Au Brésil, la grève des policiers déclenche une vague de violence

La police militaire de l’État d’Espírito Santo a cessé le travail le week-end dernier et à nouveau le 7 février. Son absence dans les rues a déclenché le chaos et des violences extrêmes qui ont fait 87 morts. Un épisode qui en dit long sur les fractures sociales du pays.

Deux cents magasins saccagés et 87 morts en cinq jours dans le petit État d’Espírito Santo (3,8 millions d’habitants), situé au nord de Rio : c’est le terrible bilan d’une grève des policiers commencée samedi 4 février et reconduite trois jours plus tard. Les agents n’ayant pas le droit de faire grève, ce sont leurs familles qui ont manifesté dans les rues de Grande Vitória (1,9 million d’habitants) pour réclamer des augmentations de salaire et une amélioration des conditions de travail de la police. Mais l’absence de patrouilles dans les rues a déchaîné les pilleurs et la soif de vengeance sociale, explique en substance Carta Capital. Il aura fallu l’envoi de 1 200 policiers fédéraux et militaires pour redresser la situation.

« Après la crise dans les prisons, en janvier dernier, qui avait fait une centaine de victimes, “que nous enseigne ce chaos à Espírito Santo ?” s’interroge le site. Et le journal de pointer “la fragilité du contrat social [du Brésil], qui ne tient plus que sur la base d’un système coercitif”.

Dans un Brésil où règnent des inégalités abyssales, la paix dans les zones nobles des villes s’est construite sur l’exclusion et la ségrégation des indésirables, c’est-à-dire des pauvres, des Noirs et de la plèbe des périphéries.”

Et pourtant, poursuit Carta Capital, cet État d’Espírito Santo, qui comptait dans les années 1980 parmi les plus violents du Brésil, a mené depuis 2011 une politique intelligente de prévention et de respect des citoyens, couplant des mesures de sécurité à la prise en charge des jeunes dans les quartiers pauvres. Mais “la passerelle vers la paix sociale est longue et implique des politiques publiques fortes de la part de l’État” sur le long terme.

Sans quoi, conclut le journal,

« nous resterons éternellement otages du jaillissement de la crise, avec une séparation ténue entre la tragédie et la rédemption.”

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