La récente sortie du Président Macky Sall annonçant des mesures restrictives liées à l’ état d’urgence et au couvre-feu continue de faire des vagues. Mais à y regarder de très près, on est loin de s’imaginer que le locataire du Palais de Roume a cédé à la pression des religieux. Décryptage.
Jamais décision présidentielle n’a été autant attendue et interprétée que celle prise par Macky Sall pour assouplir les mesures de restriction liées à l’état d’urgence sanitaire.
Quand certains le prennent pour une abdication pure et simple dans la guerre qu’il avait lui-même déclaré contre le virus, d’autres croient en un rétropédalage mais surtout à une réévaluation de la stratégie de combat. Les plus téméraires parlent de victoire des religieux qui ont mis une pression énorme sur les épaules du président pour la réouverture des mosquées.
Toutefois, il faudrait analyser la situation actuelle sous un prisme beaucoup plus large qui prend en compte la personnalité de Macky Sall, sa représentativité et la manière dont il tient ce pays depuis son accession à la magistrature suprême.
De prime abord, il faut reconnaître que le président Sall n’est pas homme à céder à la pression des religieux à qui il a tenu tête plusieurs fois et de manière frontale. Et cela avant même son élection de 2012. N’est-ce pas lui qui a dit une fois que les marabouts sont des citoyens ordinaires…? Et en bien des occasions, il a montré que cette boutade est en lui une conception véridique.
Dès lors, ce qui est aujourd’hui considéré comme un rétropédalage ou une abdication face aux religieux pourrait se justifier autrement. L’état d’urgence, les rigueurs du couvre-feu et le semi-confinement ont arrêté des pans entiers de l’économie informelle et ont commence à casser certains ressorts de la stabilité sociale.
Défiance des populations à l’autorité
Les populations défiaient ouvertement l’autorité car ne pouvant plus tenir économiquement et ne comprenant non plus pas grand chose à une maladie dont les experts sanitaires ne réussissent toujours pas à percer ses mystères. Certains malades en traitement disent ne souffrir de rien et des contacts mis en quarantaine affirment être en villégiature dans les hôtels et autres centres dédiés.
De quoi alimenter les théories conspirationnistes en tous genres qui se développent rapidement à travers la plan de riposte et qui n’ épargnent pas non plus notre pays. Dans le subconscient collectif, le virus aurait été créé pour réduire la population mondiale notamment les Africains. Il s’agirait encore d’un plan de la Franc-maçonnerie pour combattre l’Islam et établir un nouvel ordre mondial?, etc…
Grognements tous azimuts
C’est dans ce contexte de grognements généralisés qui sourdent de partout que Macky a reconsidéré sa position pour faire atténuer la tension sociale. C’est l’homme le plus renseigné du pays et il sait que l’heure était devenue grave.
La fermeture totale des marchés et loumas, impensable vu la forme de notre économie ne peut se justifier et la fréquentation régulière de ces lieux poussent les religieux à se demander pourquoi pas les mosquées aussi?
Aussi, les pays occidentaux où la pandémie a fait une hécatombe ont décidé de vivre avec le virus et de lever les restrictions sur la vie socio-culturelle et économique.
De surcroît, ces 7 semaines de semi-confinement ont mis à terre notre semblant d’économie. Or, un Etat qui ne peut pas procurer une assistance soutenable à son peuple ne peut guère prolonger un confinement qui commençait à montrer un bouillonnement social dont les conséquences pourraient être fâcheuses.
Fort de tout cela, tous ceux qui disent que Macky Sall a capitulé ne connaissent toujours pas assez l’homme! Et encore qu’il n’y a jamais eu de pression de la part des religieux car Touba et Tivaouane lui ont donné des garanties à l’accompagner depuis les premières heures de la guerre contre la Covid-19