Auchan demeure ! (Par Mohamed Dia)

Sénégal, pays de la Téranga ; «Auchan dégage !» Quel paradoxe ! Le Sénégal est en train de tenir des attaques à caractère xénophobe pour un pays plutôt connu pour sa xénophilie.

Fonde en 1961 par Gérard Mulliez, Auchan est une entreprise de grande distribution, treizième distributeur alimentaire dans le monde et quatrième en France.

L’internationalisation ne commença qu’en 1981 et son premier hypermarché ne s’ouvra qu’en 1989 en Italie. Auchan est présent dans trois continents et dix-sept pays dont le Sénégal. Auchan s’est implanté au Sénégal depuis 2014 et a racheté les neuf supermarchés de Citydia qui est une entreprise espagnole. D’après Laurent Leclerc, le Directeur général d’Auchan, «Le contrat de franchise de Citydia arrivait à échéance et il ne souhaitait pas poursuivre dans ce métier» (Le Soleil du 9 décembre 2017).

Ceux qui disent qu’Auchan doit s’en aller ne nous donnent pas des alternatives et d’ailleurs le Sénégal est une économie ouverte et non une dictature. Cela nous fait penser à Idi Amin qui en 1972 donna un ultimatum à plus de 50.000 asiatiques de quitter le territoire ougandais dans les prochains jours et il confisqua tous leurs biens qu’il remettra aux Ougandais.

La concurrence saine est toujours une bonne chose pour nous les consommateurs et ceux qui accusent Auchan de tuer les petits commerces sont ultra-minoritaires. Ces derniers peuvent être comparés à des altermondialistes qui ne soucient que de leur propre intérêt.

Nous, les consommateurs, avons des attentes et il me semble qu’Auchan ne les a pas déçues. Il s’agit plutôt pour ces petits commerces de changer leurs stratégies pour pouvoir survivre.

D’après le directeur général d’Auchan, «1500 postes sont pourvus par des Sénégalais soit 98% des employés. Il faut noter aussi que la viande et le poisson sont à 100% des produits Sénégalais et les légumes à 90% des produits Sénégalais».

D’après l’agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le salaire moyen mensuel au Sénégal est de 144.152 Francs CFA. Avec un tel salaire quelle doit être la préoccupation des chefs de famille ?

«Le secteur informel représente 41,6% du PIB et emploie 48,8% de la population active. Le salaire annuel perçu par un employé du secteur s’élève à 505.805 Francs CFA soit un salaire mensuel de 42.150 Francs CFA. Le secteur informel sénégalais ne contribue qu’à hauteur de 3% de recettes fiscales intérieures en dépit de la mise en place de la Contribution Globale Unique (CGU) et du régime du bénéfice réel afin de simplifier le traitement fiscal des activités informelles (www.ecofinance.sn).

Personnellement, je pense que le problème est plus profond que d’essayer de faire dégager Auchan mais plutôt de discuter de la FORMALISATION du secteur informel.

D’après le rapport de FMI de 2015, le Sénégal fait partie des vingt-cinq pays les plus pauvres au monde. Le budget du Sénégal est constitué pour la plupart des recettes fiscales que le secteur informel ne paie pas. Ces milliards qui pouvaient servir à développer notre pays ne sont malheureusement pas payes par les membres de ce secteur. Songeons à formaliser ce secteur pour éviter que cela ne ressemble au voleur qui crie au voleur.

Le Sénégal étant un pays très favorable aux affaires, pourquoi n’avons-nous pas songe à investir dans ce secteur bien avant toutes ces grandes entreprises ? Maintenant que ces entreprises sont déjà installées, pourquoi ne pas les concurrencer de manière légale au lieu de se lamenter ?

Nous ne pouvons pas être des altermondialistes dans un pays ou le dualisme social est très présent ; nous devons favoriser l’implantation d’entreprises nationales et internationales s’acquittant de leurs obligations fiscales tout en promouvant l’emploi des Sénégalais. A noter qu’en fin 2015, 28.100 entreprises étrangères employaient 1,8 million de personnes en France (www.la-croix.com)

L’implantation d’entreprises du secteur formel, nationales et ou internationales est-elle la solution à l’évasion fiscale du secteur informel ?

Mohamed Dia

Consultant Bancaire

Email : [email protected]        

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici