Antivaleurs hier, valeurs aujourd’hui

Antivaleurs hier, valeurs aujourd'hui

« La fuite en avant actuelle que nous constatons un peu partout, vers un monde sans éthique, ne doit pas durer, ne peut pas durer ; sinon aveuglés par leurs nouveaux maitres que sont l’argent, le pouvoir, la force et la place, les hommes vont se précipiter droit vers une vie de méconduite ; c’est-à-dire, une vie où le dire et le faire se trouveront presque de façon permanente, en deçà de ce que la morale proscrit ». 

Ces propos du Juge Kéba Mbaye, tenus le 14 décembre 2005 à l’Ucad, lors de sa magistrale « Leçon inaugurale », illustrent parfaitement la situation que vit le Sénégal.

 Car il semble aujourd’hui, que les valeurs telles que le «joom » (courage)  « ngor » (dignité), « kersa » (retenue) « mougne » (stoïcisme) qui fondaient notre commun vouloir de vie commune, sont tombées en totale déliquescence. Au profit d’antivaleurs.

Le constat unanime, est que le Sénégal a changé et ce, dans le mauvais sens. Actuellement c’est comme si l’amoralité et l’immoralité sont devenues les nouvelles règles de conduite de la société, gangrénée par la corruption des mœurs et des mentalités.

De sorte qu’aujourd’hui, le mensonge, la fourberie et la traîtrise constituent le socle des relations entre les individus.  Aussi, la méfiance et la peur de l’autre, sont-elles devenues les choses les mieux partagées dans la société. Chacun reste sur ses gardes alors que nos anciens se vouaient une confiance mutuelle, avec pour seul soubassement, le respect de la parole donnée. Le faire était alors consubstantiel du dire.

Et ainsi, pour faire des transactions, acheter, vendre,  prêter, emprunter, la seule parole suffisait.

Le plus inquiétant de nos jours, est qu’on sait plus à quelle parole se fier. Même ceux qui représentent ce pays au plus haut niveau,  s’y mettent : les fameux « wax waxett» de Wade et de son successeur Macky Sall, sur la même question de la réduction du mandat…pour ne citer que ceux-là !

Aujourd’hui, l’adoption comme viatique dans nos pratiques de tous les jours de l’adage selon lequel la fin justifiait les moyens, nous amène à dire que le Sénégal a définitivement, divorcé d’avec ce qui faisait sa grandeur et sa fierté.

Ce qui nous amène à dire que les voies de contournement ont aujourd’hui déserté le bitume pour se trouver une nouvelle vie dans nos faits et gestes, de manière à accumuler toujours et plus, le plus vite possible !

En vérité, pourquoi s’embarrasser de valeurs quand les antivaleurs nous permettent d’aller plus vite et plus loin dans la veulerie entièrement dédiée au Dieu Argent, acheteur de bonne conscience, d’honorabilité et de haute naissance, vierges de toute tache comme un certain…linge !

 A l’arrivée, bonjour les fuites massives au Bac 2017, avec au banc des accusés, des enseignants, premiers bâtisseurs de la République.

Bonjour aux permis de conduire, aux extraits de naissance et autres diplômes de complaisance avec pour corollaire des accidents de la route, en veux-tu en voilà, des places occupées de manière indue, des retraites à 70 ans passées pour cause d’extraits de naissance… rajeunissants.

Bonjour la transhumance assumée et encouragée, qui foule aux pieds, tout respect de la parole donnée, de la fidélité, de l’adhésion à des principes.

Aujourd’hui, bonjour à toi jeune fille, à la recherche d’un mari, sors de ta coquille, débarrasse-toi de ton vernis de bonne fille de famille, toujours assise près de l’ongle-de-l’orteil-de-ta-maman, des tenues plus dévêtues tu porteras, des endroits plus « defar beumou bakh » tu fréquenteras, ton corps tu offriras, un mari tu auras.

A ce Sunugal, tel un bateau ivre, qui va à vau-l’eau, réceptacle de nos ivresses arrosées d’un égocentrisme malsain célébré à l’autel du Dieu Argent, attention aux lendemains de gueule de bois. Le crédit est mort, tout se paie cash !

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