La chambre criminelle de Fatick a condamné, jeudi, la prévenue Amy Thiam à 30 mois de prison ferme pour le meurtre de son époux, Cheikh Seck décédé le 17 septembre 2015 des suites de blessures causées par coup de pilon, a constaté l’APS.
L’accusée, âgée de 30 ans va également verser une amende de 750.000 frs CFA à sa coépouse, Fatou Diassé, mère de 8 enfants.
Les faits remontent au 17 septembre 2015, lorsque vers 11 heures de la matinée, les gendarmes, informés d’une altercation entre Amy Thiam et son époux se sont rendus sur les lieux pour trouver le corps sans vie de Cheikh Seck dans la chambre conjugale et un pilon à côté de lui.
“Mon mari était jaloux, on a tout le temps eu des problèmes depuis la naissance de notre premier enfant”, a soutenu à la barre Amy Thiam, mère de 4 enfants (2 filles et 2 garçons).
“On nous a donné en mariage sans que je le connaisse, mais j’étais consentante et dès que je l’ai vu, j’en suis tombée amoureuse”, a indiqué la native de Thianda-Thiamène dans la commune de Niassène (Foundiougne) qui a expliqué avoir, le jour fatidique, reçu au dos un violent coup de son mari alors qu’elle habillait son fils pour aller chez ses parents.
“J’avais décidé d’aller chez mes parents parce que Cheikh n’arrêtait pas de me rouer de coups. N’en pouvant plus, je me suis emparée du pilon et lui ai asséné des coups ignorant l’endroit touché”, a-t-elle expliqué.
Dans sa réquisition, le ministère public a reconnu la “complexité” de l’affaire qui s’est déroulée sans témoins, tout le village étant parti au Louma laissant Amy Thiam seule à la maison avec ses enfants de bas âge.
“Il n’y avait pas assez d’éléments pour démontrer l’intention de nuire bien que le certificat de genre de mort délivré par l’hôpital atteste de la violence du coup reçu par la victime, morte d’un traumatisme crânien”, a dit l’avocat général qui a requis une peine de deux ans de prison.
La défense qui a vu son exception sur les droits de sa cliente, placée sous mandat de dépôt quelques jours après les faits rejetée par la chambre criminelle a tenté de démontrer que Amy Thiam a agi pour “la défense légitime de sa personne”.
Selon le conseil, “le défunt s’acharnait contre Amy Thiam qui l’aimait à la folie bien qu’il avait le double de son âge. Il la rouillait de coups et tout son entourage immédiat était au courant”. “En fait il n’y a jamais eu de bagarre entre eux, son mari la battait. Ce sont des violences conjugales”, a soutenu l’avocat.
“L’attaque du jour était injustifiée et la riposte était nécessaire et proportionnelle”, a poursuivi la robe noire, estimant que “c’est juste que ce jour-là, elle n’avait pas d’échappatoire, elle a retourné contre son mari l’arme utilisée contre elle parce qu’il y avait personne pour lui venir en aide”.
“Lorsqu’on défend sa vie, on n’a pas le temps de viser. Lorsqu’on défend sa vie, on n’a pas le temps de penser”, a philosophé l’avocat, ajoutant que sa cliente qui “n’a jamais été à l’école avait comme seul réflexe, après coup, de verser de l’eau sur son mari pour le réanimer avant d’alerter les voisins et son cousin Momath Seck”.
Plaidant l’acquittement pur et simple d’une dame qui a “agi sous le coup de la peur”, l’avocat a relevé qu’un “homme a perdu la vie, une femme a perdu son époux, des enfants ont perdu à la fois leur père et leur mère”.
FD/PON