Plusieurs suspects liés à l’extrême droite ont été interpellés à la suite de cet attentat dans la ville de Christchurch, décrit comme « bien planifié »
Au moins quarante neuf personnes ont été tuées et quarante huit grièvement blessées, vendredi 15 mars, lors d’une attaque terroriste contre deux mosquées de la ville néo-zélandaise de Christchurch, selon un bilan officiel. « Il est clair qu’on ne peut que décrire cela comme une attaque terroriste, a déclaré la première ministre Jacinda Ardern. Pour ce que nous en savons, [l’attaque] semble avoir été bien planifiée. »
Un tireur, dans l’une des mosquées, était un Australien, a annoncé le premier ministre, Scott Morrison, qui a évoqué un « terroriste extrémiste de droite, violent ». Un suspect a été arrêté, inculpé pour meurtres, et doit apparaître devant un tribunal dès samedi matin.
Le nombre exact de terroristes n’est pas connu mais le commissaire Mike Bush a déclaré que trois autres personnes, toutes arrêtées en possession d’armes, étaient en garde à vue. Plus aucun suspect identifié n’est recherché mais « il serait faux de partir du principe que personne d’autre n’est impliqué », a averti le policier.
L’état d’alerte a été relevé à son niveau maximum en Nouvelle-Zélande. La première ministre néo-zélandaise a parlé d’une des journées « les plus sombres » de l’histoire du pays.
Dans la mosquée, « certains étaient couverts de sang »
L’attaque, méthodique, contre les deux mosquées a eu lieu à l’heure de la prière. Au moment de la fusillade, la mosquée Al-Noor, sur Deans Avenue, était remplie de fidèles. Quarante-et-une personnes y ont été tuées, sept autres ont succombé à la mosquée Linwood, tandis qu’un blessé est mort à l’hôpital, a décompté M. Bush.
Un Palestinien présent dans l’un des lieux de culte a raconté qu’il avait vu un homme se faire abattre d’une balle dans la tête. Il a raconté à l’AFP, sous couvert d’anonymat :
« J’ai entendu trois coups de feu rapides et, après environ dix secondes, ça a recommencé. Cela devait être une arme automatique, personne ne pourrait appuyer sur la détente aussi vite. Puis, les gens ont commencé à sortir en courant. Certains étaient couverts de sang. »
Les membres de l’équipe nationale de cricket du Bangladesh se trouvaient dans la mosquée Al-Noor. Ils en sont ressortis indemnes.
Un témoin a raconté au site néo-zélandais d’information Stuff qu’il était en train d’y prier quand il a entendu des tirs. En prenant la fuite, il a vu sa femme morte devant l’édifice religieux. Un autre homme a dit avoir vu des enfants se faire abattre. « J’avais des corps partout sur moi. »
Des bombes artisanales ont par ailleurs été découvertes et désarmées lors de la fouille d’une voiture, selon les forces de l’ordre.
Eviter les mosquées « partout en Nouvelle-Zélande »
En ce jour de prière pour les musulmans, la police a demandé aux fidèles d’éviter les mosquées « partout en Nouvelle-Zélande ». Un grand périmètre dans cette ville de l’île du Sud a été bouclé par les forces de l’ordre, pour qui « les risques restent extrêmement élevés ».
La police a également demandé à la population de ne pas partager « des images extrêmement pénibles » après la mise en ligne d’une vidéo montrant un homme blanc se filmant en train de tirer.
La municipalité a ouvert une ligne de téléphone d’urgence pour les parents inquiets du sort de leurs enfants, qui participaient à une marche contre le changement climatique dans la ville. « Ne tentez pas de venir chercher vos enfants avant que la police ne dise que les gens peuvent se rendre dans le centre-ville en toute sécurité », a averti la municipalité. L’ambassade de France en Nouvelle-Zélande a également averti ses ressortissants sur les réseaux sociaux.
La Nouvelle-Zélande est réputée pour sa faible criminalité. Dans ce pays, « l’usage d’armes à feu pour commettre des crimes reste un événement rare », écrit ainsi le département d’Etat américain dans ses conseils aux voyageurs.