Après que Yahya Jammeh a accepté de quitter le pouvoir, au bout d’intenses tractations, et de laisser son successeur s’installer à la State House, il a été fait état de garanties qu’auraient obtenues l’ex-dictateur, sa famille et ses partisans. Eh bien, au regard de ce qui se passe actuellement, l’on pourrait aisément croire qu’ « il n’y a jamais eu de garanties » comme l’affirmait le ministre sénégalais des Affaires Etrangères, Mankeur Ndiaye. En effet, environ deux semaines seulement après son départ, certaines personnalités, qui étaient connues pour être proches du Président sortant sont en train d’être arrêtées un par un.
Pour preuves, le chef des « jungulars » ainsi que quatre gardes du corps de son épouse Zaïnab Jammeh se sont fait prendre à la frontière sénégalo-gambienne, précisément à Karang, et sont actuellement entre les mains de la Division des investigations criminelles (DIC) pour enquête. Son photographe en chef, Ebou Tare Ndjie, a également été interpellé. Il serait un témoin clé qui pourrait permettre aux enquêteurs de mettre à nu les exactions de Jammeh. Ce n’est pas tout, son ancien ministre de l’Intérieur, Ousmane Sonko, a été, lui aussi, appréhendé, la semaine dernière, en Suisse où il avait déposé une demande d’asile. Sans compter que des armes ont été découvertes dans les appartements de la State house à Banjul et dans sa résidence à Kanilaï, son village natal.
Pourquoi les investigateurs se donnent-ils tout ce mal s’il y a vraiment eu des garanties qu’il n’y aurait pas de poursuites contre lui ou ses proches ? C’est clair qu’il se trame quelque chose du genre un dossier solide et compromettant qui pourrait faire tomber Jammeh, et cela devrait être rassurant pour toutes les victimes de savoir que les crimes du boucher de Kanilaï ne resteraient pas impunis. Il suffit qu’une seule des personnes interpellées parle pour que tout s’effondre comme un château de cartes et que le Président sortant soit obligé de s’expliquer devant une Cour de justice.