que tu as vécu», je refuserais !« , assure Raky, 36 ans, avec un sourire rayonnant. Si le mot de résilience n’est jamais prononcé, son histoire, qu’elle relate dans un livre* en est la parfaite illustration. « Longtemps, j’ai maudit le destin. Je me suis dit : pourquoi moi ? C’est si injuste. Mais je sais que je ne serais pas la femme que je suis aujourd’hui, sans avoir traversé cette épreuve. »

A 25 ans, elle pose pour une campagne de pub Benetton

Hiver 2004, Raky a débarqué un an plus tôt à Montréal, au Québec, pour poursuivre ses études de communication. A 25 ans, la jolie Française d’origine sénégalaise est bien dans sa peau, elle a posé devant l’objectif d’Oliviero Toscani pour une campagne de pub Benetton. « Benetton, c’était juste une belle aventure. J’étais un garçon manqué, fan de basket-ball. » D’ailleurs, Raky joue dans une équipe universitaire. « Rater un entraînement pour un bouton douloureux dans le dos n’était pas mon genre. Fiévreuse, j’ai préféré consulter. Je vivais mes derniers jours sur mes deux jambes. » Son petit bouton se révèle être un kyste pilonidal.

Raky est rongée par une « bactérie mangeuse de chair »: « Je pourrissais sur place »

Le 25 janvier 2004, Raky est hospitalisée pour ce qui doit être une opération bénigne. Mais, à son réveil, la jeune fille souffre le martyr. Une odeur nauséabonde s’échappe de sa plaie. « Certaines infirmières ne parvenaient pas à rester plus de quelques secondes dans la chambre, se souvient Raky. En fait, je pourrissais sur place… » Le 2 février, un terrible diagnostic tombe : infectée par un streptocoque de type A, Raky souffre d’une fasciite nécrosante, surnommée « bactérie mangeuse de chair ». « Bien que les infirmières aient tiré la sonnette d’alarme depuis plusieurs jours, rien n’avait été fait. » Le lendemain, Raky fait un choc septique et sombre dans le coma.

« C’est le choc : on m’a coupé une jambe pour un kyste dans le dos ! »

Son état est désespéré. La bactérie remonte inexorablement vers le cœur, dévorant tout sur son passage. Pour lui sauver la vie, il faut retirer au plus vite tous les tissus touchés. Sa jambe gauche est amputée dans l’urgence. « A mon réveil, c’est le choc, écrit Raky. Je ne peux pas croire qu’on m’ait coupé une jambe pour un kyste dans le dos ! » Elle poursuivra l’hôpital général de Montréal pour négligence médicale. « J’ai pu prouver la négligence médicale, car une infirmière a noté dans mon dossier médical les nombreuses alertes sans suite. » En 2009, son avocat signera une entente amiable. Le montant du dédommagement reste secret. Raky passera cinq mois à l’hôpital.

« Mon regard sur la vie a changé, je suis allée à l’essentiel »

« Ce fut une période très sombre. Je me disais : je ne sers plus à rien, ma vie est foutue. Et il y a eu un vrai écrémage du côté de mes amis. En fait, il ne restait plus que les gens vrais. Mon regard sur la vie a changé, je suis allée à l’essentiel. » Raky s’accroche, passe son permis et finit par décrocher son diplôme. « Au début, c’était l’énergie de la colère. Et puis, un jour, j’ai fait le choix d’arrêter de me morfondre. Petit à petit, j’ai compris que rien ne pouvait m’arrêter, à part moi. » Aujourd’hui responsable du réseau des diplômés d’une école de mode, Raky pratique aussi la photographie. Celle qui se marie dans un mois a renoué avec sa passion du basket en devenant coach pour jeunes. « J’ai fini par participer à la sélection de joueuses pour le tournoi le plus prestigieux du Québec. Le rêve ! Aurais-je réussi cela sur mes deux jambes ? Honnêtement, je n’en suis pas certaine ! »

 
 

 

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