L’élimination du chef politique et charismatique du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est un coup direct du directeur du Mossad : David Barnea alias Dadi.
Une signature sanglante qui intensifie le débat en cours dans les milieux du Renseignement international, autour de la supériorité voire de la primauté de la recherche humaine (collecte d’informations par des agents de terrain) sur les prouesses technologiques.
Chef du « Deuxième Bureau » français pendant la guerre d’Indochine, le Colonel Armand Boussarie donna la définition la plus courte et la plus dépouillée du renseignement : « connaître les intentions de l’ennemi ».
Cette définition à cheval sur l’intelligence militaire et l’intelligence politique trouve un écho pratique et élargi dans la doctrine du Mossad qui, au-delà de la lecture des « intentions de l’ennemi », cible et pulvérise tous ceux qui harcèlent Israël.
Sous cet angle, la mort de Hassan Nasrallah, met en exergue la parfaite combinaison des deux facteurs (humain et technique) qui sont les moteurs du renseignement. Son assassinat met aussi en relief le profil de celui qui règne sur le Mossad depuis 2021.
En effet, David Barnea est un spécialiste de l’infiltration et du ciblage. Ce qui valorise la place de l’homme (agent, honorable correspondant et traitre) dans le dispositif du Mossad. Et prouve que le cheval de Troie et la Cinquième colonne (la paternité de l’expression revient au Général Franco, vainqueur de la guerre civile espagnole de 1936) restent les moyens qui surclassent souvent les performances technologiques.
Avant Nasrallah (la mort du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran en est une illustration), et tout au long de l’interminable conflit israélo-arabe, le Mossad a révélé un niveau de noyautage très élevé des organes vitaux des États arabes et des Mouvements palestiniens ou pro-palestiniens.
Rappelons que l’opération de collecte de renseignements la plus audacieuse et la productive pour Israël fut effectuée entre 1961 et 1965 par l’agent Eli Cohen qui, quelques jours avant son arrestation et sa pendaison, était pressenti pour occuper le Ministère de l’Information de la Syrie. Donc membre d’un Gouvernement en belligérance avec Israël.
Aujourd’hui, il est évident que l’anéantissement de la presque totalité de la hiérarchie militaire du Hezbollah et l’engloutissent de Hassan Nasrallah dans un bunker camouflé de Beyrouth ont été rendus possibles par la présence d’une myriade d’agents doubles et de traitres dans l’entourage immédiat du chef de la Milice chiite.
Et probablement par la complicité active et décisive d’officiers de l’armée libanaise, très dérangés par l’État dans l’État du Liban que constitue le très lourdement armé Hezbollah (chiite) dans un espace multiconfessionnel : sunnite, maronite, druze et autres catholiques liés à Rome.
Dans le même ordre d’idées, une interrogation susceptible d’amoindrir la gloire du directeur du Mossad affleure : la CIA américaine a donné oui ou non un coup de pouce à Israël ? La réponse clair-obscur sort des entrailles de l’Histoire de la collaboration entre les deux « Maisons ».
En 1954, Hisser Harel, alors directeur du Mossad, rend visite à son collègue américain, le très célébre Allen Dulles. D’après l’Historien du renseignement Gordon Thomas, l’Américain a dit son visiteur israélien : « comptez sur moi pour avoir l’œil ouvert avec vous ».
De toute les façons, Israël compte d’abord sur lui-même. Et, surtout, sur le Mossad dont la limpide devise est tirée d’une citation biblique (Psaume 21) : « Voici le gardien d’Israël qui ne somnole ni ne dort ».