L’affaire Arcelor Mittal connaît de nouveaux rebondissements explosifs. Comme le révèle Libération, une information judiciaire a été ouverte pour association de malfaiteurs, corruption, recel, blanchiment de capitaux, escroquerie et complicité. Le dossier, désormais entre les mains du doyen des juges, prend une tournure encore plus trouble : les responsables de Mittal Sénégal sont tout simplement… introuvables !
Une procédure qui s’accélère
Selon les informations de Libération, le parquet de Dakar a lancé des poursuites contre plusieurs entités du géant de l’acier, notamment Arcelor Mittal holdings Ag, Arcelor Mittal limited, Arcelor Mittal holland II Bv, Arcelor Mittal mining Sénégal Sa et Arcelor Mittal infrastructures Sénégal Sa. L’Agent judiciaire de l’État, après avoir été entendu, a confirmé la plainte et réitéré la constitution du Sénégal comme partie civile.
Dans cette dynamique, le doyen des juges a mandaté la Division des investigations criminelles (DIC) pour convoquer les responsables de Mittal Sénégal. Problème : leurs adresses supposées se sont révélées fictives ! Comme si cela ne suffisait pas, Libération révèle que tous les comptes bancaires rattachés aux filiales sénégalaises d’Arcelor Mittal ont été vidés. Une fuite organisée ?
Un passé judiciaire chargé
L’histoire entre le Sénégal et Arcelor Mittal n’a jamais été un long fleuve tranquille. Tout remonte au 28 avril 2011, lorsque l’État sénégalais porte plainte devant la Chambre de commerce internationale (CCI), reprochant à la multinationale de ne pas avoir respecté le protocole d’accord pour l’exploitation du fer de la Falémé.
Le 3 septembre 2013, un premier verdict tombe : la CCI constate de graves manquements de la part d’Arcelor Mittal et casse l’accord. Mais l’affaire ne s’arrête pas là. L’État sénégalais réclame alors 3 300 milliards de FCFA en réparation, ou à défaut, 1 600 milliards de FCFA.
Pourtant, le 4 juin 2014, coup de théâtre : Libération révèle que le cabinet Cleary Gottlieb Steen Hamilton, représentant Arcelor Mittal, annonce que son client a signé un accord transactionnel avec l’État sénégalais, mettant fin à la procédure. Sauf que cette transaction sent le soufre…
Un accord qui soulève des doutes
Cet accord, conclu le 30 mai 2014, prévoyait le versement de 140 millions de dollars et d’un bonus de 10 millions de dollars à l’État sénégalais. Mais selon la plainte citée par Libération, ces fonds n’auraient jamais atterri dans les caisses du Trésor sénégalais. L’argent aurait transité par des comptes Carpa appartenant à un avocat français, Me François Meyer, qui s’est subitement greffé au dossier à la dernière minute.
Fait troublant : les avocats initiaux du Sénégal, Me Rasseck Bourgi et Me Sébastien Bonnard, affirment ne pas avoir été impliqués dans la négociation ni dans la signature de cet accord. Pire encore, la CCI a demandé une confirmation officielle du retrait de la procédure par l’Agent judiciaire de l’État… qui n’a jamais été donnée ! Finalement, c’est le ministre délégué au Budget qui a informé le tribunal arbitral, dans une manœuvre qui laisse planer de sérieux soupçons.
Une fuite organisée ?
Avec ces nouvelles révélations, la situation devient de plus en plus opaque. Pourquoi les responsables de Mittal Sénégal ont-ils disparu ? Où est passé l’argent de la transaction ? Pourquoi cet accord a-t-il été signé dans l’ombre, sans les avocats initiaux du Sénégal ?
Autant de questions qui laissent penser à un gigantesque scandale politico-financier, digne d’un thriller. Une chose est sûre : avec un dossier désormais entre les mains du doyen des juges, l’affaire Arcelor Mittal est loin d’avoir livré tous ses secrets…