Les élections législatives et présidentielles qui se profilent à l’horizon, laissent présager de chaudes empoignades entre le pouvoir et l’opposition. Aujourd’hui, c’est le temps des manœuvres, si du côté du pouvoir on essaie de mettre les bouchées doubles pour doubler l’opposition et rafler le maximum de sièges, cette dernière, quant à elle, cherche la meilleure formule pour mutualiser ses forces dans le but de forcer le locataire du palais à la ‘’cohabi(…)tension’’. Premier jalon vers son éjection du fauteuil en 2019. Tout un programme.
La situation pré-électorale que vit présentement le Sénégal, ressemble à maints égards à celle vécue en 2011 sous le régime de Wade. Aujourd’hui, le paysage politique est en ébullition, et dans les différents états-majors de l’opposition, c’est le temps des manœuvres. Conscients du fait de l’actuel locataire du palais et prêt à tout pour renouveler son bail, les leaders de l’opposition sont en quête d’une hypothétique union pour le déloger de ‘’son’’ palais et pour y parvenir, il faudra d’abord passer la première étape, qui consiste a décrocher le maximum de députés pour le forcer à la ‘’cohabi(…)tension’ ’pardon, cohabitation avant de lui assèner le coup de grâce en 2019.
Seulement, réussir une telle prouesse n’est pas impossible, mais elle sera très difficile; du fait des egos surdimensionnés des leaders de l’opposition. Etant entendu que chacun voudra être devant tout le monde et personne derrière personne.
Et les opposants qui salivent pour le fauteuil présidentiel, doivent savoir aujourd’hui, qu’ils doivent présenter un programme innovant pour pouvoir rallier les populations à leur cause. Car l’hyper présidentialisme qui avait cours sous Senghor, Diouf, Wade et qui continue sous Macky Sall, est en fin de cycle. Aujourd’hui, avec le boom médiatique et l’expansion des réseaux sociaux, les Sénégalais sont plus éveillés, plus exigeants et souhaitent désormais, que les affaires soient gérées autrement, dans la transparence et dans l’équité.
La gestion clanique et familiale à laquelle on assiste depuis des décennies, n’agrée plus les populations qui réclament la primauté du mérite sur l’appartenance politique. Malheureusement, il semble que l’on assiste souvent à une sorte d’éternel recommencement, car les opposants qui sont sur la touche ont le plus souvent une bonne lecture de la situation et font un diagnostic précis des erreurs et errements du pouvoir. Mais une fois aux manettes, ils reproduisent à l’identique ce qu’ils fustigeaient hier.
Le président Sall a été, durant sa longue marche vers le palais de la République, de tous les combats pour les libertés. Il a été gazé par le régime libéral à la place de l’Obélisque, il a été témoin des nombreux morts, dont Mamadou Diop, entre autres qui sont tombés, pour que le Sénégal démocratique reste debout. Elu par 65% de ses compatriotes, le candidat Sall devenu président, avait l’impérieux devoir de respecter sa promesse qui était avant tout de restaurer l’Etat de droit au Sénégal. N’est-ce pas lui qui disait d’ailleurs, que sa mission n’était pas « de construire des routes ou des ponts mais de reconstruire l’Etat de droit » ?
Sous le boisseau
Pour y parvenir, Amadou Makhtar Mbow lui avait concocté deux « prêts à gouverner » qu’il devait mettre en pratique pour réussir sa mission. Il ‘agissait entre autres, de la Charte de gouvernance démocratique et du rapport d’avant-projet de Constitution déposé sur son bureau par la Cnri ou « Commission Mbow ». Malheureusement, tout ce travail de réflexion qui a visé à tracer une nouvelle trajectoire à la république, a finalement été mis sous le boisseau par le nouvel élu, qui n’entendait pas céder un pouce de son pouvoir.
Aujourd’hui, l’opposition veut se coaliser contre lui, mais que propose-t-elle en échange ? À part la politique du ‘’ôtes toi de là que je m’y mette’’, il n’y a rien que les populations puissent se mettre sous la dent. Le constat est patent, qu’aujourd’hui, l’hyper présidentialisme au Sénégal a atteint ses limites ; et vouloir perpétuer ce système, c’est foncer droit au mur.
Logique pour logique, si les opposants sont aussi patriotiques et soucieux du ‘’devenir du pays’’ comme ils le réclament à cor et à cris, ils devraient pouvoir mettre en sourdine leurs intérêts catégoriels et partisans pour concocter un rigoureux programme de gouvernement, qui prendrait nettement en compte la séparation des pouvoirs, sempiternelle question qui revient comme une ritournelle et qui est devenue une demande populaire.
Il ne faudrait pas non plus que la crédulité de population soit abusée par des politiciens qui leur font tout le temps miroiter un Sénégal de rêve, un rêve qui se mue souvent en cauchemar au finish. Pourquoi ne pas s’aligner derrière un leader qui porterait ce projet et à qui l’on demandera de faire une transition de cinq ans, le temps de procéder à une refondation profonde des institutions, seul moyen de sauver ‘’sunugal’’ du naufrage qui le guette ?
La tribune