Ardo Gningue et Cie : Aar Li Nu Bokk / Tivaouane porte l’affaire devant l’ONU

Arr Li Nu Bokk, section Tivaouane a décidé de saisir, dès ce lundi 31 août, le haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Une saisine qui s’inscrit dans la manifestation de Tobène au cours de laquelle, l’activiste Ardo Gningue et d’autres individus ont été interpellés par la gendarmerie. Dans un communiqué parvenu à Senego, la plateforme dénonce des traitements inhumains et dégradants sur des personnes en garde à vue sans défense et parmi lesquelles il y avait un déficient mental. 

Texte in extenso 

AAR LI NU BOKK Tivaouane a pris connaissance du communiqué N°099/2/DIVCOM du Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale et Direction de la Justice Militaire, publié ce samedi 29 août 2020.
D’emblée, la Gendarmerie parle dans son communiqué : « d’incitation et participation à une manifestation interdite, tentative de destruction de biens appartenant à l’État ». AAR LI NU BOKK regrette qu’une institution comme la Gendarmerie monte des affabulations aussi flagrantes pour se défendre.

Rétablissement de la vérité 

Nous voulons rétablir la vérité des faits, dans leur simplicité, afin d’éviter les polémiques inutiles et injustifiées.
Le mardi 11/08/2020 la Gendarmerie a convoqué, pour le lendemain, les 03 Chefs de village de Tobène ainsi que Cheikh Top pour répondre à une affaire les concernant. A la surprise générale des forces de l’ordre ont assiégé les villages de Tobène, Kër Maguèye et Maka Dieng dès l’aube et ont fait des arrestations arbitraires ciblées dans les maisons et ont exercé sur les populations une violence brutale et injustifiée. La Gendarmerie a gazé des paysans et violenté des femmes sans défense.
Les populations de Tobène n’ont donc jamais organisé une manifestation ! Dès lors parler de « manifestation interdite » relève d’une pure imagination.

Ardo Gningue 

Notre camarade Ardo Gningue a été arrêté devant la Gendarmerie alors qu’il était venu avec d’autres personnes s’enquérir de la situation des gens arrêtés. Le Colonel Cheikh Sarr avec 12 de ses éléments encagoulés ont isolé dans un bureau le camarade Ardo Gningue. Ils l’ont torturé avec des coups de matraque, humilié et introduit dans ses habits des cornets de chanvre indien. C’est la même violence et les mêmes traitements inhumains et dégradants que ce groupe de gendarmes, sous l’instigation et la supervision de leur supérieur, le Colonel Cheikh Sarr, a fait subir aux autres jeunes arrêtés arbitrairement dans le village de Tobène.
AAR LI NU BOKK Tivaouane dénonce ces traitements inhumains et dégradants sur des personnes en garde à vue sans défense et parmi lesquelles il y’avait un déficient mental.

Gendarmerie

Cette attitude de la gendarmerie constitue une violation grave et manifeste des dispositions la Constitution, de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations Unies et de la Convention contre la Torture et les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
AAR LI NU BOKK Tivaouane dénonce la partialité de la justice militaire, notamment le fait que l’enquête devant élucider les faits de torture subis par notre Camarade Ardo Gningue soit confiée à la section de Recherche, un démembrement de la gendarmerie et d’ailleurs précédemment sous la direction du Colonel tortionnaire Cheikh Sarr. L’enquête est déjà biaisée et sans objet puisque le Haut commandement de la gendarmerie, qui chapeaute la Section de recherche chargée de l’enquête, a déjà pris fait et cause pour le Colonel Cheikh Sarr et ses éléments. Dans son communiqué, le Haut Commandement de la gendarmerie en méconnaissance totale des textes et notamment, le code de justice militaire soutient qu’: « aux cours de ces opérations aucun fait anormal n’a été rapporté ».
En considération de tout ce qui précède le Collectif prend les résolutions suivantes :

Résolutions de Aar Li  Nu Bokk

AAR LI NU BOKK Tivaouane récuse la section de recherche. La Gendarmerie ne peut pas être juge et partie dans une affaire qui oppose un citoyen à certains de ses éléments. Ceci viole les grands principes élémentaires de l’Etat de droit, de la procédure pénale et ne donne aucune garantie d’impartialité pour la manifestation de la vérité.
Pour l’honneur de la gendarmerie, elle doit se démettre de ce dossier et laisser la police mener une enquête impartiale.
AAR LI NU BOKK Tivaouane saisira, dès ce lundi, pour information, le haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
AAR LI NU BOKK Tivaouane informe le Haut commandement de la Gendarmerie et le Ministre des forces armées qu’il compte suivre l’affaire de très près et reste dans l’expectative non pas d’une enquête administrative, mais d’un procès équitable, et ce, dans un délai raisonnable.
AAR LI NU BOKK Tivaouane informe le Haut commandement de la Gendarmerie et le Ministre des forces armées qu’il compte accompagner les victimes de torture suite aux évènements de Tobène afin qu’une plainte soit introduite devant le Comité des nations unies contre la torture.
AAR LI NU BOKK Tivaouane compte saisir le plus rapidement possible par lettre Mme Leila ZERROUGUI, Représentante spéciale et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Le collectif considère en effet, que le Colonel qui a ordonné, participé et supervisé les actes de tortures en cause et qui était récemment en mission au Congo ne doit plus représenter le Sénégal dans les missions de maintien de paix des Nations Unies sans avoir au préalable répondu devant une justice impartiale des actes de torture, de traitement inhumains et dégradants qui lui sont reprochés.

La Torture est un crime contre l’humanité qui doit être dénoncé par tous !
AAR LINU BOKK TIVAOUNE
Fait à Tivaoune , le 30 Août 2020.

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