Si épingler Khalifa Sall pour sa gestion de la mairie de Dakar était perçue au départ par le régime comme une idée lumineuse, c’est ratée. En effet, personne n’est dupe. Khalifa Sall aurait commis de réelles malversations que le timing de son audition par la Division des investigations criminelles l’en laverait automatiquement à cause des soupçons de règlement de comptes politiques. N’en déplaise à ceux qui crient urbi et orbi que c’est dans un souci de bonne gouvernance et de reddition des comptes. « Il n’ y a pas de détournement, il n’ y a pas d’escroquerie, nous n’avons fait que continuer une pratique, une modalité de gestion. Je voudrais que les Sénégalais sachent que nous ne sommes pas des voleurs (…) La campagne de dénigrement ne passera pas… », a dit Khalifa Sall à sa sortie de la Dic.
Mais l’édile de la capitale peut compter sur ses proches et la classe politique. En effet, la pilule semble trop grosse et plus difficile à avaler pour l’opposition qui saisit la balle au rebond pour dénoncer encore une fois une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
« Combien y a-t-il eu de scandales impliquant des proches de Macky Sall ?, s’est interrogé Thierno Bocoum de Rewmi qui ajoute : « Macky Sall a pris la décision d’en finir avec ses adversaires politiques. Il veut les empêcher d’exercer leurs droits, de faire la politique. S’il pense qu’il ne pourra gouverner qu’en instrumentalisant la justice, en attaquant ses adversaires politiques ou qu’il doit utiliser des armes non conventionnelles pour se maintenir au pouvoir, c’est quelque chose de regrettable. S’il veut obtenir un deuxième mandat, il n’a qu’à produire des résultats ».
Même son de cloche chez Hélène Tine qui s’inquiète : « Ça commence à sentir mauvais, à être gênant. J’apporte tout mon soutien à Khalifa Sall pour ces épreuves. Même si je suis pour la transparence, je n’encourage pas la mal-gouvernance ». La députée à l’Assemblée nationale de souligner : « Nous nous sommes engagés pour des ruptures et pour la transparence dans la gestion des affaires publiques. Aujourd’hui, nous sommes pour la redevabilité. Il faut que tout Sénégalais qui occupe des responsabilités, soit redevable et rende compte. Mais nous sommes pour une démarche qui n’est pas sélective. Nous refusons la politisation de cette démarche qui semble cibler des adversaires politiques, qui semble aller dans le sens de la liquidation politique. Nous autres qui étions là hier et qui nous sommes battus, avons le droit de nous lever pour faire face à cette nouvelle dérive que nous n’attendions pas de ce pouvoir ».
L’inspecteur des impôts et domaines, Ousmane Sonko, qui s’est personnellement déplacé, hier, au Palais de justice pour apporter son soutien à Khalifa Sall, d’emboucher la même trompette. A l’en croire, Macky Sall, qui est dans sa logique de faire le vide autour de lui, pour ne pas se retrouver en face d’une opposition, s’attaque aux uns après les autres. « Pour certains, il s’attaque à leur profession, pour d’autres, il s’attaque à leur vie privée, pour d’autres encore à des histoires farfelues de gestion. Je pense que s’il fallait chercher des problèmes de gouvernance et de gestion, il faudrait aller les chercher dans le régime de Macky Sall qui est le régime qui a enregistré le plus de scandales financiers de toute l’histoire du Sénégal en un temps aussi court », a dit Sonko.